Pékin met en garde les États-Unis contre un déploiement de missiles en Asie-Pacifique

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La Chine sait qu'elle est la véritable cible des États-Unis



La Chine a mis en garde mardi les États-Unis contre un déploiement de missiles dans la région Asie-Pacifique et a appelé les pays de la région, nommément le Japon, la Corée du Sud et l’Australie, à la « prudence ».




« La Chine ne restera pas les bras croisés et sera dans l’obligation de prendre des mesures de rétorsion si les États-Unis devaient déployer des missiles terrestres de moyenne portée dans cette région du monde », a averti devant la presse le directeur général du département du contrôle des armements du ministère des Affaires étrangères, Fu Cong.




À l’orée d’une tournée dans la région, le nouveau chef du Pentagone, Mark Esper, a déclaré samedi qu’il souhaitait déployer « le plus tôt possible » en Asie de nouvelles armes conventionnelles de portée intermédiaire, maintenant que les États-Unis ont dénoncé le traité de désarmement INF.




Il n’a pas précisé où les États-Unis avaient l’intention de positionner ces armements mais sa tournée dans la région devait le conduire en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Japon, en Mongolie et en Corée du Sud.




Interrogé, M. Fu n’a pas voulu préciser quelles mesures de rétorsion Pékin pourrait prendre.




« Nous appelons les pays voisins à faire preuve de prudence et à ne pas permettre un déploiement de missiles américains sur leur sol, car cela n’entrerait pas dans l’intérêt de leur sécurité nationale », a-t-il averti.




Accusant la Russie de le violer depuis des années, les États-Unis se sont retirés vendredi du traité de désarmement INF, conclu pendant la Guerre froide entre Washington et Moscou pour interdire totalement les missiles terrestres de portée intermédiaire (de 500 à 5.500 km).




Washington est désormais libre de venir concurrencer la Chine, dont l’arsenal est largement constitué d’armes du type interdit par le traité INF, dont Pékin n’a jamais été signataire.




M. Esper a assuré que les États-Unis ne se lançaient pas dans une nouvelle course aux armements : « A l’heure actuelle, nous ne prévoyons pas de fabriquer des armes de type INF à tête nucléaire », a-t-il déclaré.




Pyongyang menace de tirer d’autres projectiles après un quatrième essai en 12 jours



Pyongyang a menacé mardi de réaliser davantage de tests d’armes après avoir tiré de nouveaux projectiles, le quatrième essai du genre en 12 jours, en condamnant le début, au Sud, d’exercices militaires entre Séoul et Washington.


Ce regain d’activités militaires sur la péninsule semble hypothéquer un peu plus le processus diplomatique amorcé en 2018, Pyongyang affirmant mardi que ces manœuvres étaient une « violation flagrante » des efforts de paix et reflétaient un manque de « volonté politique » des deux pays d’améliorer les relations.




Les exercices militaires entre les États-Unis et leur allié sud-coréen provoquent immanquablement la fureur du régime nord-coréen. Mais il est rare qu’il réalise des essais de missiles pendant ces manœuvres.




La vitesse à laquelle les autorités nord-coréennes ont communiqué après ce tir est également inhabituelle. Le régime attend généralement 24 heures pour s’exprimer.




Le Nord a tiré dans la province de Hwanghae du Sud, sur sa côte ouest, « deux projectiles soupçonnés d’être des missiles balistiques de courte portée », a affirmé dans un communiqué l’état-major interarmées (JCS) sud-coréen.




« Nous sommes contraints »


Ils ont volé à une vitesse d’au moins Mach 6,9 sur environ 450 kilomètres à une altitude maximale de 37 kilomètres pour s’abîmer de l’autre côté de la péninsule, en mer de l’Est, également connue sous le nom de mer du Japon, a poursuivi le JCS.




Cette distance est dans la fourchette moyenne de celle parcourue par les autres projectiles tirés depuis 12 jours.




Séoul a présenté la plupart d’entre eux comme des missiles balistiques de courte portée tandis que Pyongyang a parlé d’un « système de lancement multiple de fusées guidées de gros calibre ». Le Conseil de sécurité de l’ONU interdit à la Corée du Nord de tester des missiles.




C’est en dépit de nombreuses mises en garde de Pyongyang que Séoul et Washington ont débuté lundi leurs exercices militaires annuels, essentiellement des simulations sur ordinateur qui visent à tester la capacité du Sud à prendre le contrôle des opérations en cas de guerre.




Moins d’une heure après les tirs nord-coréens, un responsable du ministère nord-coréen des Affaires étrangères a dénoncé ces manœuvres comme « un déni non dissimulé et une violation flagrante » de plusieurs accords liant Pyongyang, Washington et Séoul, selon l’agence officielle KCNA.




Tous les exercices conjoints entre Séoul et Washington sont « des exercices guerriers agressifs simulant une attaque-surprise et préventive de la RPDC », a dit ce porte-parole.




« Nous sommes donc contraints de développer, tester et déployer les moyens physiques puissants essentiels à la défense nationale », a-t-il poursuivi. « Les autorités américaines et sud-coréennes ne pourront pas les contrer même si on leur donne dix mois pour le faire. »




« Initiative audacieuse »


Pyongyang maintient de longue date que c’est la menace américaine qui le pousse à développer ses programmes d’armement, y compris nucléaire.




Pour Jeong Young-tae, directeur de l’Institut des études nord-coréennes à Séoul, le fait que la Corée du Nord conduise des essais pendant les manœuvres est une « initiative audacieuse » qui « pourrait indiquer qu’elle est beaucoup plus confiante qu’elle ne l’était quant à ses capacités militaires ».




« Le Nord est en train de montrer, de façon très directe, qu’il prendra des mesures si les États-Unis et la Corée du Sud poursuivent ces exercices militaires annuels », a-t-il dit à l’AFP.




Après des années de montée des tensions, la péninsule a été en 2018 le théâtre d’une remarquable détente, qui a accouché de trois rencontres entre le président américain Donald Trump le leader nord-coréen Kim Jong Un.




À Singapour, en juin 2018 les deux hommes avaient signé un engagement vague en faveur de la « dénucléarisation de la péninsule coréenne ».




Leur deuxième sommet, en février à Hanoï, avait été écourté sur des désaccords profonds.




Mais lors de leur rencontre impromptue en juin dans la Zone démilitarisée (DMZ) entre les deux Corées, ils sont convenus de reprendre le dialogue. Les discussions de travail n’ont cependant toujours pas repris.




Les experts pensent que le regain d’activités militaires sur la péninsule pourrait différer pendant plusieurs mois ces négociations.




« On ne peut attendre un dialogue constructif quand un des partenaires du dialogue est visé par des exercices simulant une guerre », a déclaré le porte-parole du ministère nord-coréen. « Nous n’avons pas besoin d’un dialogue infructueux et épuisant avec ceux qui n’ont aucun sens de la communication. »




Après le sommet de Singapour en juin 2018, Donald Trump avait annoncé la suspension des manœuvres qualifiées de « très provocatrices », reprenant à son compte la rhétorique nord-coréenne.




Et les exercices Ulchi Freedom Guardian (UFG), prévus en août 2018, avaient été annulés.




Cette année, les plus grands exercices annuels, Foal Eagle et Key Resolve, qui se déroulent normalement au printemps, ont été remplacés par des manœuvres plus petites en mars.