Polémique en vue à la sortie du livre noir de l'islamisation

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Un livre qui analyse la conquête islamique de la France

Un ouvrage anonyme, qui parait ce jeudi, revient, documents à l'appui, sur les rapports compliqués entre l'islam et la République dans la France de ces quarante dernières années.


C'est un ouvrage qui pourrait faire du bruit. Son titre ? Histoire de l'islamisation française (1979-2019). Mais il aurait tout aussi bien pu s'appeler "Le Livre noir de l'islamisation", à la manière de deux ouvrages qui avaient nourri leurs lots de polémiques à leurs sorties, Le Livre noir du communisme (1997) et Le Livre noir de la psychanalyse (2005). De fait, l'ouvrage est un long réquisitoire de près de 700 pages contre un islam politique qui défierait les lois et les usages de la République française, le plus souvent avec la complicité passive des pouvoirs publics et des médias. 


Le principe en est assez simple : en quarante chapitres explorant chacun une année, de la fascination des intellectuels pour la Révolution iranienne de Khomeyni en 1979 à la démographie des immigrés en 2018, cette Histoire de l'islamisation balaie quatre décennies de débats ou de non-dits à partir de documents et d'archives (pétitions, articles, lois, proclamations...) 


Disons-le tout de suite, cet ouvrage souffre d'un défaut qui ne manquera pas de lui être opposé : son ou ses auteurs sont anonymes. Aucun nom sur la couverture. L'éditeur, L'Artilleur, évoque seulement un "collectif de journalistes". Ces dernières années, cette maison d'édition a publié nombre d'ouvrages critiques à propos de l'islam ou de l'immigration, signés Yves Mamou, François Jourdan, Alexandre Mendel ou Michèle Tribalat. Ont-ils contribué à ce Livre noir ? Mystère. Signalons que L'Artilleur a également édité un livre de Florian Philippot. Cet anonymat est d'autant plus étonnant que le ton général de l'ouvrage, pour être offensif, n'en est pas pour autant vindicatif ou excessif. 


Le Conseil français du culte musulman recommande le voile


Il n'empêche, le chapitre consacré à l'année 2014 fera sans doute couler beaucoup d'encre. L'auteur y exhume une "Convention citoyenne des musulmans de France pour le vivre ensemble" publiée par le Conseil français du culte musulman (CFCM), censé représenter un islam modéré. En s'appuyant sur le verset 59 de la sourate XXXIII du Coran, l'article 5 de cette Convention, consacré aux "tenues vestimentaires", rappelle que "le voile est une prescription qui recommande au Prophète de dire à ses femmes, à ses filles et aux femmes des croyants de l'arborer pour la réserve qu'il lui impose". Bref, de porter le voile. Un article passé inaperçu à l'époque, à l'exception de trois féministes de Seine-saint-Denis qui ont dénoncé ce qu'elles considéraient comme une "agression contre les femmes non-voilées". 


Le CFCM était alors présidé par Dalil Boubakeur, l'inamovible recteur de la Grande Mosquée de Paris, censé incarner l'islam à la française. Or, en juin 2017, poursuit l'auteur, le site de la Grande Mosquée mettra en ligne un certain nombre de textes représentatifs d'une "théologie islamique ouvertement hostile au judaïsme et au christianisme" : Abraham y est présenté comme un imposteur issu des "faussaires de la Bible" et les persécutions contre les Juifs en Egypte comme des "réactions populaires contre les abus d'une minorité opulente, turbulente, résolue à dominer toute communauté au milieu de laquelle elle vit". Quant aux chrétiens, ils auraient brossé une vie de Jésus à coups de "dissertations filandreuses de la scolastique médiévale, surchargée de mythes, de superstitions, de mystères inutiles et de contradictions". Tout cela sans provoquer la moindre réaction... 


Islamophobie, esclavage, musée de l'immigration...


Dans le même registre, le chapitre consacré à l'émergence du vocable d' "islamophobie" et à ses promoteurs du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) ne manquera pas de susciter des grincements de dents. L'auteur rappelle que le premier président de la République à utiliser ce terme fut François Hollande, le 16 janvier 2015, peu après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher. "La France lutte de manière implacable contre le racisme, l'antisémitisme et l'islamophobie", avait-il déclaré ce jour-là. L'auteur estime également que les mairies, par crainte d'être taxées d' "islamophobie", ont souvent tendance à accorder des subventions à des "établissements culturels" abritant une mosquée en leur sein, manière de dévoyer la loi de 1905. 


Au-delà de ces chapitres particulièrement sensibles, cette Histoire de l'islamisation française brasse large, ce qui en fait aussi l'intérêt, évoquant aussi bien la personnalité modérée de Zinedine Zidane que les ambiguïtés de la promotion du film Indigènes, ou encore l'échec du Musée national de l'histoire de l'immigration, qui, si l'on en croit un article du Monde de 2010, n'attirerait que 10 000 visiteurs par an hors groupes scolaires. 


Le chapitre dévolu à l'année 1994 nous apprend aussi que les essais critiques du grand théologien protestant Jacques Ellul consacrés à l'islam sont étrangement les seuls de son oeuvre à ne pas être réédités, alors qu'il passe pourtant rituellement pour un visionnaire, qui "aurait tout prévu" de nos sociétés actuelles, notamment en terme d'écologie et de progrès. Ellul, sans langue de bois, y déplorait une certaine "islamophilie" à l'oeuvre dans les milieux intellectuels français et rappelait que les musulmans comptèrent parmi les esclavagistes les plus actifs de l'Histoire...  


On le voit, cet ouvrage étayé explore, documents à l'appui, de nombreuses facettes de la cohabitation parfois problématique de l'islamisme et de la République. Nul doute qu'il suscitera débats, polémiques et peut-être réfutations de la part de musulmans. La gauche, la droite, la presse, une poignée d'intellectuels, souvent présentés comme les "idiots utiles" de l'islamisme, contesteront peut-être aussi certains points. Les sujets de frictions se comptent par dizaines. Et qui sait si la polémique n'obligera pas le ou les auteurs à sortir de l'anonymat ?