Trump veut la démission de la doyenne de la Cour suprême

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Commentaires déplacés et inacceptables de la part d'un juge, et à fortiori un juge de la Cour suprême

Il est exceptionnel qu'un juge de la Cour suprême des États-Unis exprime publiquement ses préférences politiques. D'où l'émotion suscitée par la doyenne de l'institution qui a traité Donald Trump d'« imposteur », le milliardaire exigeant en retour la démission de la magistrate octogénaire.

Ruth Bader Ginsburg « a perdu la boule », a écrit mercredi le candidat républicain dans un tweet sous-entendant qu'elle devenait sénile.
La juge Ginsburg, 83 ans, a au contraire prouvé qu'elle avait toute sa tête en décidant clairement de s'affranchir de son devoir de réserve, dans deux interviews cette semaine qui font couler beaucoup d'encre.
« C'est un imposteur », a-t-elle déclaré à CNN au sujet de Donald Trump. « Il n'a aucune cohérence. Il dit à tout moment ce qui lui traverse la tête. Il est vraiment égocentrique ».
Nommée par le président Bill Clinton, Ruth Bader Ginsburg siège depuis 23 ans à la Cour suprême, du haut de son 1,54 mètre. « RBG » a beau sembler venir d'un temps révolu, avec ses gants et son jabot en dentelle, elle est régulièrement classée parmi les femmes les plus influentes du monde.
« La juge Ginsburg nous a plongés dans l'embarras avec ses commentaires vraiment stupides à mon sujet. Elle a perdu la boule. Qu'elle démissionne ! », a cinglé en réponse M. Trump.
Le magnat de l'immobilier a sans doute peu goûté les autres déclarations de la magistrate sur son refus de rendre publique sa déclaration de revenus.
« Comment a-t-il pu s'en sortir impunément ? », s'est interrogée Ruth Bader Ginsburg. « Apparemment, la presse a été très accommodante avec lui là-dessus ».
« Qu'elle démissionne ! »
La juge Ginsburg fait partie du quatuor progressiste de la Cour suprême et l'a encore récemment prouvé en votant fin juin un arrêt historique réaffirmant le droit à l'avortement. Les opinions connues de cette intellectuelle sont souvent à rebours du programme de Donald Trump.
Mais une position de jurisprudence est une chose, une critique ouverte d'un candidat politique - quand bien même un candidat populiste et outrancier - en est une autre. Les juges américains sont théoriquement tenus de suivre un code de bonne conduite qui le leur interdit expressément.
Depuis le décès inattendu en février du magistrat conservateur Antonin Scalia, la plus haute instance judiciaire américaine ne compte plus que huit sages, quatre conservateurs et quatre progressistes, dont Ruth Bader Ginsburg.
Le prochain président élu en novembre nommera - à vie - le neuvième juge, faisant basculer la juridiction d'un côté ou de l'autre.
Dans une interview distincte au New York Times, Mme Ginsburg, qui comme M. Trump a grandi à New York, a souligné que cet enjeu était crucial.
« Je me refuse à imaginer ce que l'on deviendrait - ce que ce pays deviendrait - si Donald Trump était président », a déclaré l'octogénaire.
« Pour le pays, cela pourrait être l'affaire de quatre ans. Pour la Cour, cela pourrait... je ne veux même pas l'envisager ».
Après avoir été un pilier de la lutte pour le droit des femmes dans les années 1960 et 1970, après avoir combattu plusieurs cancers et surmonté d'innombrables préjugés sexistes, Ruth Bader Ginsburg est l'objet d'une popularité étonnante aux États-Unis, notamment chez les jeunes.
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