Pauline Marois, agente officieuse de Paul Desmarais

Tribune libre

SAINT-IRÉNÉE - Madame Pauline Marois était dans sa circonscription de Charlevoix le 15 juin dernier pour l’inauguration d’une nouvelle résidence pour étudiants au Domaine Forget, camp musical de grand luxe situé à Saint-Irénée. De grand luxe, qu’on en juge : 4,8 millions de dollars, dont 2 millions venaient de Québec, ont été investis dans un immeuble abritant 30 chambres seulement, ce qui revient à 160 mille dollars la chambre, le prix d’un condominium. Le Domaine Forget étant ouvert environ six mois par année, ça nous donne une idée de l’ampleur de cette dépense, au moment où on veut couper dans l’aide sociale et les garderies.
Le Domaine Forget est un lieu fréquenté par la haute bourgeoisie charlevoisienne, Paul Desmarais et sa femme en sont des mécènes. Le nouveau pavillon a été baptisé PAVILLON PAUL LAFLEUR, du nom de l’ancien président de la firme d’ingénierie BPR, et ancien pdg du Domaine Forget, un homme impliqué jusqu’au robinet dans le scandale des compteurs d’eau et dans de multiples activités de corruption au Québec. Monsieur Lafleur, qui a été remplacé à la tête de BPR, par Pierre Lavallée qui a déclaré à la Commission Charbonneau que « les activités de BPR étaient honteuses. » Paul Lafleur a moussé la construction à Saint-Irénée d’une usine de filtration de l’eau potable de 2,8 millions de dollars, une usine cinq fois trop grosse pour les besoins de la municipalité, et inutile parce qu’il y avait de l’eau en quantité dans les puits de Saint-Irénée, mais dont il appert qu’elle sert finalement surtout aux besoins du Domaine Forget. Madame Marois, alors dans l’Opposition, avait porté le dossier auprès de la ministre libérale aux Affaires municipales Nathalie Normandeau, et c’est sans difficulté que les sommes furent décaissées dans cette circonscription dont le plus riche des habitants est le milliardaire Paul Desmarais, lequel est un proche de monsieur Lafleur.
C’est curieux, il y a eu un black-out sur cette information dans les médias. Ni les quotidiens de Gesca (La Presse, Le Soleil) , ni Radio-Canada, commanditaire et diffuseur officiel du Domaine Forget, n’ont parlé de cette inauguration. Seul Le Charlevoisien, le journal local, a mentionné dans un entrefilet, dans sa dix-septième page, le baptême de ce nouveau pavillon. Le Domaine Forget a été si grassement subventionné pour ce projet qu’il dispose même d’un million de dollars de trop, qu’il va dépenser en travaux futurs…
Tout comme Jean Charest avant elle et Lucien Bouchard auparavant, madame Marois est proche de la famille Desmarais. Elle est une grande amie d’Hélène Desmarais, épouse de Paul Desmarais Jr, l’actuel président de Power Corporation, et présidente du Conseil d’administration de HEC Montréal; alors qu’elle était aspirante chef du Parti Québécois, elle avait assisté à la remise de la médaille de l’Ordre du mérite de l’Association des diplômés de l’Université de Montréal à Hélène Desmarais en compagnie d’une brochette d’invités triés sur le volet parmi lesquels on retrouvait le premier ministre Jean Charest et le président d’Hydro-Québec Thierry Vandal. Et comme une médaille ne vient jamais seule, madame Marois, en tant que premier ministre, a décerné le 6 juin dernier la Médaille de l’Ordre du Québec à madame Hélène Desmarais, « l’une des personnalités les plus influentes du milieu des affaires », lors d’une cérémonie qui s’est déroulée à l’Assemblée nationale. Madame Desmarais est assurément très influente dans le milieu des affaires, son mari dirige les destinées d’une foule d’entreprises au Québec et à l’étranger; ils doivent bien s’en parler un peu lors de leurs soupers en tête-à-tête.
Après Lucien Bouchard, après Jean Charest, madame Pauline Marois a adopté l’agenda de Power Corporation qui organise chaque année à Montréal depuis dix-neuf ans le Forum international des Amériques voué à l’établissement d’un nouvel ordre mondial. Parmi les sociétés dans lesquelles Power Corporation a des participations et qui dessinent ce nouvel ordre, on compte notamment GDF Suez, la pétrolière TOTAL, le quotidien LA PRESSE, qui est demeuré très discret sur la tenue de ces assises. Les centaines de participants triés sur le volet à ces travaux qui se sont tenus à l’Hôtel Bonaventure ont été chaleureusement accueillis par madame Marois. C’est Power Corporation qui organise cette conférence des piliers de l’ordre mondial et qui fixe l’ordre du jour. Dans l’échelon des partenaires à ces assises, les gouvernements du Québec et du Canada arrivent au cinquième rang.
Madame Marois, on le voit, est une proche collaboratrice de Power Corporation et une amie de la famille. On se demande un peu d’ailleurs ici, dans Charlevoix, comment il se fait qu’elle soit députée de la circonscription, si ce n’est pour se rapprocher du véritable pouvoir financier qui siège à Sagard, au château des Desmarais, non loin d’ici. Après tout, elle n’a pas d’attaches ici, elle ne vient pas d’ici, et on ne la voit jamais ici. Elle demeure à Montréal dans le luxueux condo dont elle vient de faire l’acquisition avec son mari Claude Blanchet et, si elle s’est fait construire une propriété à Saint-Irénée, ses visites dans le coin demeurent fort discrètes.
Madame Marois et son mari sont riches, ce qui n’est pas un tort en soi. Dans son autobiographie écrite en 2008, madame Marois écrit ceci : « Quelques mois après notre mariage, Claude (Blanchet) fut embauché chez Power Corporation (…) Cette compagnie venait d’acquérir Campeau Corporation et son propriétaire (Paul Desmarais) offrit à Claude de le représenter en tant qu’assistant du président, Robert Campeau, à Ottawa. (…). Je puis toutefois aller le rejoindre lorsque je reçus le mandat de travailler avec des groupes communautaires qui combattaient avec acharnement le grand projet de développement immobilier d’édifices administratifs du gouvernement fédéral mis en œuvre par le premier ministre P.E. Trudeau, Desmarais (sic), Campeau et mon mari, Claude, sans tenir compte des besoins et conditions de logements de la population. Nous nous sommes installés, Claude et moi, à Ottawa dans un logement meublé que nous louions de Campeau Corporation (Desmarais-Power Corp). C’était la première fois que nous avions de beaux meubles. »(…) « Je travaillais le jour pour aider les Québécois délogés et le soir je retournais à Ottawa rejoindre mon mari et ses riches associés discuter de leur œuvre à Hull (au Québec) dans les grands hôtels d’Ottawa. »
Madame Marois est une femme de théâtre, une comédienne. Elle a l’habitude de jouer sur deux tableaux à la fois. Elle arborait le carré rouge le printemps dernier mais ça ne l’a pas empêché d’indexer les droits de scolarité. Elle tapait sur des casserolles, mais fit taper sur des étudiants encore l’automne dernier. Elle se dit pour l’indépendance du Québec mais travaille contre l’unité des forces souverainistes. Elle est proche de BPR, une firme d’ingénierie impliqués dans les plus gros scandales de corruption de ces dernières années au Québec, et proche de la famille Desmarais. Elle dit aimer le Québec, mais elle n’a pas hésité, après avoir annulé tous les projets de mini-centrales hydroélectriques mis de l’avant par son prédécesseur, de mettre la hache dans la grandiose chute de la rivière Ouiatchouan de Val-Jalbert, un projet dans lequel, au passage, BPR a retiré jusqu’à maintenant près d’un million de dollars, et ce n’est pas fini.
Elle prétend être indépendante des puissances d’argent, mais organise sous la houlette de Power Corporation le Nouvel Ordre Mondial qu’on veut imposer à l’échelle du Québec, des Amériques et du monde.
Madame Marois n’est pas celle que l’on croit. Il est grand temps de s’en rendre compte. Elle fait partie de l’establishment financier qui veut asseoir sa domination sur les Québécois et les peuples de ce monde.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    7 octobre 2013

    M. Harvey,
    Je constate que vous avez pris d’étonnantes libertés avec la biographie de Mme Marois que vous prétendez citer, en modifiant des passages, retranchant et ajoutant des mots.
    Vous la citez disant ceci: "Je pus toutefois aller le rejoindre lorsque je reçus le mandat de travailler avec des groupes communautaires qui combattaient avec acharnement le grand projet de développement immobilier d’édifices administratifs du gouvernement fédéral mis en œuvre par le premier ministre P.E. Trudeau, Desmarais (sic), Campeau et mon mari, Claude, sans tenir compte des besoins et conditions de logements de la population.»
    Voici textuellement ce qui est écrit en pages 26 et 27:
    «Je pus toutefois aller le rejoindre pendant quelques mois. J’avais le mandat de travailler, avec d’autres personnes bien sûr, à la remise sur pied de l’Association coopérative d’économie familiale. La ville de Hull, située juste en face de la riche et anglophone Ottawa, était alors en pleine turbulence. Ses groupes communautaires combattaient avec acharnement le grand projet de développement d’édifices administratifs du gouvernement fédéral mis en œuvre sans tenir compte des besoins et des conditions de logement de la population».
    Encore, vous la citez disant ceci : «Je travaillais le jour pour aider les Québécois délogés et le soir je retournais à Ottawa rejoindre mon mari et ses riches associés discuter de leur œuvre à Hull (au Québec) dans les grands hôtels d’Ottawa.» Vous dénaturez complètement ses propos, tels qu’écrits textuellement en page 30 :
    «Nous étions le couple antinomique par excellence, lui dans le capitalisme immobilier et moi dans l’engagement social. Travailler le jour avec des délogés du centre-ville de Hull et me rendre le soir rejoindre Claude en compagnie de riches gens d’affaires dans les grands hôtels d’Ottawa ne pouvait se dérouler sans heurts» -- et elle poursuit en racontant qu’un soir, dans un des très chics restaurants, elle avait fini par vertement engueuler Robert Campeau, le patron de son mari, qui les avait invités, sur ses positions sociales.
    Vous avez également omis d’autres détails intéressants concernant la relation Marois-Blanchet-Desmarais.
    Comme ne pas mentionner que Power Corporation n’avait détenu que pendant deux ans, de 1970 à 1972, des actions dans Campeau Corporation que celle-ci avait rachetées pour 27 millions de francs suisses.
    Vous avez également écrit de telle façon à laisser entendre que le 6 juin 2013, Mme Marois n’avait décerné qu’à Mme Hélène Desmarais seule, la Médaille de l’Ordre du Québec, pour honorer celle que vous dites être «une amie intime», alors qu’ils étaient 32 récipiendaires à la cérémonie! Et ce que vous glissez entre guillemets, pour faire croire à un compliment spécifique de Mme Marois envers Mme Desmarais, «l’une des personnalités les plus influentes du milieu des affaires», ne se retrouve nulle part dans les félicitations de Mme Marois à tous les médaillés!
    Alors, pour la crédibilité, on repassera!