Je suis bouleversée de savoir que de braves personnes venues s'exprimer se font malmener par des escouades policières. Cela me rappelle les grandes contestations populaires des années 60-70. Enfant, juchée sur les épaules de mon père, un grand 6'2" qui fut de tous les combats animant la société québécoise, j'en ai vu des foules de 200 000 personnes survoltées. J'avais une vue imprenable sur les cordons de policiers boucliers et matraque au poing qui toisaient la foule de leurs regards d'acier. Enfant, j'ai vu en direct à la télé le défilé de la Saint-Jean de 1968, Pierre Bourgault et d'autres manifestants ensanglantés, sauvagement battus par les forces de l'ordre.
Quant à la défense de la langue française, il me manque les mots pour décrire ces manifs immenses, ce grand cri collectif qui déferlait, et aussi, cette rage longtemps refoulée, liée à des décennies de discrimination et d'humiliation, "Speak White".
La loi 78 fait ressurgir dans ma mémoire le souvenir douloureux de la Loi des mesures de guerre, de la censure, des agents provocateurs. Et ce règlement antimasque de la Ville de Montréal, que va-t-il se passer à l'Halloween alors? Il y a des moments dans l'histoire où les gouvernants, à défaut d'écouter leurs concitoyens, cèdent à la tentation totalitaire. Il s'agit d'une dérive explosive dont nous commençons à sentir le ressac.
Un grand écrivain d'ici, le docteur Jacques Ferron, avait écrit une phrase qui prend tout son sens à la lumière des événements des derniers jours: "Une société qui se préfère elle-même à ses propres enfants ne mérite pas de vivre".
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
21 mai 2012Le règlement municipal de Montréal adopté vendredi prévoit que personne ne doit participer à une "assemblée", un "défilé" ou tout autre "attroupement" le visage découvert, "sans motif raisonnable".
Ce qui devrait répondre à votre question concernant l'Halloween.
Par contre, un motif raisonnable couvrirait aussi une personne qui porte un foulard sur le visage pour éviter les désagréments des gaz lacrymogènes.
Pierre Cloutier