Nicolas Dupont-Aignan : « Au lieu d’écouter Greta Thunberg, je suis allé voter contre le CETA »

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Un député patriote contre l'Accord de libre-échange Canada-UE


Journée particulière à l’Assemblée nationale : la jeune militante écologiste s’exprimait devant des députés sur l’urgence climatique puis, dans l’après-midi, était adopté le CETA, traité de libre-échange controversé entre l’Union européenne et le Canada.


Réaction de Nicolas Dupont-Aignan au micro de Boulevard Voltaire.



Greta Thunberg est à l’Assemblée nationale aujourd’hui. L’avez-vous rencontrée ?


Je ne l’ai pas rencontrée, mais j’ai écouté ce qu’elle a dit. J’ai entendu des vœux pieux et sympathiques. Cette jeune fille a seize ans. Elle dit des choses justes sur l’urgence climatique, mais rien de concret.

Le rôle d’un homme politique est d’aller un peu au-delà. Le privilège qui nous est donné par le peuple français est celui de voter. Plutôt que d’aller écouter Greta Thunberg qui répète toujours la même chose, je suis allé voter contre le traité franco-canadien. Il est mauvais pour le climat et pour notre alimentation. Il est désastreux pour nos agriculteurs, nos éleveurs, nos paysages et nos terroirs.


Le vote du traité franco-canadien a été décalé à aujourd’hui. Certains ont accusé le gouvernement de vouloir se servir de la visite de Greta Thunberg pour masquer ce vote. Partagez-vous cette impression ?


Nous vivons dans la société de la tromperie, de la tartuferie et du piège permanent de la communication. Je pense que les gens n’en peuvent plus.

Sur 577 députés, 266 ont voté pour le CETA. Ce dernier a donc été approuvé par une minorité de députés. Beaucoup étaient absents ou se sont abstenus.

Les huit heures que nous avons passées mercredi dernier à batailler contre le gouvernement commencent à porter leurs fruits. À un moment, la vérité perce. Lorsque je parlais du CETA et du Mercosur pendant la campagne pour les européennes, on me faisait taire. On criait « fake news, complotiste, danger ». Je n’avais pas le droit d’en parler. Un mois après, on nous a sorti le CETA ratifié et le Mercosur qui va tuer notre élevage. Le journal Le Monde reconnaît que je voyais juste sur les farines animales et que le gouvernement a menti. Si les gens voient écrit « fake news » comme une critique contre nous, c’est en réalité le gouvernement qui fait des fake news permanentes et qui trompe l’opinion.

En politique, il faut creuser le sillon et ne pas lâcher. C’est ce que je fais. Malheureusement, les godillots d’En Marche ! ont voté ce traité gravissime.


On serait tenté de dire qu’il est très positif d’avoir des liens commerciaux avec les Canadiens. En quoi ces traités sont-ils dangereux pour les intérêts du peuple français et pour la planète ?


Pour la planète, c’est très simple. La France a réduit son émission de gaz carbonique de 20 %, mais les produits importés le lui ont fait augmenter de 20 %. Cela veut dire que, ainsi, on exporte notre pollution ailleurs. Mais c’est la même planète… Et nous avons davantage de chômage chez nous.

La seule façon de régler le problème du chômage et de l’environnement est de produire made in France, local.

Quel est l’intérêt d’exporter des produits agricoles à l’autre bout du monde et de réimporter par avion des produits agricoles ici, alors qu’on a tout pour être autosuffisant ?

Quel est l’intérêt de laisser crever nos campagnes ? Quel est l’intérêt d’interdire à nos agriculteurs d’utiliser des produits chimiques si 42 produits toxiques sont autorisés à l’importation du Canada ?

Il faut revenir sur Terre ! Je veux du bon sens… Il faut certes du libre échange, mais un libre échange mesuré, un juste échange.

Si on produit français, on aura un million d’emplois en plus et les caisses de retraite seront équilibrées. Cela ne serait pas plus mal pour payer nos retraites, non ?


Quelle analyse tirez-vous de votre campagne et à quoi attribuez-vous votre échec ?


C’est une déception, mais je m’en suis très bien relevé. Je vais en tirer des leçons.

Les faits me donnent raison. J’ai découvert qu’en France, il ne faut pas parler trop tôt. J’ai parlé des sujets qui fâchaient. J’ai parlé de Notre-Dame, on m’a traité de tous les noms. J’ai parlé du Mercosur, on m’a dit que cela n’existait pas. Pourtant, ils arrivent maintenant. J’ai parlé du CETA, on m’a dit que ce n’était pas intéressant.

On nous a fait une élection européenne de bande dessinée. Je ne suis peut-être pas doué pour les bandes dessinées. Je suis un homme sérieux.

Je suis certain qu’au fur et à mesure, les Français me rendront justice. Je continue donc à dire ce que je crois juste. C’est aux Français de voter. Je remarque que la moitié ont voté aux européennes. Je suis certain qu’on arrivera à virer Macron et à redonner la France aux Français que lorsqu’on aura mobilisé l’électorat. Notre objectif de rentrée est de mobiliser les gens qui pensent comme nous.

Pourquoi 25 millions de Français ne vont-ils pas voter, alors que, souvent, ils pensent comme nous ?

Si les Français ne réagissent pas, ils vont crever dans leur propre pays.

Mon devoir n’est pas de faire un mea culpa que voudraient les journalistes, mais c’est de changer la vie politique française et d’inciter les Français à prendre leur bulletin de vote. Sinon, ils vont vivre dans un pays dont ils seront chassés. On l’a vu au moment de la coupe du monde. Je me suis exprimé à ce moment-là et on m’a beaucoup critiqué.