Le 15 mai dernier, le Parti québécois s’est donné un nouveau chef, résolument indépendantiste, en la personne de Pierre Karl Péladeau, député de Saint-Jérôme. Un personnage qui ne laisse pas indifférent. Quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir de lui, force est de constater qu’il a un plan et qu’il énonce clairement ses objectifs : il veut faire du Québec un pays et dynamiser son économie.

Il est trop tôt pour spéculer sur l’issue de cet engagement qui sera tranché, en définitive, par les électrices et électeurs du Québec, mais Pierre Karl Péladeau a déjà gagné une étape, celle d’imposer son ordre du jour souverainiste à toute la classe politique. Désormais, il y a un « avant » et un « après » PKP.

Face à un tel événement politique dont on commence à peine à mesurer les impacts, je dois admettre, pour la libérale et fédéraliste que je suis, que plusieurs facteurs travaillent à l’avantage de PKP, le principal étant le « vide ». Le vide d’une option fédéraliste légitime qui romprait avec le statu quo et qui offrirait aux Québécois une solution de rechange crédible à la souveraineté.

Depuis 1982, le Québec est le seul État à être régi par une Constitution qu’il n’a pas signée, et les réformes promises par Ottawa tardent à venir. La dernière en date, celle du fédéralisme d’ouverture du premier ministre Harper, n’est même pas sur son écran radar, à la veille de la prochaine élection fédérale d’octobre 2015.

Le Parti libéral du Québec, jadis à l’avant-garde du fédéralisme asymétrique, ne peut plus se complaire dans l’indifférence face à un enjeu aussi crucial. J’ai à l’esprit cette déclaration historique de feu Robert Bourassa qui avait trouvé les mots pour le dire en juin 1990 : « Le Québec est aujourd’hui et pour toujours une société distincte, libre et capable d’assumer son destin et son développement. » Il est donc urgent pour le Parti libéral du Québec de retrouver son âme et d’articuler une position claire sur la place du Québec dans le Canada du XXIe siècle.

Bien sûr, il y a la question de l’intégrité de Pierre Karl Péladeau qu’il faut régler dans le respect de nos institutions démocratiques. Sa fonction de chef de l’opposition officielle l’exige. Il doit absolument balayer devant sa propre porte et faire maison nette face aux allégations de conflits d’intérêts qui pèsent contre lui. Mais au-delà de cette joute partisane, c’est l’avenir du Québec et du Canada qui est en jeu. Et cette bataille ne se gagnera pas par la peur ou les slogans. C’est par les idées et les actions concrètes qu’il faut la mener. Nous le devons à nous-mêmes et aux générations futures.

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