Michel Collon : «Saboter la Chine et sa Nouvelle Route de la Soie»

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La partie devient très serrée



L’écrivain Michel Collon continue sa série «Obama envisage un conflit mondial» en s’intéressant, cette fois, à la Chine.


Le 7 mai 99, l’US Air Force frappait l’ambassade chinoise à Belgrade, faisant trois morts. La Chine avait eu le tort de s’opposer à la guerre de l’Otan contre la Yougoslavie.



Le bombardement était un avertissement



Démontant les excuses bidon, nous écrivions alors : «Le bombardement était un avertissement.  Washington veut à tout prix éviter une grande alliance entre la Chine, la Russie, voire l’Inde et d’autres puissances encore.» Responsable des bombardements, le président Clinton déclarait d’ailleurs : «Mon principal sujet de préoccupation, aujourd’hui, c’est la Chine». Mais aujourd’hui, le cauchemar de Washington est en train de se réaliser et il porte un nom : Nouvelle Route de la Soie. L’ancienne route, composée de pistes reliant la Chine à la Turquie, fit la fortune de nombreux pays et marchands. La nouvelle bouleversera-t-elle les équilibres mondiaux ?


L’économie chinoise possède trois caractéristiques :


1. C’est la plus performante du monde depuis vingt ans. Très ironiquement, une «dictature communiste ne comprenant rien à l’économie» est actuellement la bouée de sauvetage d’un capitalisme mondial en crise mais toujours aussi arrogant.


2. Pauvre en matières premières, elle dépend très fortement de ses importations. Elle consomme 75% du cuivre congolais, 70% du fer sud-africain, une grande partie du pétrole et du gaz du Moyen-Orient mais aussi de la Russie et des républiques ex-soviétiques d’Asie centrale, etc.


3. Devenue «l’atelier du monde», elle exporte de nombreux biens de consommation.



«Dictature communiste ne comprenant rien à l’économie» est actuellement la bouée de sauvetage d’un capitalisme mondial



Les routes commerciales actuelles étant lentes et insuffisantes, Pékin a lancé un projet  gigantesque : construire d'immenses «corridors» la reliant aux autres continents. La route terrestre serait composée de trains à grande vitesse, d’autoroutes, de pipelines, de fibres optiques de télécommunication. Traversant l’Asie centrale, elle relierait Pékin à Moscou, mais pourrait être prolongée vers l’Iran (dès la levée des sanctions), la Turquie et… toute l’Europe en fait. Rotterdam, Anvers et Berlin seraient ainsi directement connectés à la Chine et aux économies asiatiques.


Les routes maritimes relieraient la Chine à l’Afrique, à l’Europe et même à l’Amérique latine, ce qui développerait fortement les économies de toutes ces régions. Mais le transport maritime moderne nécessite des ports en eau profonde permettant le ravitaillement et le passage rapide des bateaux. A construire.


Actuellement, Shanghai – Rotterdam prend un mois par la mer, moins de trois semaines en train, deux semaines en camion. En améliorant les infrastructures et en réduisant les arrêts aux douanes, la durée des transports terrestres serait réduite de moitié. Ecologiquement, multiplier les camions n’est pas très responsable, mais c’est un autre débat.



La Nouvelle Route de la Soie concerne 65 pays, 4,4 milliards de gens



En fait, Pékin propose aux pays du Sud de développer leurs économies en renforçant les échanges. Et aux pays du Nord de trouver des débouchés pour leurs usines tournant au ralenti. Bien sûr, les entreprises européennes - allemandes surtout - salivent de joie à la perspective de gigantesques contrats de construction. Pour financer tout cela, Pékin a créé deux grandes banques ouvertes aux investisseurs étrangers. La Nouvelle Route de la Soie concerne 65 pays, 4,4 milliards de gens et ces pays représentent actuellement 29% de la production mondiale, mais ce pourcentage pourrait doubler avec le nouveau projet.



Jusqu’où ira le conflit Washington - Pékin ?



Les seuls à ne pas se réjouir, ce sont les Etats-Unis, exclus de cette nouvelle route commerciale. Jusqu’où ira le conflit Washington - Pékin ? Et quel rôle joue l’Iran sur cet échiquier ?



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