Marion Maréchal, tous les courants de l’extrême droite représentés dans son école lyonnaise

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Est-ce la mise en place d'un renouvellement intellectuel du nationalisme en France ?

Catholiques traditionalistes, royalistes, néo-fascistes… Toutes les tendances de l’extrême droite seront représentées parmi les intervenants de la future école de sciences politiques lancée mardi par Marion Maréchal, qui entend défendre « enracinement » et « identité culturelle ».


L’Institut de sciences sociales, économiques et politiques (Issep), association qui dispense des Master 1, Master 2 et magistère non reconnu par l’État, doit ouvrir en septembre à Lyon, a indiqué la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, qui avait fait de son patronyme un nom d’usage avant d’y renoncer il y a quelques jours.




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Marion Maréchal retire Le Pen de son nom de famille sur Twitter et Facebook http://www.bfmtv.com/politique/marion-marechal-le-pen-se-fait-desormais-appeler-marion-marechal-1448673.html#page/contribution/index …





« L’usage du terme « sciences politiques » me paraît un peu inquiétant parce que la science politique, ça n’est pas la politique », a réagi auprès de l’AFP le directeur de Sciences Po Lyon, Renaud Payre.


Reprenant le terme « institut », l’Issep crée la confusion avec les dix Instituts d’études politiques (IEP) qui sont destinés à « former des étudiants ouverts sur le monde et pas repliés sur une quelconque identité culturelle ou politique », a-t-il ajouté.


Un organigramme exclusivement masculin


Marion Maréchal, 28 ans, pilotera la direction générale, confiant les manettes du conseil scientifique à deux proches, Patrick Louis et Jacques de Guillebon.


Le premier, professeur d’économie et de géopolitique à Lyon-3, avait commencé une carrière politique lors des régionales de 1998 sur la liste de Charles Millon, élu président de Rhône-Alpes avec les voix du FN. L’universitaire était ensuite devenu numéro deux du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers.


Le journaliste Jacques de Guillebon, qui se revendique comme catholique traditionaliste, est pour sa part un ami intime de Marion Maréchal, pour qui il a écrit plusieurs discours. Il dirige en outre le mensuel L’Incorrect, avatar médiatique du marion-maréchalisme, lancé en septembre.


L’organigramme du corps enseignant, exclusivement masculin, fait se côtoyer de vieilles figures de l’extrême droite française, tels le fondateur du Parti des forces nouvelles, Pascal Gauchon, ou l’ex-président d’Alliance royale, Yves-Marie Adeline, avec de jeunes conservateurs, à l’image de Thibaud Collin, co-auteur d’un livre avec Nicolas Sarkozy en 2004 mais soutien de Marine Le Pen à la présidentielle de 2017.


Conservatisme à tous les étages


Dans cette nébuleuse qui dessine les contours de la galaxie de Marion Maréchal, le conservatisme sur les mœurs apparaît comme un trait d’union, notamment par le combat mené par la quasi-totalité des intervenants contre l’ouverture du mariage aux couples de même sexe - « l’homosexualité est un désordre mental » et « un mal social », écrivait notamment Jacques de Guillebon en 2012.


Il y a six ans, le projet de loi avait provoqué une ligne de fracture au FN : Marine Le Pen avait renoncé à participer aux défilés de La Manif pour tous, à l’opposé de sa nièce, laquelle avait alors séduit la frange la plus conservatrice du parti autant qu’elle gagnait en émancipation politique.


Interrogée mardi, Marine Le Pen a estimé que « Marion fait ce qu’elle veut, c’est une grande fille », tout en lui souhaitant « bonne chance ».Face au « ni-droite, ni-gauche » et à l’interventionnisme économique longtemps prôné par Marine Le Pen et inspiré par son ex-bras droit Florian Philippot, Marion Maréchal entend poursuivre sa stratégie de réinvestissement de la droite.


Fin février, elle avait déjà promis que son école serait « le terreau dans lequel tous les courants de la droite pourront se retrouver et s’épanouir ».


Lyon, passerelle entre les droites


Aujourd’hui, l’établissement entend « transmettre les richesses du savoir-vivre et du savoir être à la française » à ses étudiants pour qu’ils deviennent des « ambassadeurs » tout en s’ouvrant à l’international, avec cours en anglais.


Trois mois après une intervention à Washington devant le gratin des conservateurs américains, elle a également recruté un chantre de « l’alt-right » d’outre-Atlantique, Paul Gottfried, qui a revisité la pensée fasciste italienne originelle.


L’équipe pédagogique doit également compter le britannique Raheem Kassam, cadre du parti pro-Brexit Ukip, réputé ultra-libéral, et ancien de Breitbart News London, un site volontiers conspirationniste et régulièrement critique pour répandre des fausses informations.


Et pourquoi Lyon ? Ce n’est certes pas ici que l’extrême droite réalise ses meilleurs scores. Mais les milieux catholiques traditionalistes y sont très implantés. Et le mouvement identitaire s’y renforce, analyse Renaud Payre. « Est-ce qu’il n’y a pas là un mouvement, des passerelles avec une droite plus traditionnelle voire traditionaliste comme a pu l’incarner Charles Millon ? », s’interroge encore le professeur de science politique.