Obsession austère

Géopolitique — Union européenne

L'austérité sans croissance sonne faux. Et lorsqu'un pays comme la Grèce, condamné par ses pairs à une impossible restructuration, ne dispose pas de sa banque centrale et de sa monnaie, il ne reste plus qu'à réécrire la théorie économique. Les grands commentateurs économiques, le FMI, l'OCDE et même les agences de notation, ne parviennent plus à comprendre cette obsession européenne pour une austérité budgétaire sans croissance économique. Une obsession qui, selon les propos des agences Moody's et Fitch recueillis par le Wall Street Journal, s'étendrait sans aucune urgence ni nécessité dans le prochain budget d'Ottawa. La Grèce, sans ses leviers monétaires, et le Royaume-Uni, avec tous ses leviers monétaires, sont devenus les deux opposés d'une même obsession dysfonctionnelle. Et dire que cette austérité visait à parer une décote. La décote des agences est tout de même venue. D'abord de Standard & Poor's balayant d'un regard froid tous ces pays de la zone euro embourbés dans un endettement paralysant. Puis par Moody's, qui a estimé que la décote était justement rendue nécessaire en raison d'une austérité rendant hors de portée immédiate l'atteinte d'un ratio d'endettement public cible. Et voilà que Fitch et Moody's mettent aujourd'hui en garde Ottawa contre la rédaction d'un budget sur le même thème. Une austérité aussi prématurée que non nécessaire qui nuirait à la croissance et qui produirait l'effet inverse à celui désiré, préviennent-elles. En Europe, malgré l'austérité répétée depuis deux ans, l'endettement public ne cesse d'augmenter. Selon les récentes données d'Eurostat, le ratio dette/PIB de la zone euro se chiffrait à 87,4 % à la fin du troisième trimestre de 2011, contre 83,2 % un an plus tôt. Pour l'ensemble de l'Union européenne, il est passé de 78,5 % à 82,2 % dans l'intervalle. Pour la Grèce, qui en est à sa cinquième année de récession et à son xième plan de rigueur, le ratio d'endettement atteint désormais les 159,1 %, contre 138,8 % au troisième trimestre de 2010. Hors euro, le Royaume-Uni voit son ratio d'endettement atteindre désormais 85,2 % du PIB, contre 78,3 % au troisième trimestre de 2010. N'empêche, ce champion de l'austérité parmi les pays industrialisés persiste et signe, même si cette économie est désormais condamnée à la récession. Sans oublier que cette entrée en récession se fait au moment où le chômage britannique atteint ses sommets mesurés dans la foulée de la crise financière de 2008. Même constat pour la zone euro, qui flirte avec la récession au moment où le chômage atteint des sommets. Les adeptes de la rigueur budgétaire quel que soit l'état de la conjoncture économique ont le réflexe de citer le Canada en exemple. Au sortir de la récession de 1990-1992, avec un ratio d'endettement public gravitant autour des 100 % du PIB, le Canada était relégué au rang des pays du tiers monde, avec le FMI à ses trousses. La pilule de l'austérité a été imposée avec, pour résultat, un retour à l'équilibre en 1997. Mais ce retour en forme des finances publiques fédérales s'est fait au prix d'un généreux pelletage dans la cour des provinces. Il est survenu dans un contexte inflationniste, avec un rebond de l'inflation autour de 4 % en 1994-1995, et de reprise économique digne de ce nom, avec une progression du PIB oscillant entre 5 et 6 %. La vigueur remarquée chez les partenaires commerciaux apportait aussi ses effets bénéfiques à une économie fortement tournée vers l'extérieur, disposant de ressources naturelles abondantes et comptant sur une devise s'échangeant autour de 70 ¢US. D'ailleurs, il appert que sans les coupes massives appliquées alors aux dépenses fédérales, le retour aux excédents budgétaires aurait été plus rapide. Les adeptes de la rigueur budgétaire quel que soit l'état de la conjoncture économique ont le réflexe de citer le Canada en exemple. Au sortir de la récession de 1990-1992, avec un ratio d'endettement public gravitant autour des 100 % du PIB, le Canada était relégué au rang des pays du tiers monde, avec le FMI à ses trousses. La pilule de l'austérité a été imposée avec, pour résultat, un retour à l'équilibre en 1997. Mais ce retour en forme des finances publiques fédérales s'est fait au prix d'un généreux pelletage dans la cour des provinces. Il est survenu dans un contexte inflationniste, avec un rebond de l'inflation autour de 4 % en 1994-1995, et de reprise économique digne de ce nom, avec une progression du PIB oscillant entre 5 et 6 %. La vigueur remarquée chez les partenaires commerciaux apportait aussi ses effets bénéfiques à une économie fortement tournée vers l'extérieur, disposant de ressources naturelles abondantes et comptant sur une devise s'échangeant autour de 70 ¢US. D'ailleurs, il appert que sans les coupes massives appliquées alors aux dépenses fédérales, le retour aux excédents budgétaires aurait été plus rapide. Pour l'Europe, l'austérité survient en l'absence de croissance et de reprise économique dignes de ce nom. Et pour nombre de pays concernés, la zone euro accapare une large portion de leur commerce extérieur. Avec, pour la plupart, des banques commerciales dépendantes de l'activité économique dans la zone et fortement exposées à la dette souveraine européenne. Ainsi, avec une rigueur imposant une réduction draconienne des dépenses des gouvernements, une mise à pied massive dans la fonction publique, une hausse des taxes et une baisse des revenus des ménages, de fortes pressions baissières sont exercées sur deux des quatre grandes composantes entrant dans le calcul du PIB. Cette récession et cette faible demande intérieure faisant apparaître d'importants excédents de capacité, difficile également de stimuler l'investissement privé des entreprises. Quant à la quatrième grande composante, le secteur extérieur, cette dépendance envers une zone euro plombée par l'austérité généralisée ne laisse miroiter aucun potentiel immédiat. On s'en trouve à la fois à accroître les déficits grossissant la dette publique et à abaisser le PIB. Lorsque l'endettement est mesuré par un ratio dette/PIB, on n'en sort pas.



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