Juste après le déconfinement, l'atmosphère est devenue orageuse à Palavas-les-Flots (Hérault). Plusieurs habitants de cette station balnéaire, souvent âgés, ont senti leurs nerfs se mettre en pelote devant les tapages qui se répétaient en bas de chez eux : jeunes vacanciers déambulant ivres dans les rues, fumeurs de chicha, consommateurs de protoxyde d'azote (un gaz hilarant) aux abords des plages, chauffards roulant à tombeau ouvert au volant de leurs grosses cylindrées… « Il y a eu des rodéos, des coups de couteau, des cambriolages. Hier, toutes les voitures d'un parking ont été rayées. Ça n'existait pas auparavant ! », s'exclame Michel, un commerçant de 65 ans. Aussi un petit groupe de Palavasiens « excédés » a-t-il lancé en juin Palavas solidaire, un collectif « anti-incivilités » . Leur but ? Remédier aux troubles. Par eux-mêmes. « Ça commençait à très mal partir, il y en a qui voulaient former des milices », confie Martial La Rosa, l'un des instigateurs, en longeant, en cette mi-août, les sept kilomètres de plages de sable fin.
Coup sur coup, trois rassemblements ont eu lieu au début de l'été. Ensuite, dans la brume du 7 août, une manifestation est organisée « contre la délinquance, la racaille et l'insécurité ». Par la grâce de Facebook et du bouche-à-oreille, quelque 200 « excédés » défilent, attirant, en ce creux estival, les caméras de BFMTV, de TF1 et des médias de la « fachosphère », où l'on entend résonner leurs slogans : « La racaille dans le canal ! ». Le tout en présence d'une célébrité régionale : Richard Roudier, président du groupuscule d'extrême droite la Ligue du Midi, venu protester, comme il l'écrit sur son site, contre les « hordes barbares » présentes, selon lui, sur les plages de « Palavas l'identitaire ».
Les images tournent en boucle. La...