Sur le mauvais sort réservé aux francophones en Ontario

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Il faudrait faire subir aux Anglo-québécois le sort réservé aux Franco-ontariens

Plusieurs l'ont écrit, mais imaginons un seul instant comment réagirait le Canada anglais si le Québec traitait sa minorité anglaise comme il traite ses minorités françaises. Ce serait un scandale – mais un scandale absolu, vraiment. Les pétitions s’accumuleraient, les manifestations aussi, et tout le monde médiatique anglo-saxon se lancerait dans une entreprise de Quebec bashing. Le Québec, aujourd’hui, n’ose même pas corriger le surfinancement structurel des universités anglaises sur son territoire, alors qu’il s’agirait d’une pure action de justice sociale. C'est à ce moment que nous ressentons le poids de l'histoire et que nous voyons que la Conquête a fondé un rapport de pouvoir qui n'a jamais été renversé, fondamentalement. Oui, je sais, je sais, mieux vaut ne pas en parler, sans quoi on aura l'air ringard. Mais qui oublie l'histoire s'aveugle sur le présent. 


Dans ce pays, francophones et anglophones ne sont pas égaux: normal, ils ne l'ont jamais été. Le Canada fait ce qu'il veut d'un vieux peuple aujourd’hui émietté et politiquement décomposé qu'il traite comme une minorité résiduelle appelée un jour à se dissoudre dans l'anglo-conformité. Du règlement 17 aux décisions anti-francophones actuelles, la tendance lourde de l'histoire continue de se faire sentir. Les francophones hors-Québec ont beau se conter des histoires en racontant à qui veut l’entendre leur exceptionnelle vitalité et mener une résistance héroïque, et très certainement admirable, ils sont condamnés à l'extinction historique. Un vieil argument vient de tomber devant nous: ceux qui nous disent que le Québec doit rester dans la fédération pour sauver les francophones dispersés à la grandeur du Canada doivent constater qu'en réalité, le Canada anglais agit comme bon lui semble. 


Le Québec, quant à lui, évolue dans l'espace que le régime canadien lui laisse, et cet espace est de plus en plus étroit, au point où dans les faits, nous nous battons aujourd'hui pour maintenir en vie le principe d'un Québec français, qui tend à s'effacer devant celui du Québec bilingue - ce qui n'est rien d'autre qu'un symptôme de la canadianisation du Québec. Une chose est certaine: le Canada est fondamentalement hostile au fait français, qu'il veut réduire au statut de bibelot. Le seul avenir du français en Amérique du nord passe par l'indépendance du Québec. Elle n’est pas à la mode, mais comme l’écrivait Renan, «Le moyen d'avoir raison dans l'avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé».