Siemens Alstom et STX Fincantieri, deux accords fortement critiqués à droite et à gauche

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Grande braderie à la française (4)

Deux fleurons de l'industrie française, Alstom et STX, viennent de passer entre les mains de groupes européens, Siemens et Fincantieri. L'industriel italien Fincantieri prend le contrôle de justesse des chantiers navals STX de Saint-Nazaire grâce à une participation prêtée et réversible de 1% de l'Etat français dans le capital de STX. Etat français qui a réalisé un montage lui permettant, si nécessaire, de reprendre le contrôle de STX. Du côté d'Alstom, l'allemand Siemens va devenir actionnaire majoritaire. La nouvelle entité, Siemens Alstom, verra le jour au plus tard fin 2018 et sera dirigée par Henri Poupart-Lafarge. Tour des réactions politiques face à ces deux rachats.



Le secrétaire général du parti Les Républicains, Bernard Accoyer, s'est esclaffé mercredi en marge d'une conférence de presse : "STX aux Italiens, Alstom aux Allemands, passent aux mains étrangères ! Emmanuel Macron avait pourtant dit qu'il n'y avait pas de grand pays sans grandes industries". "Je ne voudrais pas que l'image internationale du président de la République se paie avec les fleurons industriels français", a-t-il encore ajouté.



Même son de cloche chez Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne Rhône Alpes : "Mon sentiment c'est que la France manque d'ambition industrielle." "On brade un grand fleuron industriel, il n'y avait pas d'urgence. C'est une grosse erreur", a précisé Laurent Wauquiez a propos du rachat d'Alstom par Siemens.



Demande d'ouverture d'une enquête parlementaire



Pour Marine Le Pen, la présidente du Front National, va jusqu'à parler "d'éviscération de l'industrie française" et affirme qu'Emmanuel Macron est "incapable de défendre nos intérêt". Le sentiment semble partagé par l'ancien membre du FN et actuel président de l'association les Patriotes, Florian Philippot, qui a tweeté : "En 24 heures la France perd deux fleurons nationaux. Hier Alstom aujourd’hui les chantiers navals. Honte à Macron !".



Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, et Damien Lempereur, porte-parole du parti, déplorent dans un communiqué qu'en quelques jours "deux fleurons industriels, Alstom puis STX, véritables pépites françaises, […] passent sous pavillon étranger". Ils ajoutent qu'aucun retour en arrière n'est possible et que "nos dirigeant [sont] les principaux fossoyeurs de l'industrie française".



Le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon critique aussi ces accords et plus largement le projet européen d'Emmanuel Macron. Il affirme que le Président veut fonder "Une Europe de la défense agressive et patchwork, une Europe vouée au marché unique où la France abandonne son industrie, son école, son indépendance politique."



Il a aussi demandé la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire sur ces cessions, tout comme Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, comme le relate Sud Radio.



Du patriotisme mal placé, pour le patron d'Alstom



A gauche aussi, ce sujet est critiqué. Arnaud Montebourg, ancien ministre de l'Economie et du redressement productif, dénonce, a propos de la vente d'Alstom à Siemens, dans une tribune publiée sur le journal Le Monde "une véritable anti-politique française". Il parle d'une "fausse alliance entre égaux" et d'une "vente" qui va aggraver "notre faiblesse industrielle".



Le patron d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge, s'élève contre les critiques visant le rapprochement de Siemens et Alstom parlant, sur Radio Classique, de "patriotisme assez mal placé". Il ajoute : "Nous sommes absolument persuadés que ce nouveau groupe plus solide permettra in fine des créations d'emplois". Il ne reste plus qu'à attendre de voir si toutes les promesses quand à ces deux rapprochements sont effectivement respectées.