Pourquoi la victoire d'Ersal fait peur à Israël?

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La peur change de camp


Ersal dans l’est du Liban est l’une des régions clés dans la lutte contre le terrorisme takfiriste : après avoir perdu la localité stratégique de Qusseir au sud de la Syrie, les terroristes du Front al-Nosra ont choisi de s’emparer d’Ersal, cette vaste région de 300 kilomètres carrés que partagent le Liban et la Syrie dont la majeure partie (170 km2) se trouve au Liban.


Les Nosratistes ont ainsi occupé pendant deux ans Ersal avant qu’ils n’en soient chassés par l’offensive éclair du Hezbollah, de l’armée libanaise et de l’armée syrienne.


Est-ce une grande victoire ? Oui et à plus d’un égard :


1- Le Front al-Nosra a choisi Ersal pour sa position géographique : sa proximité avec la Méditerranée et Tripoli (Liban) en fait un point de transit d’armes et de terroristes vers la Syrie, surtout dans le cadre des opérations visant deux provinces syriennes de Homs et de Damas. Le Front al-Nosra cherchait de plus à faire d’Ersal un levier de pression contre le Hezbollah en faisant croire que cette présence n’a eu pour effet que l’extension du takfirisme au sol libanais. Ersal abritait aussi des milliers de réfugiés syriens dont la protection revenait à l’armée libanaise. Toute action du Hezbollah contre les terroristes infiltrés dans les camps des réfugiés se serait heurtée à une réaction de l’armée libanaise et c’est ce clash que cherchait à provoquer le Front al-Nosra. Mais Ersal représentait un autre avantage : les takfiristes voyaient à travers ces monts, grottes et tunnels, un havre de paix pour leurs familles, alors qu’ils se battaient contre l’armée syrienne.


2- La bataille d’Ersal a été lancée avec quelques mois de retard, mais dans un contexte totalement consensuel : à part le camp pro-saoudien au Liban, à savoir le courant Futur du Premier ministre libanais, Saad Hariri, toutes les fractions politiques libanaises ont apporté leur soutien à l’opération du Hezbollah, et ce, au grand dam du Front al-Nosra et de ses soutiens turc et saoudien qui cherchaient depuis 2014, date de l’occupation d’Ersal par ce groupe terroriste, à remettre en cause la légitimité du Hezbollah et de son engagement militaire en Syrie.


Or la Résistance a réussi à conjuguer l’éclatante victoire militaire à Ersal à une victoire politique. Même les factions les plus hostiles à son égard ont approuvé son opération qui s’est soldée par la reprise d’Ersal mais aussi d'une dizaine de villages dans le sud du Liban dont Ras Baalbek, al-Labda, al-Ramal entre autres. Et puis le bilan des pertes dans ses rangs a été minime sans compter le fait que la Résistance a obtenu la libération de ses combattants capturés par les terroristes, une première depuis l’échange de prisonniers avec Israël au terme de la guerre de 33 jours.  


3-La reprise d’Ersal est un dernier maillon de la chaîne que constituent les victoires remportées ces deux derniers mois par l’axe de la Résistance : la libération de Mossoul, principal QG de Daech, en Irak, le contrôle des frontières de l’est de la Syrie avec l’Irak en dépit des pressions américaines, la victoire de l’armée syrienne et de ses alliés dans la Ghouta-est à Damas ou à l’ouest de Homs, la défaite de Daech à Palmyre et dans le désert de Syrie, en voilà la liste des succès qui ont contribué à renforcer la position de l’axe de la Résistance, faisant miroiter l’espoir de voir l’année 2017 marquer un tournant dans la guerre en Syrie. En quatre ans de combats (de 2014 à 2017), l’armée syrienne et ses alliés ont réussi à infliger une magistrale défaite aux terroristes, ce qui est loin d’être une mince affaire dans la mesure où les Américains et leurs alliés turcs et saoudiens entre autres avaient mis des années à préparer leur guerre totale contre la Syrie. 


Pour avoir une idée de l’ampleur de la victoire à Ersal, il suffit de faire un parallèle : Le Hezbollah qui a vaincu en 2017 les terroristes du Front al-Nosra en moins d’une semaine dans la région montagneuse et difficile d’accès d’Ersal, a mis des semaines à vaincre ces mêmes terroristes à Qusseir et Yabroud quand il s’est engagé en 2014 aux côtés de l’armée syrienne en Syrie. Et pourtant Qusseir est une région géographiquement plus abordable qu’Ersal. À Qusseir, la Résistance a perdu en deux mois de combats 800 combattants, mais à Ersal elle n’en déplore que 25. Et c’est cela l’essence de la métamorphose subie par le Hezbollah en six ans de guerre en Syrie…




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