Rivière-Rouge

Un vieux règlement contre les Juifs abrogé

L’âme des peuples se trouve dans leur histoire



Agence QMI - Dans les archives de la Ville de Rivière-Rouge dans les Laurentides, marinait depuis 67 ans un règlement municipal qui s'opposait au mouvement d'immigration juive sur son territoire. Il a été abrogé le 4 avril.
La résolution du Conseil de la municipalité du Village de L'Annonciation (qui fait partie de Rivière-Rouge depuis 2002) est datée du 7 janvier 1944. Il renforçait la mesure discriminatoire déjà adoptée le 5 décembre 1938, qui à son tour, renforçait le règlement n° 24 de 1920 qui imposait aux commerçants, gens de métier et professionnels une taxe spéciale qui, selon le Livre de délibérations du conseil municipal, 1934-1941, visait «surtout à ne pas laisser entrer de Juifs».
En 1943, le gouvernement fédéral optait pour une attitude plus sympathique vis-à-vis de l'immigration juive. Dans le journal The Montreal Gazette du 3 novembre 1943, le ministre fédéral de l'Immigration de l'époque, M. Cruar, tenait ce discours : «Le Canada offre un domicile aux réfugiés. Un agent d'immigration est envoyé en Europe et le gouvernement fédéral considérera d'une façon sympathique l'immigration au Canada d'un nombre indéfini de réfugiés.»
De plus, à la même époque, la United Jewish Refugees War Relief Agency, dont le siège social était à Montréal, demandait au public de signer une pétition en faveur de l'entrée d'immigrants.
«Perturbations sociales»
Le Conseil municipal du maire Charlemagne Denis ne voyait pas d'un bon oeil cette relaxation des règles d'immigration.
Voici quelques extraits de la résolution adoptée en 1944: «Considérant qu'il y a lieu de s'inquiéter puisque cette immigration doit se faire spécialement au Québec... Considérant que le fait de permettre ainsi l'entrée au pays de réfugiés est non seulement une nouvelle brèche aux prérogatives du peuple, mais sera l'origine de perturbations sociales pour le moment et pour l'après-guerre...»
Le Conseil adopta entre autres les points suivants : "1) Que le susdit-Conseil municipal s'oppose au projet d'immigration suggéré et à toute immigration sur un plan différent de celui qui a prévalu jusqu'ici et en vigueur ces dernières années; 2) Que dans tous les cas, aucune modification aux lois et règlements existants régissant l'immigration ne devrait être faite sans que le Parlement ait eu l'occasion d'en discuter au cours de la session prochaine.
La mairesse surprise
Ce règlement désuet a été porté à l'attention du Conseil de Rivière-Rouge lors d'une séance en novembre 2010 par le journal L'Information du Nord qui voulait savoit s'il s'appliquait. La mairesse Déborah Bélanger, les conseillers et quelques fonctionnaires ont été surpris de savoir qu'un tel règlement existait.
D'autres municipalités qu Québec ont peut-être «un tel règlement à caractère raciste qui dort dans leurs archives», confie un citoyen de Rivière-Rouge.


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