Trump président: porte ouverte aux énergies fossiles et craintes pour l’Accord de Paris

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Les risques d'une présidence Trump

Un président ouvertement climatosceptique, ardent défenseur des énergies fossiles et favorable à la déréglementation environnementale. Ce scénario est devenu réalité avec l’élection de Donald Trump, tandis que plusieurs voix s’élevaient déjà mercredi pour appeler le président élu à la raison, malgré les signaux inquiétants envoyés par ses déclarations des derniers mois.

Au moment où la communauté internationale est réunie au Maroc pour négocier la mise en oeuvre de l’Accord de Paris sur le climat, la victoire d’un candidat qui a déjà qualifié les changements climatiques de « canular » a de quoi susciter de vives inquiétudes.

Rappelant que l’Accord de Paris est déjà en vigueur, la présidence de la COP22 a réagi rapidement en soulignant que « tous les pays » doivent agir afin de « poursuivre les progrès déjà accomplis ».

« Le changement climatique transcende la politique et concerne notre existence, notre dignité et la seule planète sur laquelle nous vivons tous. Nous sommes convaincus que toutes les États vont respecter leurs engagements et continuer de faire partie de cet effort collectif », a fait valoir la présidence de la COP, par voie de brève déclaration écrite.

Mouvement en cours

« Quoi qu’on pense politiquement du changement climatique, c’est une réalité qui ne va pas changer avec l’élection américaine », a aussi prévenu la négociatrice française Laurence Tubiana, présente à la COP 22.

« Il y a un énorme mouvement, dans énormément de pays, pour agir, et d’ailleurs l’économie qui avance est celle des énergies renouvelables, des nouvelles technologies, des transports propres », a-t-elle ajouté. « Je pense qu’un président réaliste va regarder tout ça. Donc attendons. »

Le secrétaire des Nations unies, Ban Ki-moon, a aussi senti le besoin de rappeler au républicain que les États-Unis ont ratifié cet accord signé par 195 États. « L’ONU compte sur la nouvelle administration pour renforcer la coopération internationale au moment où nous oeuvrons ensemble afin de soutenir des valeurs communes, combattre le changement climatique et promouvoir les droits de l’homme », a-t-il affirmé dans une brève déclaration à la presse, tout en félicitant M. Trump pour son élection.

Le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric a pour sa part souligné que « ce serait une terrible erreur de revenir en arrière et d’annuler ce traité historique » qui vient d’entrer en vigueur « après des années de négociations ardues ».

Retrait possible

Concrètement, un gouvernement dirigé par Donald Trump pourrait se retirer de l’Accord de Paris à tout moment après un délai de trois ans à partir de l’entrée en vigueur de celui-ci. Il a d’ailleurs affirmé que c’était son intention.

« Je vais annuler l’Accord de Paris sur le climat », a-t-il promis en mai dernier. Selon lui, les règles visant à limiter le réchauffement climatique, adoptées en décembre 2015 lors de la COP21, vont « tuer l’emploi et le commerce », ajoutant que « cet accord donne à des bureaucrates étrangers le contrôle sur la façon et la quantité d’énergie que nous pouvons consommer dans notre pays. Pas question ! »

Mais même si Washington ne reniait pas sa signature de l’Accord de Paris, aucune sanction formelle n’est prévue en cas de non-respect des dispositions de l’entente. En clair, les États-Unis pourraient maintenir leur ratification, sans pour autant respecter les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre que cela nécessiterait.

Chose certaine, le président élu mardi ne croit pas en la réalité des changements climatiques, malgré le consensus scientifique. Il a déjà soutenu que le réchauffement est « un canular complet », une « connerie » et de la « pseudoscience ».

L’Amérique d’abord

Plus qu’une sortie pure et simple de l’accord, les experts craignent surtout que le président Trump tourne le dos aux engagements pris par Barack Obama pour réduire les émissions américaines. Des mesures qu’il a ouvertement critiquées au cours des derniers mois.

« Une administration Trump développera un plan énergétique plaçant l’Amérique d’abord », déclarait-il à ses partisans, en mai dernier, tout en s’engageant à « annuler tous les décrets d’Obama destructeurs d’emplois, notamment son plan d’action climatique ». Pour lui, « il faut se débarrasser de certaines régulations », estimant que « le gouvernement fédéral doit se tenir à l’écart du secteur de l’énergie ».

Pendant sa campagne, Donald Trump a promis de supprimer les mesures « stupides » rendant obsolètes les centrales au charbon qui émettent le plus de gaz à effet de serre. À plusieurs reprises, il a manifesté son intention de supprimer le financement de l’Agence de protection de l’environnement, équivalent du ministère de l’Environnement aux États-Unis.

Pétrole et pipeline


Il a par ailleurs dit vouloir relancer l’exploration pétrolière et gazière en ouvrant de nouveaux territoires aux entreprises du secteur, notamment en milieu marin. Il pourrait par exemple lever le moratoire en vigueur dans l’Atlantique depuis des décennies. Selon lui, il s’agit d’un moyen de créer de l’emploi et d’améliorer la situation économique du pays.

Il est aussi un partisan avoué de l’exploitation du gaz de schiste. Selon lui, le choix est facile : « Si nous ne développons pas la fracturation hydraulique, nous resterons dépendants du Moyen-Orient pour notre énergie ».
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