Campagne nationale de promotion du livre

Qu'est ce qu'un livre québécois ?

Quand le gouvernement applique une politique d'exclusion

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Tribune libre

Une subvention déguisée aux librairies agréées
Le ministère de la Culture et des communications du Québec a annoncé la relance de sa campagne nationale de promotion du livre qui se tient du 24 octobre au 18 novembre 2016 sous le thème «Pour de bonnes histoires, passez voir votre libraire». Sur le site web dédié à la campagne, le visiteur est invité à «TROUVER UNE LIBRAIRIE AGRÉÉE». Autrement dit, il n’est pas question ici de promouvoir tous les livres mais uniquement ceux qui se trouvent sur les tablettes des librairies agréées par le ministère. Car des livres, il y en a en plusieurs autres points de ventes au Québec : dépanneurs, supermarchés, magasins à grande surface, librairies uniquement en ligne sur internet (dites «librairie tout numérique»), sites web d’auteurs offrant eux-mêmes leurs livres en ligne,…
Cette campagne nationale de promotion du livre n’est rien de plus qu’une subvention du ministère aux librairies agréées, et seulement aux librairies agréées.
Elle nous rappelle la position du ministère face aux livres québécois : seuls les livres édités par un éditeur agréé par le ministère, distribués par un distributeur agréé par le ministère chez le libraire agréé par le ministère sont des LIVRES QUÉBÉCOIS reconnus par le ministère. L’agrément est nécessaire pour recevoir l’aide financière gouvernementale. Or, un libraire qui opère uniquement en ligne sur internet n’a pas accès à cet agrément du ministère parce que ce dernier juge que seules les librairies avec pignons sur rue sont de vraies librairies, et cela a force de loi (Loi du livre).
Un concours avec des prix indignes d’une action gouvernementale
Voici un extrait du règlement du concours J’AIME LES LIVRES à l’occasion de cette campagne nationale de promotion du livre :
««Au total, six prix d’une valeur maximum de 60 $ chacun, et consistant en des livres d’auteurs québécois, seront remis à l’issue de ce concours.
Les gagnants sont responsables de tous frais additionnels non précisés aux présentes comme étant compris dans les prix, notamment les frais de déplacement et d’hébergement découlant de l’utilisation des prix.»»
Le ministère consacre un maigre total de 360.00$ en prix pour ce concours NATIONAL. C’est une honte ! Avec 60.00$ par participant, on peut à peine recevoir deux ou trois livres québécois en prix compte tenu des prix vente élevés des livres d’ici. Qui plus est, vous devrez assumer vous-même les frais de déplacement voire d’hébergement pour recevoir vos prix. C’est presque de l’avarice.
J’image que le libraire souhaite prendre une photographie avec le gagnant plutôt que de lui adresser ses livres par la poste ou, pis encore, que le libraire n’a pas de librairie en ligne permettant au gagnant de choisir ses livres dans le confort de son foyer. Et qui sait si les titres des livres offerts ne sont pas imposés au gagnant. Le règlement n’est pas clair à ce sujet.
Le ministre de «l’industrie traditionnelle» du livre
Voici le Mot du ministre pour cette campagne nationale de promotion du livre :
««Le Plan d’action sur le livre lancé par le gouvernement du Québec en 2015 confirme la valeur, pour notre culture, du livre et de ceux qui le créent, l’éditent et le diffusent. Cet automne, le ministère de la Culture et des Communications relance la campagne nationale de promotion sur le livre.
Le livre est un bien culturel avec une forte valeur identitaire et il importe d'assurer sa pleine diffusion et son accessibilité. Cela est d’autant plus important que la lecture, comme pratique éducative ou culturelle, et l’accès aux livres sont des conditions de réussite et de réalisation personnelle et collective pour les citoyens québécois.
Avec cette campagne, je souhaite que la population continue de mesurer l’ampleur du talent littéraire qui s’exprime au Québec et de consulter les libraires qui le révèlent. Que toutes les Québécoises et tous les Québécois profitent des bonnes histoires qui s’écrivent chez eux, et pour eux!
Luc Fortin»»
Quiconque lit de Mot du ministre croient d’emblée qu’il parle de tous les livres, ceux des auteurs édités à compte d’éditeur, à compte d’auteur et autoédité. Mais ce n’est pas le cas, le ministre parle ici uniquement des livres produits par l’industrie traditionnelle du livre dont les entreprises sont agréées par son ministère. Il applique une politique d’exclusion plutôt qu’une politique d’inclusion.
À lire aussi

Québec – Le monde du livre et ses coulisses – Guide pratique et critique – Exemplaire numérique gratuit (PDF).

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Serge-André Guay34 articles

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Marié et père de quatre enfants, Serge-André Guay est
né à Lévis (Québec, Canada) en 1957. De formation autodidacte et
travailleur autonome depuis 25 ans, il a tout d'abord été animateur,
commentateur, chroniqueur, journaliste, recherchiste et rédacteur en chef
au service de différents médias québécois et ontariens.

Puis, son expérience des médias et un stage de formation en Europe font de
lui un éducateur aux médias dont les interventions sont recherchées par le
milieu scolaire. Ensuite, à titre de consultant, l'utilité de ses plans
d'action en communication et en marketing est vite appréciée.

Depuis 1990, il développe une expertise hautement spécialisée en recherche
marketing, soit l'étude des motivations d'achat des consommateurs, axée sur
l'évaluation prédictive du potentiel commercial des produits et des
services, nouveaux et améliorés.

Pour ce faire, il retient la méthode et l'approche indirecte proposées par
le chercheur américain Louis Cheskin, à qui il accorde le titre de premier
scientifique du marketing.

Depuis, il a étudié les réactions sensorielles involontaires et les
réactions inconscientes de plus de 25,000 consommateurs dans le cadre de
plus d'une centaine d'études des motivations d'achat pour différents
manufacturiers et distributeurs canadiens.

Il a signé de nombreux articles et donné plusieurs conférences
percutantes. Il a aussi publié une série de vingt-quatre études traitant du
caractère scientifique du marketing sous le titre "Science & Marketing ",
Prédire le potentiel commercial des biens et des services". À ses yeux, le
marketing doit renouveler son efficacité sur des bases scientifiques
rigoureuses.

Il n'hésite pas à questionner les idées reçues. Animé par une profonde
réflexion sur la conscience et la condition humaine, il est un «
penseur-entrepreneur », à la fois fonceur et analytique.

En 2000, il écrit un essai de gouvernance personnel sous le titre J'aime
penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un
chacun se donne raison.

En juin 2003, il met sur pied la Fondation littéraire Fleur de Lys,
premier éditeur libraire francophone sans but lucratif en ligne sur
Internet





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