ROSE POUR LE PEUPLE

Si tu aimes ta nation : libère-la!

Suite au témoignage de Pierre Cloutier

Tribune libre


Merci monsieur Cloutier pour votre article « Salut, cher Paul », en hommage à Paul Rose, décédé abruptement le 14 mars dernier. Si l’Histoire n’était pas un des instruments de conditionnement des cerveaux préférés du pouvoir marchand et prédateurial, votre témoignage devrait figurer aux premières loges de la vérité sur les événements d’octobre 70. Votre ajout en commentaire à votre article est d’ailleurs tout aussi éclairant, voire éloquent.
L’unique occasion qu’il m’a été donnée de rencontrer Paul Rose m’a permis de lui serrer la main en lui disant : « Merci monsieur, grâce à vous, le Québec a pu avancer d’un pas! » Il reçut le compliment avec l’humilité d’un militant silencieux, ni satisfait ni triomphant : honnête, authentique. Et déçu, quelque part, m’a-t-il semblé. C’était il y a quelques années. N’eût été le Printemps érable dernier, je me serais trouvé un brin utopiste d’avoir dit cela. Rappelons-le, en résumé : le FLQ a démasqué tous les engrenages de contrôle et d’aliénation aux yeux de la population du Québec, en provoquant ses leviers politiques, policés, médiatiques, fédéralistes sur les plans provincial et pancanadien. Un boum d’éveil de la conscience sociale démocratisante. Ce trauma fut rappelé par le Printemps érable, chroniqueurs en tête.
La disparition de Paul Rose, ce combattant pour le peuple, rien de moins, marque une fin de vie, la sienne, à l’instar de celle d’un Bernard Frappier qui l’a précédée de peu, mais c’est aussi le début d’un appel essentiel, d’urgence, d’une relève. Car sur le terrain des droits socio-économiques, le peuple n’a plus aucune représentation défensive. Nos grandes gueules se sont toutes tues. Mais gueuler ne suffit pas à éveiller les consciences, et la violence en elle-même perturbe les esprits – ce que le pouvoir sait très bien puisqu’il utilise et retourne toutes les violences, terreurs, physiques et psychologiques, à son avantage. Le cas Richard Henry Bain, reconnu ni fou ni terroriste, flotte dans le flou depuis plus de six mois et son pouvoir abusif de ridiculiser la justice et d’offenser la nation francophone se poursuit sans protestation aucune… instrument de quelle instance intentionnellement molle? Va savoir…
Gouvernances locales, québécoise et canadienne, obéissent main dans la main à la gouvernance impérialiste des multinationales et banksters, dépacifiant et déstructurant les États-nations. L’insipide domine de toutes parts, pour qui n’est pas aveuglé, inculte, inconditionnel de parti ou autruche condescendante.
Mais face à ce vide, flanc ouvert aux ennemis multiples, la mobilisation, en effet, n’a-t-elle pas commencé malgré une gouvernance à nouveau négatrice qui nous afflige d’autant plus que nous l’avions espérée affirmative, ferme, stratégique et d’abord amie effective du peuple et de ses intérêts socio-économiques? Le néolibéralisme, à l’évidence des illogismes multipliés, est seul au pouvoir et domine le PQMarois, non l’inverse.
Plus aucun dictionnaire ne peut arriver à nous définir cette gouvernance comme sociale-démocrate ou relevant d’une orientation autre qu’économique, réactive, au service du privé tout autant que le PLQ/CAQ. La majorité est plus que silencieuse, elle reflète en miroir cette confusion plus profonde bien que l’opium du peuple répondant au nom de François 1er, un saint papisté à faire rêver de « simplisme », met un baume sur les plaies du monde en apparence, malgré l’expulsion du club des élus de l’étoile nationale montante/démontée, le cardinal Marc Ouellet.
J’imagine que ce Printemps dernier fut, pour monsieur Rose, l’incarnation non pas d’une renaissance, mais d’une continuation de la lutte contre les structures de domination et d’aliénation des citoyens alimentées par les pouvoirs de l’argent. Car l’ouverture et la libération des consciences ne précèdent-elles pas inévitablement l’indépendance d’un pays pour qu’il soit radicalement citoyen plutôt qu’oligarchique?
La loi 12, alias 78, ne fut-elle pas la réplique de celle des mesures de guerre, encore appliquée par des libéraux fédéralistes et dictateurs canadians, organisations sionistes comprises? Et l’armée des étudiants, enrichie par celle des casseroles, ne fut-elle pas, différée dans le temps, une revanche sur les abuseurs militaires, police, médias et politiciens de tous les partis désormais unis dans la terreur de cet Octobre noir, matraquant le peuple dans ses bases les plus libératrices de la conscience nationale.
La bêtise du gouvernement Charest fut la même au Printemps dernier que celle de la gouvernance bourassienne fédéraliste lors de cet Octobre du passé, sauf l’inversion suivante : l’intelligence des Carrés rouges et des Casseroles a remplacé dans les rues les petits soldats de plomb anglais automates importés de l’ouest Canadian.
Le PQ-Lévesque à l'époque, par stratégie opportuniste obligée, ne pouvait jouer la carte de la neutralité de la CLASSE face à la violence urbaine – souvenez-vous à quel point ce refus d’obtempérer à la condamnation de la violence a provoqué l’opprobe, le rejet démagogique et une offensive de répression médiatisée. J’ai montré ce mépris des pouvoirs dominants à travers plusieurs de mes textes, tout au long de la crise Charest/étudiants/citoyens. Le PQ-Lévesque, lui, ayant assimilé le RIN (Rassemblement pour l’indépendance nationale), puis expulsé son ex-président Pierre Bourgault (Bourgault, le dénonciateur pacifiant anti-FLQ, se sera ainsi suicidé 2 fois, en sabordant son parti et divisant ses membres, puis banni du PQ) tiendra le discours répressif de condamnation oligarchique du dominant, Argent et Compagnies.
Autre temps autre mœurs, diriez-vous, le motif proverbialisé de l’évidence. Mais sous l’évidence, la structure de récupération du pouvoir par le Haut ne serait-elle pas la même, demeurée intacte? Cela mérite un développement en soi. C’est l’un de ces nœuds dont Félix Leclerc parlait, entre autre, et que nous n’arrêtons pas de passer notre vie à tenter de défaire… au Québec. Transpercer la mécanique profondément toxique de ce système pourrait-il conduire à une révolution radicale des esprits, efficiente? Comment réduire l’analphabétisme chronique du Québec si la confusion et les coupures sociales se poursuivent envers le bas, contre lui, et les profits, miraculeusement, augmentent sans cesse pour les banques et les actionnaires dans le haut, que pour le Haut?
Sans les élections d’août 2012 dernier, est-ce l’invasion de l’armée canadienne qui aurait été déclenchée pour mater les citoyens, à nouveau, en éveil? Harper avait signifié, vous vous en souvenez, qu’il était « prêt » à son ami néolibéral Charest. Harper aurait joui de dépasser Trudeau, sans doute, reprenant à son compte son phallo-reptilo-belliqueux « Just watch me! ». Avec beaucoup de militaires anglais-ouest-canadians à nouveau, et quelques boyaux de sables bitumineux pour polluer le tout.
À défaut de vouloir la changer, avec un franc-parler et une fermeté d’action, on assiste à une histoire qui se répète inlassablement. Péloquin, l’exilé américanisé, l’a écrit sur un mur, dans un musée régi par Labaume, à Québec, entre des fonctionnaires tontons macoutes : «Vous êtes pas tannés de mourir gang de caves! »
Qu’à ce libérateur libéré, Paul Rose, le repos soit entier. Il y a ceux qui précèdent la marche démocratisante du peuple et ceux qui la suivront en taureaux ou en moutons. Que ceux qui suivront aient l’intelligence minimale sur notre calvaire de chemin vers la sortie du Cadnas d’honorer Paul Rose, car si la dignité au Québec a eu un défenseur de fait et de terrain, authentique et « réel », ce fut bien lui. Si le « boss » a pu devenir un « patron » respecté et respectable, c’est grâce à lui. Mais de l’usine, toute anglicisée à l’époque, il nous reste toujours à diriger un État en faveur du peuple entier, en français, sans les diktats du privé et de la finance… et sans LEUR dette multinationale que Marceau et Compagnies nous mettent encore sur le dos, pour ne pas dire ailleurs!
Vous trouvez pas étrange que ce soit toujours le PQ, en Bouchard d’abord, puis en Marois, qui fasse toujours le sale boulot de la purge du déficit-zéro et que les libéraux s’occupent de l’appauvrissement économique croissant du Québec avant et après? Des néolibéraux libéraux font des bulles, puis d'autres néolibéraux, des pseudos-socio-démocrates les dégonflent avant qu’elles nous pètent dans la face. Qui fait avaler la pilule à qui? Y’a p’us d’inconditionnalité partisane qui tienne : on est grosse valise beurrée en ostie toasté des 2 bords!
Mes condoléances à la famille de Paul Rose et à ses proches. Cet homme-nation fut mille fois plus grand que les ordures en cravate qui font s’entretuer les êtres humains en faux-ennemis en riant devant leur scotch « happy hour »; ils pouffent de rire de réussir tout cela bien enfoncé dans le cuir pur-sang de bœuf de leur moelleux fauteuil abri fiscal exotique, regardant leurs actions grimper, leur bourse se gonfler sur grand écran HD (Haute Décadence!), sous le feu des guerres d’énergie qu’ils attisent de partout dans le monde.
Que ce rare courage ataviste, réincarné en Paul Rose et faisant écho à celui des patriotes pendus de 1837, nos frères et sœurs indépendantistes, s’ajoute à nos lumières pour que le phare de Vigile s’intensifie de notre intérieur collectif : car c’est de là que part la flamme de conscience de soi et des autres, le besoin irrépressible de liberté et le goût de l’indépendance la plus profonde, la plus durable et la plus intense. Le Pays est d’abord en soi et en praxis, qu’à hauteur de rue désormais : la place civile et civilisatrice du peuple!
L’indépendance du Québec sera citoyenne où ne sera pas! Une indépendance néolibérale ne sera qu’une gouvernance locale illusoire et inversée : une dépendance mondialisée dans les faits. La division structurale est imminente : une indépendance à la Chavez ou la dépendance totalitariste des Césars. Où sont les Spartacus de notre Avenir pour abolir les esclavages monétarisés et retrouver la valeur, vivante, de l’être humain? Le PQMarois est-il en train de nous vendre le désespoir chronique?
Cristal de Paix


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    18 mars 2013

    Très bien écrit! Merci à Paul Rose d"avoir éclairé notre chemin.
    Si Jean Charest avait autant défendu le Québec comme il a défendu le Canada, on lui aurait donné pas 75 000$ mais 750 000$.
    Combien ils t'ont payé pour faire la job de bras au Québécois comme tu nous as faite durant toutes ces années?