Trump contre Sanders: le duel des populistes

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Sanders s'est pourtant soumis au discours victimaire « antiraciste » : il ne pourra pas jouer la carte populiste avec le prolétariat blanc


La poussée de Bernie Sanders dans la présente primaire démocrate est indéniable, même s’il lui reste bien des obstacles à franchir sur le chemin de son investiture.


La chute annoncée de Joe Biden devrait entraîner la percée de Michael Bloomberg qui ralliera une partie significative de l’establishment démocrate, qui redoute le « socialisme » de Sanders. Il n’en demeure pas moins qu’il n’est pas du tout inimaginable que ce dernier emporte la primaire et soit le porteur de la bannière démocrate contre Donald Trump cet automne.


Si tel était le cas, nous entrerions dans une séquence politique très particulière.


Insurrection


Il est d’usage, aujourd’hui, de parler de l’affrontement entre les « populistes » et les « progressistes ».


D’un côté, on trouverait un peuple insurgé, de l’autre, des élites résolues à maintenir coûte que coûte un modèle de société fondé sur la mondialisation, le multiculturalisme et le gouvernement des juges.


Mais l’affrontement entre Trump et Sanders changerait la donne. Nous serions plutôt témoins d’un affrontement entre deux visages du populisme, l’un de droite, l’autre de gauche.


On connaît le discours de Trump. Il repose sur la critique d’un monde sans frontières, où l’immigration massive déstabilise les pays qui la subissent, et dénonce un politiquement correct qui censure la démocratie et fustige sans cesse le grand méchant homme blanc.


Avec raison, on critique ce personnage ubuesque. Il n’en demeure pas moins que son succès politique est symptomatique d’un vrai malaise dans la société américaine – en fait, ce malaise est présent partout dans le monde occidental.








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Le discours de Sanders se situe sur un autre registre, mais c’en est aussi un d’insurrection.


Dans un pays écrasé par des inégalités monstrueuses, où de grands pans de la population n’ont tout simplement pas accès à des soins de santé décents, Sanders se présente comme le défenseur des classes moyennes et populaires, et le critique des grandes corporations qui dominent un pays moins démocratique qu’oligarchique.


Malheureusement, les Américains ont tendance à nommer « socialisme » ce qui relève des formes les plus élémentaires de la social-démocratie.


Mais la candidature de Sanders pourrait être entravée par l’étrange folklore idéologique qui l’accompagne.


Tout comme Trump, il traîne avec lui d’encombrants alliés. Sanders attire ainsi vers lui une partie de la gauche radicale la plus toxique, allergique à toute forme de nationalisme et au contrôle un tant soit peu sérieux des frontières.


Son appel à la justice sociale est aussi pollué par la rectitude politique. Il faut dire qu’il flirte lui-même avec l’inacceptable, quand il trouve le moyen de reconnaître des vertus à la dictature castriste.


Démocratie


Chose certaine, au-delà de leurs folklores respectifs, Trump et Sanders canalisent deux visages de la révolte populaire qui hante le monde occidental d’aujourd’hui.


Nous sommes à l’heure du réchauffement global des passions politiques. Le discours faussement rassurant sur la mondialisation heureuse, nous construisant la meilleure des sociétés imaginables, est empêtré dans ses contradictions.


Quitte à le critiquer sérieusement, il faudra bien finir par prendre le populisme au sérieux, plutôt que le maudire.




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