Quand Washington rappelle sèchement aux Israéliens qu’ils ne sont pas chez eux à Jérusalem-Est

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Une visite au mur fait l'objet de lamentations du côté israélien

Le Président étatsunien Donald Trump doit se rendre en Israël la semaine prochaine, et forcément à Jérusalem. A l’occasion de cette visite, il se rendra au pied du “mur des lamentations”. Les services de sécurité israéliens seront, on s’en doute, “sur les dents” pour cette visite, et ils souhaitaient mettre un certain nombre de choses aux point avec leurs homologues étatsuniens, via le consulat des États-Unis à Jérusalem.
Le quotidien Haaretz affirme que les diplomates étatsuniens ont refusé tout net, en faisant sèchement remarquer aux Israéliens que le site du “mur des lamentations” se trouve en Cisjordanie, et que par conséquent le gouvernement israélien n’est fondé à y exercer aucune autorité.
Une délégation officielle étatsunienne se trouve en Israël depuis plusieurs jours pour préparer la visite présidentielle, et en particulier les questions de sécurité, les problèmes logistiques et la couverture de l’événement par les médias. Elle est dirigée par le chef d’état-major opérationnel adjoint de la Maison Blanche, Joe Hagin, qui a tenu de multiples réunions avec des représentants du ministère israélien des Affaires étrangères, du cabinet du Premier Ministre (qui est aussi le ministre des Affaires étrangères en titre), et qui s’est rendu sur les différents sites que Donald Trump visitera.
Lundi, les délégués étatsuniens ont visité le site du “mur des lamentations”. La visite qu’y fera Donal Trump a été définie comme “privée”, et il ne sera à cette occasion accompagné par aucun représentant du gouvernement israélien. Néanmoins, deux employés du service des relations publiques du cabinet de Netanyahou accompagnait les délégués étatsuniens qui préparent la visite, afin de voir de quoi ils auraient besoin et pour faciliter la couverture par les médias. Il s’agissait notamment de déterminer les emplacements où les photographes seront admis et où les caméras de télévision seront installées.
Un haut fonctionnaire israélien, qui a requis l’anonymat, a rapporté à Haaretz que lorsque les employés du cabinet de Netanyahou ont demandé aux Américains de préciser leurs souhaits, les représentants du consulat U.S. de Jérusalem se sont immédiatement interposés et ont interdit aux membres de la délégation venue de Washington de discuter de quoi que ce soit concernant le “mur des lamentations” avec les officiels israéliens.
Le “mur des lamentations” se trouve en Cisjordanie, et par conséquent la souveraineté d’Israël n’y est pas d’application.
Il y a eu, selon Haaretz, un vif incident entre fonctionnaires étatsuniens et israéliens, ceux-ci estimant évidemment la position des premiers “inacceptable” (mais on ignore s’ils les ont accusés d’antisémitisme, ce qui paraît cependant probable si on se base sur l’expérience…). La position soutenue par le consulat U.S. de Jérusalem n’a pas été contredite par les émissaires venus de Washington, qui se sont semble-t-il contentés d’assister à l’algarade sans intervenir.
Le cabinet de Netanyahou a fait savoir que, dans ces conditions, il se désintéresse de cette partie de la visite de Trump et ne fournira aucune assistance.
L’affaire est bien entendu rémontée jusqu’à Netanyahou lui-même, qui a chargé – selon Haaretz – l’ambassadeur d’Israël à Washington, Ron Dermer, de “demander des explications à la Maison Blanche”.
Il est vrai que l’attitude du consulat U.S. de Jérusalem peut surprendre, puisque Donald Trump a clairement reconnu l’annexion de Jérusalem par Israël en proclamant, dès avant son élection, qu’il voulait y transférer “sans délai” l’ambassade étatsunienne dès son entrée en fonction.
Juste avant l’entrée en fonction de Trump, le 20 janvier à 12h00, les plus enthousiastes de ses partisans affirmaient que la décision de déplacer l’ambassade vers Jérusalem serait prise “à 12h01, peut-être même à 12h00 et 30 secondes”. Mais force est pour les dirigeants israéliens et leurs admirateurs de constater que Trump est à la Maison Blanche depuis quatre mois et que l’ambassade est toujours à Tel Aviv, comme toutes les autres.
Le nouvel ambassadeur U.S. à … Tel Aviv s’est précipité au “mur des lamentations” dès son arrivée en poste, et n’a cessé de clamer son impatience de travailler dans la ville sainte. Mais son fantasque Président, pour sa part, “réfléchit sérieusement”, ce qui s’agissant de lui est pour le moins inhabituel.
Le milliardaire Sheldon Adelson, propagandiste sioniste forcené et aussi l’un des principaux bailleurs de fonds de Trump pour sa campagne électorale (il finance avec une égale générosité nullement désintéressée le parti Républicain et Netanyahou), a manifesté sa fureur à propos des atermoiements de la Maison Blanche, et il a affirmé dans une newsletter qu’il publie que Trump a déjà décidé de renoncer à ce transfert.
Adelson affirme que Trump a opposé son véto à l’application de la loi votée en octobre 1995 par le Congrès des États-Unis (93 voix contre 5 au Sénat et 364 voix contre 37 à la Chambre) qui prévoit le transfert de l’ambassade à Jérusalem “au plus tard le 31 mai 1999”. Depuis lors, aucun locataire de la Maison Blanche n’a voulu l’exécuter.
Jérusalem-Est est toujours un territoire occupé, même vu de Washington.


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