Où sont les grands stratèges?

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Trudeau pourrait ne jamais se remettre de la démission de sa ministre amérindienne


On savait déjà que Justin Trudeau, contrairement à son père, n’est pas tout à fait de la trempe des grands stratèges politiques. À la lumière du fouillis qu’est devenue l’« affaire » SNC-Lavalin, force est de constater que les « grands stratèges » manquent aussi terriblement dans son propre entourage.


De fait, on ne compte plus les erreurs stratégiques dans ce dossier. Les deux principales sont toutefois les pires. La première fut de rétrograder Jody Wilson-Raybould en janvier. En la faisant passer du prestigieux ministère de la Justice aux Anciens combattants, un ministère d’importance moindre, l’insulte crevait les yeux.


Même s’il s’avérait que le premier ministre favorisait une entente de réparation pour SNC-Lavalin et Mme Wilson-Raybould, un procès, rétrograder une ministre respectée ne pouvait que lui créer une adversaire potentielle au sein même de son cabinet.


Trahis


Rétrograder une femme autochtone renommée avait aussi valu à M. Trudeau une flopée de critiques acerbes de la part de plusieurs chefs autochtones se disant « trahis ». Se présentant comme le grand réconciliateur face aux Premières Nations, le premier ministre venait de gaffer sérieusement.


La deuxième erreur fut de jurer cette semaine que la présence de Mme Wilson-Raybould dans son cabinet parlait d’elle-même. Bref, que tout était au beau fixe entre eux !


Fossé


L’erreur ici était de prêter à Mme Wilson-Raybould une position probablement contraire à la réalité. Résultat : quelques heures plus tard, la ministre démissionnait. D’où la crise politique dans laquelle le premier ministre doit patauger en pleine année électorale.


Comme je l’écrivais hier, au Canada anglais, ce qu’on reproche surtout à M. Trudeau est d’avoir tenté de préserver une multinationale québécoise des conséquences néfastes d’un procès. Une énième manifestation du fossé qui, depuis longtemps, sépare les intérêts respectifs des « deux solitudes » au Canada.


Dépendant des suites de cette saga, le pire danger guettant les libéraux serait qu’au scrutin du 21 octobre, Justin Trudeau finisse par en payer lui-même le prix.