Pour que le Bloc québécois devienne le parti de tous les souverainistes

Étienne Forest

Tribune libre


(Photo : Le Soleil | Pascal Ratthé)
L'annonce du changement de camp de Maria Mourani et le départ du chef du Bloc Québécois cette semaine amènent les militants et militantes à la réflexion. C'est un moment idéal pour les débats d'idées. Certains critiquent le Bloc en affirmant qu'il ne travaille pas vraiment à l'indépendance et permettrait, au contraire, l'amélioration et la réforme du cadre constitutionnel canadien. Il est donc temps de donner au seul parti fédéral qui représente vraiment les Québécois et Québécoises les orientations désirées. Un de ces débats incontournables est celui qui porte sur l'affiliation aux partis nationaux. C'est connu, le Bloc Québécois était considéré par plusieurs comme étant le parti «frère» du PQ sur la scène fédérale. Or, le mouvement souverainiste a évolué, plusieurs mouvements ont émergé et la conjoncture politique actuelle est propice à cette discussion. En effet, un congrès aura lieu en mai 2014, et nombreux sont les souverainistes non-affiliés au PQ qui désirent contribuer au Québec libre en s'impliquant au sein du Bloc.
Pourquoi le Bloc Québécois?
Le Bloc Québécois a été créé par des élus fédéraux, dont l'ex-premier-ministre Lucien Bouchard, suite à l'accord du Lac Meech en 1991. Face à l'échec de la confédération canadienne, ce parti était destiné à être dissous après une éventuelle victoire référendaire. Ceci dit, tant que l'indépendance ne sera pas faite et que le gouvernement fédéral présentera des candidats au Québec, le Bloc Québécois aura toutes les raisons d'exister.
En effet, en votant pour le Bloc Québécois, les citoyens envoient un message clair à Ottawa, comme quoi ce système parlementaire monarchique n'est pas le leur, qu'il ne représente pas leurs intérêts et que leur seul gouvernement légitime est celui du Québec. «Nous ne voulons pas être dirigés par une autre nation, nous voulons être indépendants. Nous voulons un pays qui nous ressemble et non un pays qui nous enchaîne dans un cadre constitutionnel forcé. L'époque de la dépendance est terminée, le Québec est rendu ailleurs et nous sommes prêts à être maîtres chez nous.» C'est le message que les électeurs envoient au gouvernement fédéral, et celui-ci est toujours d'actualité, surtout avec un Philippe Couillard qui veut sceller le Québec dans la constitution canadienne.
La seule voie possible : un terrain neutre pour tous les souverainistes
C'est autour de cet esprit que le Bloc doit rallier les militants souverainistes de tous les horizons. En effet, notre devoir est de faire primer cette cause sur toute autre considération partisane. Josée Legault écrivait récemment : «Que pourrait contribuer le Bloc dans la mesure où l'avancement de l'option souverainiste n'est même plus au coeur de l'action politique du Parti québécois depuis plusieurs années?» Le Bloc Québécois doit contribuer à la cause nationale en faisant la promotion active et la pédagogie de l'indépendance et en devenant un terrain neutre et ouvert à tous les souverainistes qui désirent contribuer à son progrès, qu'importe leurs allégeances partisanes nationales.
Ce doit être un lieu au sein duquel les militants de tous les partis peuvent travailler ensemble à bâtir un pays et à clamer haut et fort leur désir commun de liberté. Il faut mentionner que nombreux sont les souverainistes qui ne sont pas forcément affiliés au Parti Québécois, et ce, pour diverses raisons. Avec la pluralité des mouvements et partis souverainistes sur la scène nationale, le Bloc doit pouvoir accueillir tous les militants de façon neutre. C'est, à mon sens, la seule voie possible pour le Bloc.
Investir les instances
Les militants ont maintenant le devoir d'emprunter la voie qui permettra d'envoyer un message clair au gouvernement canadien. Pour ce faire, il faut encourager tous les souverainistes à investir les instances du Bloc Québécois et à participer au congrès qui aura lieu en mai 2014, pour que soient adoptés des statuts et positionnements démontrant un réel objectif indépendantiste, une neutralité et une ouverture vis-à-vis des souverainistes de tout horizon. Ce sera aussi l'occasion de donner au Bloc les orientations voulues. Il faut dire clairement ce qu'on veut pour se faire entendre. Il est temps que tous les souverainistes reprennent ce parti et travaillent dès maintenant à construire un pays.


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 décembre 2013

    @M. Verrier:
    "C’est une occasion en or d’enclencher la critique de la monarchie sur le fond et de faire valoir, en remplacement, une constitution québécoise qui n’aurait pas ces tares."
    Vous devrez alors faire ce noble combat à l'extérieur de l'Assemblée Nationale.
    Bien sûr, au moment du serment, vous pourriez faire toute une esbrouffe. Mais après, on vous reconduira gentiment, ou manu militari s'il le faut, à la porte.
    Le Québec n'a jamais été consulté par référendum en 1867. En 1982, le Québec n'a jamais endossé la constitution de PET.
    Pour justifier l'indignité des moyens utilisés durant le référendum de 1995, M. Chrétien a déclaré: "Nous étions en guerre pour protéger notre pays. Alors tous les coups sont permis"
    Mais nous, dans notre digne noblesse, il faudrait respecter un serment que l'on nous impose.
    Nous, nous voulons se construire un pays. Alors, À la guerre, comme à la guerre. Si vous n'êtes pas prêt à prendre les moyens qui s'imposent pour faire le combat, alors restez chez vous.

  • Marcel Haché Répondre

    22 décembre 2013

    « Le Bloc Québécois doit contribuer à la cause nationale en faisant la promotion active et la pédagogie de l’indépendance » E. Forest.
    Depuis les années soixante qu’ils en parlent de l’Indépendance, les indépendantistes. Et vous croyez, E. Forest, que le remède à nos si piètres résultats serait d’en parler jour et nuit ? Sans doute comme Parizeau l’espérait : avant, pendant et après ?
    Non mais… croyez-vous que nos si piètres résultats depuis 40 ans tiennent au fait que, n’en ayant peu parlé, les québécois ne sauraient pas de quoi il en retournerait avec l’indépendance ? Serions-Nous donc un peuple d’ignorants ?
    Votre proposition en faveur du rôle que devrait jouer le Bloc, si le Bloc s’y rendait, recevrait exactement le même accueil qu’a reçu d’abord le P.I. puis ensuite O.N. qui en faisaient et qui en font encore un point d’ancrage de leur Combat.
    La dynamique de l’Indépendance est rendue ailleurs, à un autre niveau. Le Bloc n’a plus aucun avenir sur la scène fédérale à moins d’être le front péquiste à Ottawa. En ce cas, et en ce cas seulement, il pourrait y avoir une autre vague pour renverser la vague orange, cette vague qui n’a absolument rien d’une lame de fond. Quant à la pédagogie de l’Indépendance elle-même, absolument personne (ni le P.Q.) n’empêche le P.I., O.N., Q.S, name it…personne ne les empêche de faire toute la pédagogie qu’ils croient nécessaire de faire.
    Mais FAIRE l’indépendance, cela supposerait, et impérieusement, une unité de ton que les indépendantistes n’ont jamais eu avec le Bloc à Gilles. De telle sorte qu’à Québec les indépendantistes « parlent » à l’électorat, pendant que provenant d’Ottawa, d’autres indépendantistes ne se contenteraient pas alors de lui « perler d’Indépendance », sous prétexte de sauvegarder et ménager les susceptibilités de ceux parmi eux qui ne représentent pas 2 % de l’électorat.
    Un parti politique n’est pas un forum. Les forces considérables qui s’opposent au projet indépendantiste québécois nous forcent à taire notre cœur et serrer les dents, serrer les rangs… On jase évidemment !

  • Serge Jean Répondre

    21 décembre 2013

    Je propose de refuser d'argumenter avec un faux gouvernement.
    Serge Jean

  • Gilles Verrier Répondre

    21 décembre 2013

    Un serment est un serment.
    C'est une occasion en or d'enclencher la critique de la monarchie sur le fond et de faire valoir, en remplacement, une constitution québécoise qui n'aurait pas ces tares.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 décembre 2013

    "Le message n’est pas du tout clair. Les députés du Bloc doivent prêter serment d’allégeance à la Reine en tant que souveraine du Canada, affirmant par le fait même leur allégeance aux institutions qu’elle représente. Devant une telle contradiction, j’annulerai mon vote à la prochaine élection fédérale."
    Belle excuse!
    Un candidat élu qui n'accepterait pas de prononcer ce serment ne pourrait pas devenir député (nous ne sommes pas encore les maîtres du jeu). La mission de promouvoir la souveraineté du Québec devient alors impossible.
    Alors, M. Chapdelaine, de deux maux on choisi le moindre. Sauf vous, M. Chapdelaine, personne n'est dupe de ce serment bidon.
    Voici le serment d'allégeance que les députés du PQ doivent prononcer: "« Je, (nom du député), jure [déclare solennellement] que je serai fidèle et porterai vraie allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth II. »".
    Donc, selon votre "rectitude", ni le PQ, ni le BQ, n'auraient le droit d'exister.
    Vous avez parfaitement le droit d'avoir une conscience très aigu du fédéralisme, mais de grâce, épargnez-nous votre morale à cinq cent!

  • Monique Chapdelaine Répondre

    21 décembre 2013

    M. Forest, vous écrivez : « … en votant pour le Bloc Québécois, les citoyens envoient un message clair à Ottawa, comme quoi ce système parlementaire monarchique n’est pas le leur, qu’il ne représente pas leurs intérêts et que leur seul gouvernement légitime est celui du Québec. »
    Le message n'est pas du tout clair. Les députés du Bloc doivent prêter serment d'allégeance à la Reine en tant que souveraine du Canada, affirmant par le fait même leur allégeance aux institutions qu'elle représente. Devant une telle contradiction, j'annulerai mon vote à la prochaine élection fédérale.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 décembre 2013

    Excellent texte. J'appuie à 100%.
    Toutefois, malgré toutes les bonne raisons d'être, un parti politique ne peut pas exister sans financement. C'est platte, mais c'est ça qui est ça, comme dirait un de nos poète.
    en 2011, le PCC a entrepris d'éliminer le financement public aux partis politique. Le Bloc est donc maintenant totalement dépendant de nous.
    Il ne reste que quelques jours pour profiter de la déduction fiscale permise pour 2013. Alors, si vous voulez que le Bloc continue son travail à Ottawa, c'est le temps de le démontrer.
    Je rappelle que jusqu'à $400, vous aurez droit à un retour d'impôt de 75%. Donc, une contribution $100. ne vous coûtera que $25.
    P.S: Je fais cet appel strictement à titre personnel. Il ne s'agit pas d'une pub du Bloc Québécois.