Royaume-Uni : accusé d'antisémitisme, Jeremy Corbyn présente des excuses

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Dans une lettre ouverte, des représentants de la communauté juive du Royaume-Uni ont accusé le chef du parti travailliste d'être régulièrement «aux côtés» d'antisémites. 500 personnes ont manifesté devant le Parlement britannique le 26 mars.


Dans une lettre ouverte publiée le 26 mars et intitulée «Trop, c’est c’est trop», deux organisations représentatives de la communauté juive britannique, le Board of Deputies of British Jews et le Jewish Leadership Council, estiment que le leader du parti travailliste est «de manière répétée aux côtés de gens qui ont des idées ouvertement antisémites» bien qu'«il affirme ne jamais les entendre ni les lire». «Le parti travailliste est un parti antiraciste», a tenu à réagir Jeremy Corbyn dans un communiqué, avant d'ajouter : «Je condamne totalement l'antisémitisme, c'est pourquoi en tant que dirigeant, je veux être clair sur le fait que je ne tolérerai aucune forme d'antisémitisme existant au sein et autour de notre mouvement.»



De l'antisémitisme s'est produit à l'intérieur du parti travailliste, causant de la peine et de la douleur à la communauté juive au sein du parti travailliste et dans le reste du pays



Le 26 mars, les deux organisations communautaires ont organisé une manifestation réunissant 500 personnes devant le Parlement britannique contre le chef de l'opposition, avant de remettre leur missive à l'occasion d'une réunion de députés travaillistes. Jeremy Corbyn a fait savoir qu'il rencontrerait des représentants de la communauté juive dans les prochains jours, dans le but de restaurer leur confiance envers son parti. «De l'antisémitisme s'est produit à l'intérieur du parti travailliste, causant de la peine et de la douleur à la communauté juive au sein du parti travailliste et dans le reste du pays», a notamment reconnu Jeremy Corbyn, assurant être «sincèrement désolé de la douleur qui a été provoquée».


Corbyn accusé d'avoir défendu une peinture murale «profondément troublante et antisémite»


En ce qui concerne les faits reprochés, les auteurs de la lettre «Trop, c’est c’est trop» rappellent notamment un épisode datant d'il y a six ans : «Lorsque les juifs se plaignent d'une peinture murale manifestement antisémite, Corbyn soutient bien sûr l'artiste.» En cause : un commentaire posté en 2012 sur Facebook par Jeremy Corbyn et qui a été épinglé le 23 mars par Luciana Berger, une députée travailliste, membre du Jewish Labour Movement, qui a demandé au chef de son parti une explication à ce sujet. 


«Je regrette sincèrement de n'avoir pas regardé de plus près l'image que je commentais, dont le contenu est profondément troublant et antisémite», a répondu le jour-même Jeremy Corbyn.


Peinte par un artiste connu sous le nom de Mear One, la peinture murale représentait un groupe d'hommes d'affaires jouant à un jeu de plateau ressemblant au Monopoly, posé sur le dos d'hommes recroquevillés, avec en fond de l'ensemble une pyramide sertie d'un œil lumineux. En octobre 2012, alors que la fresque devait être effacée d'un mur de Tower Hamlets, un quartier de Londres, Jeremy Corbyn avait apporté son soutien à l'artiste sur Facebook. 


Bien qu'affichée sur le mur d'une propriété privée, la peinture a été effacée par les autorités locales après que des résidents se sont plaints. Lutfur Rahman, alors maire de Tower Hamlets, avait déclaré que «les images des banquiers perpétu[ai]ent la propagande antisémite sur le complot de la domination juive des institutions financières et politiques» et avait ordonné sa suppression.


Mear One a de son côté nié le caractère antisémite de sa peinture murale. Cité par le journal en ligne britannique The Independent, le 23 mars, il a expliqué que le sujet de sa fresque portait sur «la classe et le privilège». Il a également souligné que les figures représentées comprenaient à la fois des «Anglo-Saxons juifs et blancs». Dans un tweet posté le 23 mars, Mear One a également récusé l'accusation d'antisémitisme, la qualifiant de «tactique politique intéressée qui divise, utilisée pour mettre fin à une conversation avant-gardiste et nous embourber avec une rhétorique du Vieux monde».



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Corbyn pointé du doigt pour avoir qualifié d'«amis» le Hamas et le Hezbollah


Les organisations signataires de la lettre ouverte contre Jeremy Corbyn ont également fait référence à d'autres déclarations de ce dernier. «Le Hezbollah, le mouvement chiite libanais, commet des atrocités terroristes contre les juifs, mais Corbyn dit que ce sont ses amis et assiste à des rassemblements en faveur du Hezbollah à Londres», accusent les organisations juives. «Il en va exactement de même pour le Hamas», le mouvement islamiste palestinien, ajoutent-elles. «Au mieux, cela dérive de la haine obsessionnelle de l'extrême gauche envers le sionisme, les sionistes et Israël. Au pire, cela suggère une conception conspirationniste du monde dans laquelle les communautés juives modérées sont considérées comme une entité hostile», accusent les organisations.


En juillet 2015, le leader travailliste avait en effet déclenché une polémique en employant le mot «amis», alors qu'il accueillait des délégations du Hamas et du Hezbollah à l'occasion d’une rencontre parlementaire. Il avait toutefois précisé, par la suite, qu'il s'agissait là d'une expression «collective» et d'un «langage diplomatique».


«Le parti travailliste a des racines profondes dans la communauté juive», assure Corbyn


Les deux organisations représentatives de la communauté juive britannique affirment enfin que les «calomnies contre les juifs» sont constantes chez les travaillistes, que ce soit sur internet ou pendant les meetings.


Pour sa part, Jeremy Corbyn a affirmé que «le parti travailliste a[vait] des racines profondes dans la communauté juive et [était] activement engagé avec les organisations juives à travers le pays». Il a assuré faire campagne pour accroître «le soutien et la confiance dans le parti travailliste au sein de la communauté juive dans le Royaume-Uni».