Alexandre Loukachenko, le président biélorusse, s’est exprimé, vendredi 21 août, devant des ouvriers dans la région de Dziarjynsk (au sud-ouest de Minsk), sur les manifestations qui se poursuivent dans son pays, après les élections controversées du 9 août. Il a assuré qu’il allait « résoudre le problème », et a accusé les Etats-Unis de « diriger » les manifestants. Le président contesté a aussi affirmé aux travailleurs que « cela ne [devait] pas [les] inquiéter ».
« C’est mon problème, que je dois résoudre et nous le résolvons. Et, croyez-moi, dans les jours qui viennent, ça sera résolu », a-t-il ajouté, cité par l’agence de presse publique Belta. Il a ensuite sous-entendu que les manifestants étaient payés : « Vous êtes des travailleurs, vous savez que l’argent se gagne comme ça [par le travail]. Parfois, il se gagne dans la rue, mais ça ne dure pas longtemps. »
Le président au pouvoir depuis vingt-six ans a par ailleurs accusé les Etats-Unis d’avoir organisé ces manifestations, afin de créer un « cordon sanitaire [regroupant] les trois pays baltes, [la Biélorussie] et l’Ukraine » pour isoler la Russie. « Les Etats-Unis planifient et dirigent tout ça, et les Européens jouent le jeu. Un centre spécial a été créé à Varsovie », a-t-il assuré.
M. Loukachenko, qui clame avoir remporté l’élection avec 80 % des voix, mais est confronté à un mouvement de protestation inédit dans cette ex-république soviétique, refuse depuis le début de la crise de dialoguer avec l’opposition, qui dénonce des fraudes et organise des manifestations quotidiennes dans le pays.
Vendredi, la chef de file de l’opposition biélorusse, Svetlana Tsikhanovskaïa, a défié le président en affirmant que le peuple biélorusse n’« acceptera[it] jamais plus » son leadership, alors que le pouvoir a lancé des poursuites contre l’opposition.
« Le président devrait savoir maintenant que nous avons besoin d’un changement », a déclaré Mme Tsikhanovskaïa à des journalistes à Vilnius dans sa première intervention depuis qu’elle s’est réfugiée en Lituanie le 11 août. Le peuple biélorusse « n’acceptera jamais plus le leadership actuel », a-t-elle assuré.
L’opposante, qui revendique la victoire à l’élection présidentielle du 9 août et dénonce des fraudes, « espère que le bon sens l’emportera, que les gens seront entendus et qu’il y aura de nouvelles élections ».
Mme Tsikhanovskaïa a précisé qu’elle rentrerait en Biélorussie quand elle se « sentira[it] en sécurité », alors que les autorités biélorusses ont entamé jeudi des poursuites pour « atteinte à la sécurité nationale » à l’encontre du « conseil de coordination » formé par l’opposition pour promouvoir la transition politique après l’élection du 9 août.