OTTAWA – Le gouvernement fédéral a évacué plus d’une vingtaine d’homosexuels tchétchènes de Russie vers le Canada dans le cadre d’un programme secret unique au monde, a révélé vendredi le «Globe and Mail».
Selon le quotidien torontois, c’est le bureau de la ministre des Relations internationales, Chrystia Freeland, déjà «persona non grata» en Russie, qui a piloté ces évacuations clandestines orchestrées en dehors des conventions du droit international. Des organisations non gouvernementales ont aussi participé à ces opérations, qui, des mois durant, n’avaient pas été ébruitées, même si Ottawa avait condamné tout geste commis à l’endroit des gais en Tchétchénie et en Russie. La Tchétchénie est une république de la Fédération de Russie.
Le gouvernement Trudeau aurait décidé d’agir rapidement parce que les forces de sécurité tchétchènes pourchassent les homosexuels et les maltraitent. Le leader tchétchène Ramzan Kadyrov avait d’ailleurs dit, au cours d’une entrevue accordée en juillet à HBO Sports, que les homosexuels sont «des démons» et qu’ils feraient mieux de trouver refuge au Canada.
«Nous n'avons pas de gais et, s'il y en a, emmenez-les au Canada. [...] Ils sont des démons. Ils sont à vendre, ce ne sont pas des hommes. Que Dieu les maudisse pour ce dont ils sont accusés. Ils devront en répondre devant le Tout-Puissant», avait-il dit.
Jusqu’à présent, selon le «Globe and Mail», 22 homosexuels tchétchènes auraient trouvé refuge à Toronto et dans d’autres villes canadiennes. Il s’agit du tiers de tous les hommes qui avaient quitté la Tchétchénie et qui étaient logés dans des refuges en Russie devenus moins sécuritaires. Les autres devraient arriver au Canada au cours des prochains jours ou semaines. D’autres pays comme la France et l’Allemagne accueillent aussi les réfugiés homosexuels tchétchènes.
«Le Canada a accepté un grand nombre de personnes en danger, et c'est formidable. Le gouvernement canadien mérite beaucoup d'éloges pour montrer une telle ouverture et de la bonne volonté pour fournir un sanctuaire à ces personnes. Ils ont fait le bon choix», a dit Tanya Lokshina, directrice du programme russe pour Human Rights Watch, une organisation basée à New York.
Ramzan Kadyrov, un proche du président russe Vladimir Poutine – qui rappelons-le a banni la «propagande gaie» en 2012 –, n’en est pas à ses premières politiques controversées. Son gouvernement a encouragé l’assassinat des gais et n’a pas retenu d’accusations contre ceux qui sont passés à l’action.
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