S'armer contre la peur

"Qui veut la paix prépare la guerre!"

Tribune libre

Dans sa chronique parue dans Le Devoir du 20 juillet sous le titre « Le père Noël est tôt cette année » , Lise Payette pointe du doigt une des armes les plus pernicieuses utilisées par les fédéralistes auprès de l’électorat québécois dans toutes les campagnes électorales, à savoir la peur :
« Si le peuple ranime l’espoir, les politiciens s’efforceront, pour s’approprier le pouvoir, de raviver la peur, cette « arme de destruction massive » souvent sournoise et qui fait des ravages chez les personnes les plus fragiles… Il faut tirer les leçons qui s’imposent avant que le bulldozer des prochaines élections ne soit en marche, car, croyez-moi, l’attaque sera démesurée. »
Dans son analyse du phénomène vicieux de la peur, Mme Payette ressort deux volets, le premier mettant en lumière le fait que les libéraux « vont tenter de nous convaincre que tout ira mal si nous décidons de changer de gouvernement », un argument qu’ils enroberont dans la prétention de
« connaître l’avenir qui sera le nôtre…et qu’ils sont les seuls à posséder les solutions qui feront de nous des gens plus riches, plus heureux et plus en santé. » À cela, Lise Payette propose un moyen de défense qui, quoique timide, a l’avantage de renvoyer la balle dans le camp de l’adversaire : « Oserons-nous leur demander pourquoi ils ne l’ont pas fait avant ? Cela nous donnerait la possibilité de les juger sur ce qu’ils ont réussi plutôt que ce qu’ils ont promis de faire et qu’ils n’ont pas fait. »
Le second volet, encore plus cinglant et qui a souvent touché les cordes sensibles des Québécois en périodes électorales et référendaires, consiste à enfoncer bassement le poignard de la culpabilité dans les tripes des citoyens :
« Les politiciens vont sûrement renverser les rôles et tenter de nous convaincre que nous sommes responsables de tout ce qui ne va pas bien au Québec… Nous coûtons trop cher en soins de santé, nous sommes paresseux et nous ne travaillons pas assez, nous prenons notre retraite trop tôt et le plus important : est-ce que nous payons notre « juste part » ? Ce sont toutes des questions qui vont nous permettre de nous sentir petits, mesquins et dépassés par les problèmes que nous voulons voir réglés. »
Lise Payette demeure muette sur les moyens à prendre pour se prémunir devant cet argument « massue ». À mon sens, nous aurions avantage à nous inspirer du courage et de la détermination des étudiants qui, depuis des mois, ont su rester debout en défiant, entre autres, la question « tranchante » de leur « juste part » par la réponse tout aussi tranchante de la « justice sociale ».
En termes clairs, la seule façon de s’armer contre la peur est de se prémunir d’armes qui sauront répondre adéquatement et fermement aux viles attaques des détracteurs de la légitimité et de la dignité du peuple à l’intérieur d’un régime démocratique.
Comme dirait un vieux proverbe : « Qui veut la paix prépare la guerre! »
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2031 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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4 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    21 juillet 2012

    http://www.vigile.net/Would-PQ-win-kill-building-boom
    Voir le commentaire de Vigile au-dessus de l'annonce, ici, de ce texte du cloporte Henry Aubin sur The Gazette.
    Un titre insinuant qu'un gouvernement "d'incertitude" mettrait en péril le boom immobilier au centre-ville de Montréal. Même si l'article ne confirme en rien cette "peur", il conclut sa mornife en suggérant de bien réfléchir avant de voter...

  • Archives de Vigile Répondre

    21 juillet 2012

    Les gouvernements occidentaux ont une histoire de créer la peur chez les citoyens pour mieux les contrôler.
    Les attentats du 11 septembre 2001 semblent être un bon exemple de cela.
    Même la récente fusillade au Colorado est suspecte selon certains commentateurs:
    http://www.infowars.com/colorado-batman-shooting-shows-obvious-signs-of-being-staged/
    Il semble que des tempéraments contrôlants qui ont comme but le pouvoir, le contrôle et l'argent, ne s'arrêteront devant rien pour arriver à leurs fins.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 juillet 2012

    Eh oui,
    Les libéraux vont sûrement réussir à faire peur en particulier aux plus âgés, et aussi à des moins âgés en particulier dans la région de Québec, en disant que la Classe par exemple est composée de p'tits jeunes anarchistes et de p'tits jeunes communistes etc... qui en veulent notre belle civilisation capitaliste, celle qui crée des milliers de chômeurs et qui coupent les programmes sociaux destinés aux plus démunis pour donner encore et toujours à la riche élite capitaliste de la finance et des affaires.
    C'est certain qu'il faut arrêter de gober ça...

  • Archives de Vigile Répondre

    20 juillet 2012

    Sincèrement, j'ai beau chercher, je ne vois aucune capacité de la part du PQ à faire face à ces éventuelles manœuvres. Voyez-vous d'ici l'embarra qu'aurait la madame-en-question à devoir défendre l'indépendance du Québec ? Avec le bâillon imposé à ON et à QS par le bras médiatique de l'Oligarchie, ça sera un massacre en règle des souverainistes.
    Tout ce que la madame-en-question possède comme habilité, est de faire la manche auprès du fédéral, de quémander des miettes de pouvoir dans sa gestion provinciale et de jouer à la victime. Une stratégie qui mettra en évidence l'avilissement politique et la soumission à un pouvoir illégitime d'une partie importante de notre population. Dans un tel terreau, c’est sûr que la peur germera dans l’esprit de notre peuple.