«SCOOP, le grand mensonge de l’Amérique!»

Les verrous commencent à sauter

Souvent, nous autres, contrariens devant l’éternel, sommes raillés, moqués, vilipendés par la bien-pensance économique. Pensez donc, la croissance économique américaine est géniale, fantastique, merveilleuse, d’ailleurs regardez ce taux de chômage qui se rapproche dangereusement de ce qui, vu d’ici, pourrait porter le nom de « plein emploi » avec un taux à faire pâlir n’importe quel mamamouchi de la « sochienlit » française ! 5,6 % de taux de chômage seulement, vous ne pouvez pas dire, vilain-méchant-contrarien-PESSIMISTE, que cela ne va pas beaucoup mieux aux États-Unis…
Et pourtant comme le disait Galilée, « elle tourne »… Et pourtant, le chômage aux USA est une vaste plaisanterie, de même que le mirage de la croissance américaine issue soit dit en passant entre 50 % et 70 % de l’exploitation des gaz de schiste qui, actuellement, bat très sérieusement de l’aile.
Comment prouver que les chiffres américains sont faux ?
Vous ne pouvez pas apporter cette preuve pour la simple et bonne raison que les chiffres avancés ne sont pas faux… Ils sont juste totalement mensongers dans leur base de calcul et dans les interprétations qui en sont faites mais ils ne sont pas faux ! Sauf qu’en l’espèce, des chiffres pas faux ne signifient pas par défaut qu’ils sont vrais. Il y a entre ces deux états de faits, le vrai ou le faux, une zone désormais grise de la vérité statistique qui demande juste un peu de travail d’analyse. Il faut juste comprendre de quoi on parle, il faut juste regarder ce que l’on comptabilise et ce que l’on ne compte pas, il faut comparer, pondérer et mettre en perspective plusieurs statistiques les unes avec les autres, sauf qu’en deux minutes maximum à la télé ou en 1 500 caractères (pas plus) dans la presse écrite, commencer à dérouler un argumentaire un tant soit peu sérieux c’est difficile car pour certains sujets, si ce qui se conçoit clairement s’énonce facilement, il n’en demeure pas moins qu’il faut tout de même un peu de temps… Mais bon, comme les gens sont des abrutis, les téléspectateurs des imbéciles et les lecteurs des grands paresseux, surtout « faites court ». Sauf que les gens veulent comprendre et qu’ils sont prêts à consacrer du temps à comprendre pour peu que nous ayons la volonté de partager les connaissances et d’ouvrir les débats.
Bref, les chiffres US sont mensongers et c’est un américain, pas n’importe lequel, qui le dit, et toc !!
Jim Clifton est président de Gallup .
Pour ceux qui ne le sauraient pas, Gallup est un monstre américain, « un leader dans le conseil stratégique et la recherche sur l’opinion publique (un énorme institut de sondage comme l’IFOP en France par exemple), depuis 1988. Bref, Jim Clifton n’est pas n’importe qui, il est également particulièrement immergé dans les chiffres et les statistiques si vous voyez ce que je veux dire puisqu’en fait, c’est juste tout son travail et toute sa vie, et comme c’est un américain qui dirige une entreprise américaine, eh bien on peut dire sans trop se tromper qu’il a une bonne vision de l’économie américaine… Mais bon, que voulez-vous, je suis un « pessimiste »… mais qui aujourd’hui rigole tout de même.
Voici donc que le père Clifton nous gratifie d’un billet sans ambiguïté sur la page d’accueil du site de Gallup intitulé :
« The Big Lie: 5.6 % Unemployment »… ou en français « Le grand mensonge du chômage à 5,6 % » !
Alors je lui laisse la parole et je vous fais une traduction-résumé à ma sauce des meilleurs passages.
« Voici quelque chose que beaucoup d’Américains – y compris certains des plus brillants et des plus instruits parmi nous – ne savent pas : le taux de chômage officiel, tel que rapporté par le Département américain du Travail, est extrêmement trompeur.
En ce moment, nous en avons entendu beaucoup célébrer, des médias à la Maison Blanche sans oublier Wall Street, la baisse historique du chômage à 5,6 %.
Pourtant aucun d’entre eux ne vous dira ceci :
Si vous, un membre de la famille ou quelqu’un êtes au chômage et que par la suite renoncez à trouver un emploi, si vous êtes si désespérément à la recherche d’un job mais que vous avez cessé de chercher au cours des quatre dernières semaines, le ministère du Travail ne vous compte pas en tant que chômeur.
En ce moment, 30 millions d’Américains sont soit sans emploi soit sous-employés de façon sévère. Croyez-moi, la grande majorité d’entre eux ne sont pas en train de fêter la baisse « historique du chômage ».
Mais il y a une autre raison pour laquelle le taux officiel est trompeur. Si vous effectuez un minimum d’une heure de travail dans une semaine payée au moins 20 $ de l’heure alors vous ne serez pas officiellement comptabilisé parmi les chômeurs. Vous ne figurez pas dans ces merveilleux 5,6 % de chômeurs. Peu d’Américains le savent.
(Commentaire de ma part : aux USA, il n’y a pas d’allocation chômage donc il faut gagner sa croût. Si par exemple j’étais au chômage aux USA, je donnerais au moins une heure ou deux de cours de français ou d’économie à des étudiants pour 20 dollars de l’heure. Je serais sous une tente et sans abri mais officiellement pas chômeur.)
Cela implique une autre conséquence assez peu médiatisée : ceux qui travaillent à temps partiel mais qui aimeraient travailler à temps plein et travaillent 10 heures à temps partiel parce que c’est tout ce qu’ils ont pu trouver (en d’autres termes, vous êtes gravement sous-employés ), le gouvernement ne vous compte pas dans les 5,6 %. Peu d’Américains le savent.
Il n’y a pas d’autre façon de le dire. Le taux de chômage officiel est un gros mensonge.
Et c’est un mensonge qui a des conséquences, parce que le grand rêve américain c’est d’avoir un bon travail, et ces dernières années, l’Amérique a échoué à livrer ce rêve plus qu’à tout autre moment dans l’histoire récente.
Un bon travail est l’identité première d’un individu, leur estime de soi, leur dignité – il établit la relation qu’ils ont avec leurs amis, leur communauté et leur pays. Lorsque nous ne parvenons pas à livrer un bon travail, nous ne parvenons pas à concrétiser le grand rêve américain.
Gallup définit un bon travail comme ayant les caractéristiques suivantes : 30 heures par semaine pour une organisation qui fournit un salaire régulier. (Ce qui reste une définition tout de même assez légère. Je rappelle que 30 heures par semaine ce n’est même pas un temps plein à 35 heures en France.)
À l’heure actuelle, aux États-Unis, le taux d’emplois à temps plein est de 44 %. Nous avons besoin d’atteindre 50 % minimum et de créer 10 millions de nouveaux emplois, pour simplement reconstituer la classe moyenne américaine. »
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT


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