Session d'automne de l'Assemblée nationale

Un gouvernement sous pression

Parce qu’à la limite, c’est sa légitimité même qui pourra être mise en cause, attendons-nous à une défense vigoureuse de l’équipe ministérielle

2011 - Bilan et perspectives

Les électeurs de la forteresse libérale de Saint-Laurent ont voté lundi comme on s'y attendait. Ils ont élu le ministre Jean-Marc Fournier, mais ils l'ont fait en exprimant à travers un taux d'abstention nettement plus élevé que dans d'autres élections complémentaires leur méfiance envers le gouvernement de Jean Charest. À la veille de la reprise des travaux parlementaires de mardi prochain, ce scrutin vient souligner le besoin impérieux pour le Parti libéral de retrouver le niveau de crédibilité indispensable à l'exercice de la gestion des affaires publiques.
Le gouvernement n'est pas en crise, malgré ce qu'on pourrait croire tant il est attaqué de toutes parts. Il est toutefois sous forte pression. Cela dure depuis des mois. La session du printemps a été dominée par l'opposition. Un ministre, Tony Tomassi, a dû démissionner pour avoir contrevenu aux règles du code de conduite ministériel, puis le leader du gouvernement, Jacques Dupuis, responsable pour une large part du climat de tension prévalant à l'Assemblée nationale, a choisi de prendre sa retraite pour permettre au premier ministre de procéder à un remaniement de son cabinet dans un but avoué d'apaiser les choses. Malgré cela, il n'y a pas eu amélioration, mais plutôt dégradation du niveau de confiance envers les libéraux.
La seule chose positive pour le gouvernement lorsque les députés reviendront mardi sera la présence maintenant confirmée par son élection de Jean-Marc Fournier au siège du leader du gouvernement. L'homme est affable et il a le mandat de modérer l'ardeur des troupes libérales. Mais il lui faudra composer avec un ordre du jour dont le principal élément échappera à son contrôle. Depuis la fin du mois d'août, toute l'attention des Québécois et du monde politique se porte sur les travaux de la commission Bastarache, qui étudie les allégations de l'ancien ministre Marc Bellemarre concernant les interventions des collecteurs de fonds du Parti libéral dans le processus de nomination de juges. Cela continuera pendant des semaines puisque les audiences sont loin d'être terminées et que le mandat du commissaire sera prolongé jusqu'en décembre.
Il est facile de deviner sur quoi porteront les questions du Parti québécois, qui voudra mettre en cause les valeurs morales du Parti libéral. Il le fera d'autant plus volontiers que jusqu'ici, les allégations de Marc Bellemare ont été jugées plus crédibles que les explications données par le premier ministre. Ce sera l'occasion pour exiger plus de muscle au projet de loi imposant aux élus un nouveau code d'éthique dont l'adoption tarde depuis des mois, voire des années.
Pour le gouvernement Charest, l'exercice que constitue la commission Bastarache est critique. S'il n'arrive pas à renverser la vapeur, ce sera sa capacité à défendre ses projets de loi qui sera amoindrie, surtout que plusieurs d'entre eux font déjà l'objet de vives contestations. C'est le cas du projet de loi 103 sur les écoles passerelles, qui est contesté de toutes parts, tant par les milieux nationalistes que par les groupes de pression anglophones. Puis, il y a tout le débat sur l'exploitation des gaz de schiste où le gouvernement a déjà été mis sur la défensive par des groupes environnementaux mobilisés à bloc. Parce qu'à la limite, c'est sa légitimité même qui pourra être mise en cause, attendons-nous à une défense vigoureuse de l'équipe ministérielle. Comme au printemps, cette session d'automne de l'Assemblée nationale sera tout sauf un long fleuve tranquille.


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