De nouvelles manifestations prorégime ont été organisées vendredi en Iran en riposte au mouvement de contestation, à quelques heures d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU réclamée par les États-Unis.
Ennemi juré du régime iranien, les États-Unis, qui ont apporté leur soutien aux protestataires, ont imposé dès jeudi de nouvelles sanctions contre des groupes industriels iraniens soupçonnés de participer au programme de missiles balistiques de l'Iran.
Du 28 décembre au 1er janvier, ce mouvement de contestation, basé sur des revendications essentiellement économiques, a secoué de nombreuses villes du pays. Elle a parfois comporté des slogans plus politiques, et des violences ont fait 21 morts, en majorité des manifestants.
Le calme est globalement revenu depuis mardi, au prix d'un déploiement important de forces de sécurité.
Selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, dont on ne peut vérifier l'authenticité, de petites protestations ont encore eu lieu jeudi soir en province.
Les responsables iraniens ont accusé la CIA américaine, Israël et l'Arabie saoudite d'avoir cherché, avec l'aide des groupes «contre-révolutionnaires» et des Moudjahidine du peuple --principal groupe d'opposition en exil--, d'être derrière les troubles.
Ils ont annoncé vendredi l'arrestation de quatre membres d'une «cellule terroriste» liée aux Moudjahidine dans la province de Lorestan (ouest).
Pour la troisième journée consécutive, de nouveaux rassemblement de soutien au régime ont dans le même temps eu lieu, après la prière collective du vendredi, dans la région de Téhéran et dans plusieurs villes de province.
Elles ont été l'occasion de vilipender à nouveau les «fauteurs de troubles», selon les images de la télévision d'État.
Les traditionnels slogans «Mort à l'Amérique», «Mort à Israël» et «Mort à Monafegh» --terme qui signifie hypocrite et désigne dans la bouche des autorités les Moudjahidine-- ont été lancés.
D'importantes manifestations prorégime avaient déjà été organisées mercredi et jeudi.
Identifier les protestataires
Durant les troubles, des centaines de personnes ont été arrêtées tandis que des biens publics -banques, bâtiments officiels, postes de police- ont été endommagés ou incendiés.
La police a demandé à la population de lui «envoyer les vidéos et les images des actions anti-sécuritaires», selon les médias. Des photos de protestataires ont aussi été publiées par les autorités pour demander aux citoyens d'aider à les identifier.
Les autorités, toutes tendances confondues, ont resserré les rangs pour dénoncer les troubles, tout en soulignant la nécessité de répondre aux revendications «légitimes» de la population.
Certains partisans du président modéré Hassan Rohani ont par ailleurs accusé des groupes conservateurs d'avoir provoqué, par calcul politique, les manifestations initiales de Machhad, la deuxième ville du pays, qui avaient ensuite dégénéré.
Les conservateurs ont nié et insisté sur le fait qu'il revenait au gouvernement de changer de politique économique pour préserver le pouvoir d'achat des classes populaires.
Le parlement dirigé par le conservateur modéré Ali Larijani, un allié de M. Rohani, a déjà rejeté l'idée d'une hausse de 50% du prix de l'essence, prévue dans le projet de budget.
«Le prix de l'électricité, de l'eau et du gaz ne va non plus augmenter», a ajouté vendredi Gholamreza Gharmsar, membre de la direction du parlement.
Rendez-vous à l'ONU
Contrastant avec le ton mesuré des Européens et de l'ONU, l'administration américaine de Donald Trump, qui est vent debout contre l'accord sur le nucléaire iranien signé en 2015, a apporté un soutien appuyé aux contestataires.
À la demande des États-Unis, une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Iran est prévue dans la journée.
Washington a déjà franchi un pas jeudi en imposant de nouvelles sanctions contre des groupes industriels soupçonnés de participer au programme de missiles balistiques de Téhéran.
Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a accusé l'Iran de «privilégier» son programme de missiles «au détriment du bien-être économique de son peuple».
Pour le département d'État, les responsables iraniens devront «rendre des comptes (...)».
Revenant à la charge, le procureur général iranien, Mohammad Jafar Montazeri, a accusé les États-Unis, Israël et l'Arabie saoudite d'être derrière les violences.
«Le projet pour créer l'insécurité et des troubles en Iran a commencé il y a quatre ans (...), le principal architecte est «le responsable de la CIA» pour l'Iran Michael D'Andrea, a dit M. Montazeri, cité par l'agence Isna.
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