PLQ et l'«empire malfaisant» - Le pire, c'est qu'ils trouvent ça drôle.

Recherche mouton noir désespérément...

Ce n'est plus de la discipline de parti. C'est la loi du silence. C'est le PLQ avant l'État.

Enquête publique - un PM complice?


(Québec) Le pire, c'est qu'ils trouvent ça drôle. Norm MacMillan, jovial pion libéral, se fait demander s'il va voter «librement» pour la création d'une commission d'enquête sur les saloperies dans le monde de la construction et il répond au reporter par une blague de mononcle: «J'vas voter pour toué!»
Pierre Moreau, nouveau ministre des Transports, fait dans l'humour involontaire. À l'entrée du caucus libéral, hier, à la rentrée parlementaire, il a assuré avoir toujours voté «librement». Et il a toujours voté «avec» son parti. Un homme libre, assurément.
Le premier ministre Jean Charest, lui, fait de l'humour volontaire. Réponse en Chambre de celui qui n'avait pas lu le rapport Duchesneau avant de le commenter en conférence de presse, vendredi: «Ç'a été avantageux pour moi de lire le rapport...»
Hilarité générale dans les banquettes du PLQ. Ha! Ha! Ha!
_ Applaudissements. Clap, clap, clap.
C'est quand même formidable. Ils sont 64 députés libéraux à l'Assemblée nationale. Et alors que 80% des Québécois souhaitent une enquête publique pour mettre au jour les rouages d'un «empire malfaisant» qui a des tentacules partout, on ne peut pas trouver un seul député capable de donner le début du commencement d'un son de cloche dissident!
Ce n'est plus de la discipline de parti. C'est la loi du silence. C'est le PLQ avant l'État.
Je les regardais entrer au caucus, hier: Fournier, James, Moreau, Bachand, Beauchamp, St-Pierre. Des gens capables, sans nul doute, dans le civil. Mais dans la grande famille libérale? Un troupeau de moutons bien obéissants qui s'en vont recevoir leurs ordres avec, dans la face, un sourire plus ou moins crispé.
Se font-ils picosser dans les fêtes de famille? Se font-ils regarder de travers au IGA, alors qu'ils hésitent entre le lait 2% et le lait entier? Se font-ils apostropher par des inconnus à l'aréna, dans les gradins?
Je les regardais entrer au caucus, ces moutons qui bêlent «Police! Police! Police!» depuis deux ans, et je me demandais: lequel osera devenir un mouton noir?
Lequel aura le courage de placer l'État avant sa limousine (celle qu'il a ou celle qu'il espère)?
Lequel aura le courage de porter la colère de 80% des Québécois dans la grande famille libérale?
Lequel aura les couilles de dire que le roi rouge est nu?
Fournier? Voici l'élu libéral type. Ce qui le branche, c'est la game politique. Le pouvoir pour le pouvoir. L'honneur, bien sûr, mais après la ligne de parti...
Au final, j'en ai trouvé trois qui pourraient, en démissionnant du parti, devenir des héros pour des millions de Québécois. Je peux être dans le champ, mais je ne vois que trois moutons susceptibles de faire un geste d'éclat.
1. Pierre Paradis. Le député de Brome-Missisquoi est boudé par le PM depuis 2003. Vieux routier, fort de confortables majorités, il ne doit rien à personne. Il a déjà voté contre son parti sur la question du parc du Mont-Orford. Il m'a semblé qu'il applaudissait mollement, hier, en Chambre.
2. Je vais vous étonner: le ministre de l'Environnement, Pierre Arcand. Voici un type lucide qui, de plus, est indépendant de fortune. La limousine, les voyages au Brésil ou ailleurs: je suis sûr qu'il peut faire sans. Il a les moyens d'avoir des principes. En aura-t-il le courage?
3. Un député peu connu du public: Guy Ouellette. C'est en lui que je mets mes espoirs. Dans une autre vie, voyez-vous, le député de Chomedey a été membre de la Sûreté du Québec, il combattait le crime organisé. Une sorte de légende chez les flics par sa connaissance encyclopédique des bandits.
Il était aussi un peu mouton noir dans la police - on s'est inspiré de lui pour un personnage dans une série télévisée. Était-ce Omertà, Guy?
Je me permets de tutoyer le député de Chomedey parce que je l'ai côtoyé, il y a une demi-vie de cela, quand je couvrais les faits divers.
À l'époque, Guy, tu t'en souviens, tu parlais aux journalistes, tu faisais notre éducation, au mépris des diktats de tes patrons et du baratin des relationnistes...
Et là, je te vois te traîner au caucus sans parler aux journalistes, le visage de marbre, toi qui ne peux pas blairer les bandits, à un moment où ton parti est éclaboussé par des histoires de bandits...
T'es pas un peu mal d'être devenu un mouton bien sage, Guy?
Il n'est pas trop tard, tu sais, pour redevenir un mouton noir.


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