Selon le ministre québécois de la Santé, les troupes de Justin Trudeau tentent ainsi de faire oublier aux Canadiens qu'ils diminuent l'accroissement des transferts en santé, les faisant passer de 6 à 3 % l'an prochain.
M. Barrette ne mâche pas ses mots en affirmant qu'il « se battra jusqu'à la mort » pour que l'argent transféré par Ottawa soit sans condition.
J'accuse Ottawa de faire une diversion pour ne pas parler du fond, qui est le niveau de transferts. Tout le monde tombe dans ce panneau-là. C'est un piège.
Chaque jour, la tension semble monter d'un cran entre Québec et Ottawa sur l'épineux sujet des transferts en santé.
Lundi, son homologue fédérale Jane Philpott a confirmé que les hausses de transferts aux provinces allaient passer de 6 % cette année à 3 % en 2017, comme l'avaient auparavant décidé les conservateurs de Stephen Harper. Elle a également indiqué qu'à cela s'ajouterait notamment une enveloppe de 3 milliards de dollars sur quatre ans destinée aux soins à domicile, tel que promis en campagne électorale.
En mêlée de presse un peu plus tôt dans la journée, M. Barrette avait laissé entendre que Québec refuserait toute enveloppe en santé assortie de conditions imposées par Ottawa.
« Le gouvernement va accepter les sous d'Ottawa même si Ottawa pose des conditions? » lui avait-on demandé. « Il n'en est pas question », avait-il alors répliqué.
En entrevue, il a voulu rectifier le tir en apportant cette nuance : « je refuse que l'argent ait des conditions. » Il n'a pas voulu préciser ce qu'il ferait s'il était placé devant le fait accompli.
« Est-ce que la ministre de la Santé est la voix du premier ministre qui annoncerait à ce moment-là que c'est la fin du fédéralisme asymétrique? Il va falloir poser des questions à Ottawa, parce que ça, ce n'est pas banal », a-t-il dit.
Philpott prône une « approche collaborative »
Son homologue fédérale, Jane Philpott, a encaissé cette sortie en restant impassible, affirmant qu'elle allait continuer à adopter une « approche collaborative » et qu'elle croyait que ses collègues des provinces allaient faire de même.
Mme Philpott ne prononce pas le mot « condition », mais elle n'exclut pas explicitement de demander des comptes aux provinces.
Je n'aime pas le terme de conditions. C'est un terme de confrontations. Je préfère avoir un dialogue sur comment est-ce qu'on peut collaborer entre le gouvernement fédéral et les provinces.
Elle doit tenir une rencontre sur la question avec ses homologues provinciaux et territoriaux le 18 octobre. Elle affirme avoir « de très bonnes discussions » avec les ministres des provinces, y compris avec M. Barrette.
Elle se défend par ailleurs de vouloir dicter les modalités. « Il n'y a pas de conditions. C'est investir dans des domaines prioritaires et s'assurer qu'avec ces investissements, nous puissions avoir une idée de si cela a été efficace », a-t-elle dit.
À la Chambre des communes, le ministre Barrette a pu compter sur des alliés néo-démocrates et bloquistes dans sa bataille.
Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a ironisé en demandant au premier ministre Justin Trudeau si cette façon de faire était ce que les libéraux entendaient quand ils parlaient de « vrai changement ».
« Les libéraux ont quand même réussi à faire pire que le gouvernement Harper. C'est Harper avec des conditions », a quant à lui raillé le chef bloquiste Rhéal Fortin. Il a accusé les libéraux d'imposer « unilatéralement des coupes aux malades québécois ».
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