Si le Québec était ingouvernable, il y a quatre ans...

Attaquer la forteresse canadian et promouvoir notre identité québécoise

Tribune libre

Le député péquiste, Nicolas Marceau, a bien connu François Legault durant les années 2000, à l’époque où il préparait son « budget de l’an 1 ». Aux dires de Nicolas Marceau, Legault s’affichait alors comme un des plus farouches souverainistes, animé de l’urgence de tenir un référendum aussitôt que le PQ reprendrait le pouvoir.
Son document louait les avantages d’un Québec souverain et devait faciliter le cours des événements en éliminant les derniers obstacles à la souveraineté, en particulier, les chevauchements et les impôts et taxes payés à Ottawa.
En 2003, aussitôt que le PQ s’est retrouvé dans l’opposition, François Legault, devenu critique en matière de finances, a même réussi à convaincre Bernard Landry de mettre sur pied une étude visant à démontrer la viabilité d’un Québec souverain sur le plan financier, s’adjoignant cinq experts pour valider les données et les conclusions de son document… dont Nicolas Marceau.
Dans la conclusion de cette étude, parue en mai 2005, François Legault fait la démonstration que le Québec pourrait récupérer des surplus de l’ordre de
17 milliards $ aux simples chapitres de l’élimination des chevauchements et du rapatriement des taxes et des impôts versés au fédéral.
Enfin, Legault concluait que non seulement le Québec souverain était financièrement viable, mais que son appartenance au Canada représentait un sérieux handicap, alléguant que, en persistant dans le statu quo actuel, le Québec en était réduit à l’impuissance devant le caractère implacable des chiffres qui ressortaient de l’étude.
Lors de conversations qu’il a eues avec François Legault au cours des années 2007-2008, Nicolas Marceau affirme qu’il était parmi les « plus pressés » de faire la souveraineté…Aujourd’hui, soit trois ans plus tard, le chef de la Coalition pour l’avenir du Québec prétend pouvoir respecter les mêmes engagements que lorsqu’il se retrouvait du côté des souverainistes et ce, tout en dirigeant une province.
Devant la « conversion mystérieuse » du François Legault qu’il a connu, Nicolas Marceau pose à juste titre cette piste de réflexion fondamentale :

« Si le Québec était ingouvernable, il y a quatre ans, en tant que province, parce qu’il nous manquait la moitié de nos outils, c’est difficile de comprendre que, tout d’un coup, ce soit devenu possible! »

En ce qui me concerne, le paradoxe Legault réside dans sa capacité d’orienter son siège dans les sens de l’histoire, en d’autres termes, de profiter d’un vent de changement tellement omniprésent sur la scène politique québécoise que notre vire-capot national vit présentement sur un nuage qui ne tardera pas à éclater lorsque les perturbations du paysage politique se manifesteront!
***
En termes stratégiques
Dans un article signé de ma main sur cette tribune en date du 8 novembre sous le titre « Qu’attend le PQ? », je dénonçais en ces termes l’inaction du PQ devant la manne de munitions que fournissait le gouvernement Harper à la cause souverainiste, particulièrement au cours des derniers mois :
« En conséquence, au moment où l’ennemi est à découvert, il me semble que l’artillerie lourde péquiste devrait en profiter pour tirer dessus à boulets rouges au lieu de regarder passer aveuglément le char d’assaut sans réagir! »
Dans cette perspective, je me rallie d’emblée aux propos et commentaires contenus dans quelques articles parus sur cette tribune à l’effet que les intervenants souhaitent que le mouvement indépendantiste attaque de front les aberrations du fédéralisme, alléguant que notre cause pourra rallier bon nombre d’indécis en agissant de la sorte.
Toutefois, quoique conscient qu’une telle stratégie pourrait avoir des effets positifs sur une certaine mobilisation, je demeure convaincu que nous devons aussi travailler sur notre terrain pour en arriver à rallier ces mêmes indécis aux bienfaits de la souveraineté.
En termes stratégiques, je ne crois pas que nous avons avantage à placer tous nos œufs dans le même panier. En conséquence, je crois plutôt que nous devons unir nos efforts en attaquant la forteresse canadian tout en faisant la promotion de notre identité québécoise.
Qu’on le veuille ou non, nous sommes appelés à cohabiter avec le ROC pour le meilleur et pour le pire. À mon sens, compte tenu de ce destin territorial auquel nous ne pouvons échapper, nous devons concentrer nos énergies à en retirer le « meilleur », soit des victoires des deux côtés des tranchées.
De cette façon, nous arriverons à donner à notre territoire toute sa fierté et sa légitimité tout en continuant à cohabiter avec un voisin qui n’aura d’autre choix que d’accepter l’existence d’une véritable « société distincte » dans son voisinage immédiat!
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Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 novembre 2011

    Je me souviens qu'un parlementaire était sorti du parlement avec son siège en guise de protestation il y a plusieurs années.
    Le vire-capot auquel vous faites allusion a toute la machine (Power sans doute) pour porter son nuage, sur lequel il siège avec une deuxième tête même, depuis des mois dans des perturbations de catégories extrêmes.
    Le premier commentaire à ¨Saleté de fédéralisme¨de R.Le Hir décrit si bien la réalité actuelle, pitoyable.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 novembre 2011

    Monsieur Marineau
    Legault, c'est un imposteur au service de l'autocratie affairiste, qui va diviser les votes à la prochaine élection pour permettre encore aux oligarques de continuer leur "job" sale envers le Québec. Si nous avions au Québec, un vrai leader politique qui se tiendrait debout face à Ottawa et qui dénoncerait avec véhémence tout le "Québec bashing", les Québécois se politiseraient davantage.
    Actuellement, nous sommes chloroformés par tous les médias sur place et nous en payons le gros prix par un immobilisme collectif abherrant même si nous nous faisons délapider notre bien collectif à coups de milliards. Du leadership politique, c'est ce qui manque, actuellement, au Québec!
    André Gignac 14/11/11