Après Strasbourg, le même constat s’impose qu’après Toulouse, Nice, Paris ou Saint-Etienne-du-Rouvray: un ennemi intérieur se livre à une lutte à mort contre la France et la France refuse de se donner les moyens de l’éliminer.
Une nouvelle fois, un marché de Noël a été frappé par le bras armé de l’islamisme théocratique. Des familles et des amis sont endeuillés par l’assassinat abject d’êtres aimés à l’approche de cette fête où les chrétiens célèbrent le Prince de la Paix, l’Enfant de Lumière.
Ce n’est pourtant pas l’heure des deuils et des larmes, ni hélas de la réconciliation et de la paix, mais du combat. Chérif Chekatt a été abattu mais il n’est pas seul, et d’autres viendront après lui. Ne baissons pas la garde.
Et ça continue encore et encore…
Il est tragique de devoir écrire toujours la même chose, attentat après attentat. Mais hélas ! La désinformation et le déni nous y contraignent, alors même que certains se permettent de proférer sans cesse les mêmes mensonges, sans pudeur, sans souci de la vérité ni respect des morts.
Bien sûr, Chérif Chekatt a pu rentrer armé dans le Christkindelsmärik, le marché de Noël, malgré la sécurité. Inutile d’y voir un hypothétique complot. Ceux qui connaissent Strasbourg savent d’expérience que les vigiles, malgré leur professionnalisme, ne peuvent pas fouiller soigneusement tout le monde, en tout cas pas au point de remarquer une arme de poing et un couteau sous des vêtements épais ou dans un sac bien rempli. Pour le faire, il faudrait des dispositifs comparables à ceux des aéroports, avec les conséquences que l’on imagine en termes de files d’attente et des coûts prohibitifs. Ou encore employer la vidéosurveillance couplée à des logiciels de reconnaissance faciale et des bases de données dignes de ce nom. Ils ne filtreront pas les inconnus, mais la plupart des terroristes qui ont agi sur notre sol étaient connus et théoriquement surveillés. Seulement nous avons la CNIL, qui fait concrètement très peu pour nous protéger des GAFAM, et beaucoup pour limiter les moyens des forces de sécurité…
Tirer les enseignements de nos échecs
Bien sûr, l’enfermement préventif est contraire aux principes de l’Etat de droit. Les services spécialisés n’ont pas les moyens de surveiller en permanence tous les fichés S, ni même tous les inscrits au Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). La situation est complexe, juridiquement et techniquement. Mais face aux drames qui se répètent, se réfugier derrière l’exigence des principes et la complexité du réel pour ne rien faire n’est que de la lâcheté, si ce n’est de la trahison.
Que l’on commence déjà par considérer sérieusement que nous sommes en guerre et par désigner clairement l’ennemi, c’est-à-dire l’islam littéraliste théocratique. La notion d’intelligence avec l’ennemi et l’emploi déterminé des moyens juridiques de lutte contre les dérives sectaires ne suffiraient évidemment pas à tout éviter, mais seraient un excellent début.
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Bien sûr, les militaires de Sentinelle, les policiers, les gendarmes et les agents des services de renseignements font un travail difficile et exigeant, et pour la plupart le font avec un dévouement et un courage admirables. Ils méritent la gratitude de tous. Mais cela ne doit pas interdire de réfléchir très sérieusement aux « trous dans la raquette » du dispositif, non pour accuser les personnes mais pour améliorer les systèmes. Le retour d’expérience et l’exigence de vérité sont à la fois une nécessité et un devoir.
On ne fait pas la guerre au terrorisme
Bien sûr, Chérif Chekatt n’avait rien à faire en liberté. Même si le « mur des cons » n’était pas nécessairement illégal, il fut révélateur de l’emprise d’une certaine idéologie au sein de la magistrature, qui a montré, une fois de plus, à Strasbourg ses conséquences concrètes et sanglantes. Alors comment s’étonner ? Il y a longtemps que certains, qui restent eux-mêmes bien à l’abri des conséquences de leurs décisions et de leurs belles théories, s’achètent une conscience faussement humaniste au prix de la sécurité des autres, et notamment des plus vulnérables. Ce n’est pas l’indépendance de la justice qui est en cause, c’est la manière dont des magistrats instrumentalisent cette indépendance pour s’affranchir de leur devoir d’impartialité et s’opposer à la volonté générale.
Bien sûr, les djihadistes sont des terroristes. Mais on ne fait pas la guerre au terrorisme. Le terrorisme est un mode d’action, certes particulièrement problématique sur le plan éthique, mais uniquement un mode d’action. Tout comme les embuscades, les manœuvres d’encerclement et les diversions. On ne fait pas la guerre aux embuscades, on ne fait pas la guerre aux manœuvres d’encerclement, on ne fait pas la guerre aux diversions. On ne fait pas la guerre au terrorisme. On fait la guerre à des groupes qui utilisent les embuscades, les manœuvres d’encerclement, les diversions, ou le terrorisme.
Au royaume des aveugles, les djihadistes sont rois
De plus, l’idéologie de ces groupes n’est pas neutre. Les djihadistes sont le bras armé de ce que l’on appelle couramment l’islam politique, mais que l’on pourrait plus précisément appeler l’islam théocratique, puisqu’il ne conçoit pas la religion comme la justification d’un projet politique mais la politique comme un moyen d’imposer les normes voulues par la religion. A Strasbourg, Chérif Chekatt a crié « Allah akbar ! » Ce n’est pas un slogan politique, c’est une invocation religieuse.
Lors d’une matinale de C8, l’ancien député LR, Georges Fenech, a prétendu qu’il ne serait pas possible d’interdire le salafisme en France, puisqu’il existerait des salafistes quiétistes qui ne prendraient pas part au terrorisme. Un tel degré d’aveuglement laisse pantois, qui oublie ou feint d’oublier l’importance de l’idéologie et du soutien moral pour inspirer, encourager ou justifier les passages à l’acte violent. Pardon pour le point Godwin, mais imaginerait-on tolérer des néo-nazis « quiétistes », qui exalteraient le Troisième Reich dans leurs doctrines et enseigneraient le mépris des non-aryens et la haine des Juifs, sous prétexte qu’ils se contenteraient d’idéologie sans essayer de passer eux-mêmes à l’acte ?
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J’ajoute qu’à moins de renoncer à l’idée même de droits de l’Homme, à la pleine citoyenneté des femmes et à leur liberté, ainsi qu’aux libertés d’expression, de pensée et de conscience, et à toute éthique digne de ce nom, on ne peut que condamner le projet des salafistes en tant que tel, peu importent les moyens par lesquels ses thuriféraires comptent l’imposer : violence, influence culturelle, médiatique ou financière, artifices juridiques, emprise sur l’éducation, etc.
Contre-société et contre-vérité
Bien sûr, Chérif Chekatt avait un profil de type dit « hybride », bien identifié depuis Khaled Kelkal puis Mohammed Merah. Que certains l’utilisent pour essayer de nous faire croire que l’islamisme ne serait qu’un habillage de la délinquance est néanmoins d’une malhonnêteté sans borne. D’abord, un aspirant djihadiste sans liens préalables avec la délinquance aura plus de difficultés pour se procurer des armes et obtenir les complicités nécessaires, et donc une probabilité moindre de passer à l’acte. Mais l’essentiel n’est pas là.
Beaucoup de djihadistes comme beaucoup de délinquants sont issus de la même contre-société, que nous avons laissé prospérer sur notre sol. Une contre-société unie par des références culturelles et religieuses partagées, des liens familiaux, des solidarités ethniques, et un mépris affiché pour les lois de la République accompagné de la fierté de les transgresser le plus ouvertement possible. Une contre-société au sein de laquelle l’islam est la norme, et de plus en plus cette branche particulière de l’islam qu’est l’islam littéraliste théocratique.
Ce à quoi nous sommes confrontés, avec ces terroristes « hybrides », repose sur des mécanismes très bien décrits par Ibn Khaldoun1 dès le 14ème siècle, mécanismes qui ne se limitent d’ailleurs pas à l’Europe et au monde arabo-musulman. L’histoire de la Chine des Song face aux Jurchen, Khitans et Tangoutes en fournit une excellente illustration.
« L’empire » et les « barbares »
Pour employer les termes du père de la sociologie, notre société est « l’empire », policé et plutôt prospère, dont les citoyens sont déshabitués de la violence et la condamnent intellectuellement. Il existe, aux marges de « l’empire » (marges intérieures dans notre cas) une contre-société d’un type semi-tribal qu’Ibn Khaldoun appelle les « bédouins ». Habitués à la violence, ces « bédouins » habitent dans des territoires où la loi de « l’empire » ne s’applique pas, et vivent de prédation au détriment de « l’empire » : trafics, vols, pillages (aujourd’hui la délinquance, notamment la plus brutale, dont Chérif Chekatt était un adepte), mais aussi le « tribu versé aux barbares », autrement dit de nos jours tout ce qui consiste à « acheter la paix sociale dans les banlieues ». J’ajoute que le clientélisme électoral de certains élus est très proche de ce que faisaient jadis des notables de provinces frontalières, en s’associant à des mercenaires « bédouins », « barbares », pour imposer leur autorité face à leurs rivaux politiques.
Dans le cas qui nous occupe, les membres de cette contre-société de « bédouins » sont heureusement divisés en de multiples « tribus », parfois alliées mais souvent rivales. Du moins jusqu’au moment où « quelqu’un », chef charismatique ou groupe influent (pensons aux agents de l’Arabie saoudite ou du Qatar, aux Frères Musulmans…), tente d’unir ces « bédouins » autour d’un projet commun, généralement la conquête de « l’empire » à laquelle s’ajoute ici l’instauration d’une théocratie. Dès lors, sans cesser les pillages dont ils vivent, les pillards se font aussi conquérants et militants, ici soldats d’un dieu. Chérif Chekatt est typiquement dans cette situation. Aux activités habituelles de prédation s’ajoutent donc des opérations visant à imposer par l’influence et par la brutalité l’autorité de cet « empire bédouin » naissant aux habitants de « l’empire », lequel ne pourra survivre que s’il accepte la nécessité du recours à la force pour s’opposer à la violence, et valorise à nouveau les vertus héroïques dont il s’était détourné à force de « s’embourgeoiser ».
Nos dirigeants feraient bien de méditer les conséquences du choix de l’empereur Gaozong, qui décida de trahir le meilleur de ses généraux, Yue Fei, parce qu’il voyait dans ce héros un rival potentiel et craignait d’avantage de perdre son trône que de livrer son empire aux barbares….
Au régal des « mécréants »…
Dans le cas précis du djihadisme et de l’islam théocratique, n’oublions pas non plus la référence permanente aux salafs, c’est-à-dire les compagnons du prophète et les deux générations suivantes. Ceux-ci étaient à la fois des islamistes au sens moderne, imposant leur religion par la force, et issus de tribus habituées à la pratique des razzias et des pillages. La sourate n°8 s’appelle « le Butin », et outre un appel clair au djihad armé (« Et combattez-les jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus d’association [c’est-à-dire de polythéisme, y compris le christianisme trinitaire], et que la religion soit entièrement à Allah » – verset 39), elle réglemente le partage du butin, dont une part doit être versée au prophète et à sa famille et une autre aux pauvres et aux orphelins de la tribu. Ainsi, les liens de solidarité au sein de la tribu, et donc sa cohésion et sa force, sont renforcés en même temps qu’est valorisée la prédation au détriment des « incroyants », prédation mise au service de la conquête. On s’en doute, l’histoire des salafs contribua grandement à inspirer les travaux d’Ibn Khaldoun…
En résumé l’islam théocratique conquérant, lecture littérale des textes sacrés de l’islam et imitation de la vie du prophète et de ses compagnons telle que la relate la tradition, ne cesse hélas de gagner du terrain au sein même du monde musulman.
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Or, en France, ce monde musulman a en partie formé une contre-société valorisant les activités de prédation, évidemment pour les raisons sociologiques habituelles conduisant à la délinquance, mais aussi et peut-être surtout parce que cette prédation est glorifiée dans ses références culturelles lorsqu’elle se fait au détriment des « mécréants », la stricte séparation entre « croyants » survalorisés et « mécréants » dévalorisés étant l’un des principes fondamentaux de sa vision du monde.
Bien que tous les musulmans ne fassent pas partie de cette contre-société, loin de là, la religion musulmane est l’un de ses marqueurs identitaires forts, tout comme le sont l’habitude de la brutalité et la ségrégation entre hommes et femmes, les trois s’associant d’autant mieux que les textes sacrés de l’islam enseignent l’infériorité légale des femmes et exaltent la violence à l’encontre des « incroyants ». Rien d’étonnant à ce que cette contre-société soit un vivier de recrutement parfait pour les bras armés de l’islam théocratique, d’autant plus que son idéologie a largement contribué à la constituer.
Ils détestent Noël comme ils détestent la France
Nos ennemis abhorrent ce que Noël représente. Cette fête est celle de la naissance d’un enfant divin, célébré par une grande joie sur la Terre et dans le Ciel, signe que contrairement au dieu des islamistes son Père n’est pas jalousement avide d’être seul digne de vénération. Fête d’un dieu qui se donne et non pas qui s’impose, antithèse absolue de la soif de conquête et de pouvoir théocratique. Fête de l’humanité de ce dieu, d’un dieu qui ne se prétend pas au-dessus de l’exigence éthique mais s’attache lui-même au Bien, et dont la grandeur se manifeste aussi dans l’infini respect qu’il a de la dignité intrinsèque des mortels, et donc de leur liberté et de leur responsabilité.
Au voisinage du solstice d’hiver, Noël est la fête de la lumière qui naît alors même que les ténèbres semblent les plus épaisses, de l’espérance qui demeure, se régénère et jaillit. Ce n’est pas seulement la naissance du Prince de la Paix, mais aussi l’encouragement à poursuivre le combat même lorsque l’obscurité semble devoir l’emporter. Ainsi, les romains célébraient la joie fraternelle des Saturnales, mais aussi la lumière invaincue du soleil, Sol Invictus, et la naissance de Mithra, dieu particulièrement populaire parmi les soldats.
Si nous voulons que la paix de Noël soit celle de la liberté et non celle de la soumission honteuse à l’arbitraire, il nous faudra nous battre. L’enfant de la crèche nous rappelle toutes ces générations à venir que les islamistes voudraient faire ployer sous le joug de leur idéologie totalitaire. Nous avons le devoir de les protéger, et de leur transmettre la lumière que nous avons reçue en leur enseignant à espérer et désirer sans cesse la paix, mais aussi à toujours être prêts à combattre lorsque c’est nécessaire. Ainsi, et ainsi seulement, la lumière triomphera.