Dans la grande famille indépendantiste

Réflexion sur le sectarisme de gauche

Parler encore d'unité

Tribune libre

Un argument d'importance pour mieux combattre le sectarisme est très certainement la prudence nécessaire pour ne pas pousser encore plus les gens à droite.
Si on critique un allié potentiel trop sévèrement, et sans égard au contexte, ainsi qu'à ce qui est en fait en train de se produire, on peut tout aussi bien braquer ce dernier et se couper de toutes une séries d'opportunités possibles pour le futur. Un exemple : les critiques gauchistes contre le PQ, qui continuent toujours, alimentent de fait, à l'intérieur de celui-ci, ceux qui disent que Québec solidaire est trop sectaire pour qu'il vaille même la peine de s'unir à lui.
Cela devient alors une sorte de cercle vicieux. Qui est le plus sectaire ? Tu l'es plus que moi, donc je ne veux rien savoir de toi.
Tu me traire comme un ennemi, alors moi aussi je n'aurai pas le choix que te traiter de la même manière, tout cela afin de pouvoir mieux me défendre auprès de mes propres membres qui ne veulent pas d'unité ou qui sont encore hésitants à faire front avec toi.
Certains diront que le PQ est irrémédiablement de droite. C'est faux. Son passé peut tout aussi bien être évoqué à droite qu'à gauche.
Ce que l'on sait, par contre, c'est qu'il y a à l'intérieur du PQ une aile gauche qui bataille fort pour faire valoir ses points et qui tend en même temps à marquer des points. Ce sont en général le même monde qui sont également le plus favorable à une plus grande convergence avec le reste des formations souverainistes. Pourquoi faudrait-il donc faire comme si tout cela n'existait pas.
Ne trouvez-vous pas que le mieux serait au contraire d'encourager ces gens à poursuivre leurs efforts ? Ne devrions-nous pas encourager tout autant toutes les formes possibles d'alliance ? Pour cela, il faudrait au strict minimum maintenir la porte ouverte face aux projets de convergence.
Prenez un exemple, soit celui de la collaboration qui s'est finalement développée autour du nécessaire combat contre la loi 106, entre Manon Massé de QS et Martine Ouellette du PQ.
Au sein du PQ, certains semblent ne pas avoir trop apprécié ce genre de collaboration. C'est d'ailleurs ressorti assez clairement au cours des plus récents échanges, parfois assez acrimonieux, qui se sont produit entre les camps des différents candidats et candidates dans le cadre de la course à la chefferie du PQ.
La question qui mérite en même temps d'être posé est la suivante : les gens dans QS devraient-ils donner raison à ceux et celles qui, du côté du PQ, redoutent de plus en plus ce genre de collaboration ? Ou devrait-ils plutôt encourager la reproduction de tels gestes ? Qui a pu être le premier à tendre la main à l'autre n'a, en même temps, que peu d'importance dans le contexte.
Ce qu'il faut aussi comprendre est le fait que la droite ou la gauche ne sont pas forcément et tout le temps enfermées dans des positions bien campées. Tout récemment encore, on le voyait bien quand madame Madame David, y est allée d'une attaque en règle contre les positions de François Legault et de la CAQ sur l'immigration.
Nous, à l'intérieur même des pages de ce site du PCQ, avons développé plus en détails les limites de la comparaison que pouvait faire madame David de Legault avec Trump, l'adversaire de Trump étant une militariste connue, tandis que Trump, lui, tout en défendant des positions très à droite, surfe aussi sur les conséquences du libre-échange qu'avait en même temps prévu ses opposants plus à gauche.
Sur l'immigration, et comme nous l'avons déjà dit, la question de François Legault est fort légitime. Sa réponse idiote escamote malgré tout le problème de l'immigration, et le fait de le comparer à Trump n'ajoutera rien au débat qu'une société comme le Québec peut très bien avoir sur les quotas.
La marchandisation des hommes et des femmes immigrantes, leur « commerce » sans réserve, à l'échelle de toute la planète, peut ne pas poser de problèmes moraux à madame David -- je ne me prononcerai pas là-dessus --, mais elle devrait néanmoins mieux s'expliquer sur les conséquences d'une immigration laissée entre les mains des Libéraux qui en font un trafic de main-d'oeuvre au service du patronat, ni plus ni moins !
Chose certaine, le plus utile, du côté de QS, serait d'essayer de travailler avec le PQ pour justement développer une position plus " intelligente " face à tout le dossier de l'immigration.
Un argument en faveur de l'unité est en même temps des plus faciles : on sera toujours plus fort unis que désunis.
Même si certaines fractions, au sein du PQ, peuventt toujours demeurer hésitantes face à certains aspects du néolibéralisme, là où ces gens hésitent, il y place pour de la pression, pour de l'argumentation, pour de la conviction ... et non du bitchage. C'est certainement plus vrai qu'avec les Libéraux, dans tous les cas !
Même avec un allié hésitant, on sera toujours plus solide qu'avec un adversaire qui nous rentre dedans à coup de baillons ou de plaidoyers fédéralistes et qui, en plus, ne cesse d'attaquer, un à un, tous nos principaux gains sociaux, acquis au cours des 50 dernières années.
Devoir continuellement réexpliquer et démontrer qu'on sera toujours mieux avec des alliés qu'entouré d'ennemis peut paraître bizarre. De fait, cela l'est. Mais la politique est ainsi faite que certains s'aveuglent de principes sans chercher dans la vie de tous les jours quelle stratégie sera gagnante et l'autre perdante.
Je ne dis pas pour autant qu'il faudrait s'allier avec tout le monde. On me fera dire : pourquoi pas les Libéraux à ce compte ? Moi, ce dont je parle, c'est d'un parti, le Parti Québécois, qui a encore des prétentions sociales-démocrates, qui a une forte aile gauche, qui comprend de multiples syndicalistes se reconnaissant toujours comme étant à gauche, qui a aussi continué à évoluer avec la seule présence de Québec solidaire, et qui continuera encore de le faire, -- il faut l'espérer --, dans le futur.
La démarcation répandue de la gauche et de la droite, en dehors des cercles politiques experts, ne date pas de si longtemps. Elle est même apparue assez largement avec Québec solidaire qui s'est tout de suite affirmé à gauche, sans coup férir.
Le qualificatif d'opportunisme, apparu avec la Révolution bolchévique de 1917, et qui nous est souvent attaché, entre temps, pourrait bien connaître le même sort. Ceux qu'on accuse d'être les nouveaux « opportunistes » aujourd'hui pourraient-ils s'avérer être les plus clairvoyants de demain ?
Il est en même temps assez ahurissant de voir à quel point les nouveaux sectaires d'aujourd'hui, ceux qui s'objectent tant à toute forme d'alliance, pour mieux faire avancer le combat pour l'indépendance, sont les mêmes qui voudraient bien se présenter devant le ROC (Rest of Canada) comme des gens qui croient à l'unité. N'est-ce pas là une autre contradiction flagrante dans leur propre discours ?


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