Québec solidaire

Ruba Ghazal, bougie d’allumage de la ferveur souverainiste de QS?

Un choix de fin de vie

Tribune libre

«L’indépendance si nécessaire mais pas nécessairement l’indépendance», arguait l’ancien co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Amir Khadir, en 2012, une déclaration qui illustre très clairement le flou d’Amir Khadir eu égard à sa position à l’égard de la souveraineté du Québec.

Douze ans plus tard, la députée solidaire de Mercier, Ruba Ghazal, est désignée co-porte-parole de QS aux côtés de Gabriel Nadeau-Dubois (GND), une nomination bien accueillie dans les officines de QS, et au moment où le dernier sondage Léger indique que seulement 34% des solidaires se rangeraient dans le camp du «oui». Plutôt décevant pour Ruba Ghazal qui n’a jamais caché son allégeance souverainiste.

Or nonobstant les réformes au sein du parti proposées par GND, notamment la proposition de faire de QS un parti «pragmatique», le parti stagne dans les derniers sondages, se classant quatrième, et récoltant un maigre 14% des intentions de vote des Québécois. Dans les faits, QS est et a toujours été depuis sa fondation un parti social-démocrate qui se tient éloigné du spectre de la souveraineté, se contentant d’effleurer timidement à l’occasion un timide nationalisme même si officiellement, il se proclame souverainiste.

En conséquence, indépendamment de l’ardeur et de la détermination qu’accorde Ruba Ghazal à la défense de ses convictions souverainistes, je demeure perplexe sur le poids qu’elle exercera sur les militants de Qs eu égard à leur ferveur souverainiste particulièrement dans un scénario où la position officielle du parti soit si loin de leurs propres électeurs.

Un choix de fin de vie

D’avril 2022 à mars 2023, 5211 personnes ont reçu l’aide médicale à mourir (AMM) au Québec, à savoir 6,8% des décès selon la Commission sur les soins de fin de vie, ce qui fait des Québécois les plus nombreux au monde à avoir recours à l’aide médicale à mourir.

En février 2022, François, nom fictif pour préserver l’anonymat, reçoit un diagnostic de cancer incurable des poumons. Pour prolonger son espérance de vie, l’oncologue lui suggère l’immunothérapie, un traitement qui a pour effet de renforcer son système immunitaire et, de ce fait, de combattre les cellules cancéreuses. Le diagnostic est brutal et résonne tel l’effet d’une bombe dans sa tête.

En tant que chef d’entreprise tout au cours de sa vie professionnelle, François a livré plusieurs batailles et, lorsqu’il s’engageait dans une bataille, c’était parce qu’il croyait en ses chances de la gagner. Or, aujourd’hui, il est confronté à un adversaire invincible, un cancer incurable. Aussi décide-t-il de lui concéder la victoire avant de se lancer éperdument dans un combat perdu à l’avance.

Après un an sous le signe de la stabilité, François avait espoir que l’ennemi avait quitté son corps à jamais. Mais le monstre en a décidé autrement. Il récidive avec encore davantage d’agressivité. Il vient chambouler toute sa vie, sa quiétude et sa sérénité. La fatale réalité l’a soudainement rattrapé, cette réalité de la mort que nous fuyons toute notre vie fait maintenant partie de son quotidien. Sa résistance physique s’amenuise drastiquement, son poids diminue à vue d’oeil, et sa difficulté à garder son équilibre lui occasionne de nombreuses chutes malgré le support de sa canne.

Puis, la perte progressive de sa qualité de vie suscite en lui l’intention d’avoir recours à l’AMM. En prenant cette décision sain de corps et d’esprit, ses pensées se dirigent d’abord vers son épouse et ses deux enfants à qui il désire éviter des moments de tristesse et de souffrance, et leur laisser le souvenir d’un époux et d’un père qui a choisi de mourir près d’eux dans la dignité… François est décédé en paix en choisissant sa propre fin de vie en toute lucidité.


Henri Marineau, Québec



 


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com




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1 commentaire

  • François Champoux Répondre

    23 octobre 2024

    Bonjour M. Marineau,


    Avec l’avènement de la gratuité des soins de santé, on a cru que la vie nous était dorénavant garantie, peu importe nos moyens financiers. De plus, on a tellement sacralisé la vie et la médecine, qu’on a oublié la réalité : la vie et la mort sont étroitement liées dans cette sacralité.




    Il faut marcher en forêt pour réaliser tout à coup ce mariage : la vie et la mort se croisent en harmonie permanente dans ce mystère éternel et cosmique. Il faut s’abandonner à cette réalité.


    Quant à la souffrance, elle est une sorte de plaie qui nous fait accepter notre disparition. Jusqu’où devons-nous souffrir pour accepter notre retour au néant et à l’humus nourricier?


    Personnellement, je n’en sais pas encore jusqu’où, mais par chance, l’humain sait maintenant que les lois du Québec ne le rendront pas coupable, ni ne le condamneront pas à l’enfer éternel si par lui-même (et non par le système de santé) on l’endort pour qu’il ne souffre pas, sinon le moins possible pour trépasser et en finir avec la souffrance et les plaisirs de ce mystère.


    François Champoux, Trois-Rivières