Portrait d'une journaliste

Lucie Pagé

Compagnon de route de l'ANC

Chronique de Caroline Sarah Saint-Laurent

La journaliste, réalisatrice et écrivaine québécoise Lucie Pagé, relais important de notre système médiatique, alimente généreusement le biais libéral et tiers-mondiste des deux côtés de l’Atlantique. Née en 1961, elle représente, non seulement un « témoin privilégié (Sabourin et Lambert, 2015) », mais une personnalité engagée (Pagé, 2019).


Cette communicante politique se fit compagnon de route de l’ANC dans sa résistible ascension ethnomathématique[1] au pouvoir. À l’aube des années 1990, elle fut correspondante en Afrique du Sud pour la Société Radio-Canada, Radio-Québec (aujourd’hui Télé-Québec), La Presse, L’actualité, etc., et ce, tout en étant la femme d’un ministre des Postes, des Télécommunications et des Médias de Mandela, Jayaseelan, dit Jay, Naidoo.


Hissée à la direction d’un institut journalistique, elle put former quelques centaines de politiciens de sa famille idéologique à la guerre d’images. La militante «VIP» du nouveau régime (St-Jacques, 2019) aurait signé en 25 ans plus de 1000 reportages, documentaires, articles et conférences (Sabourin et Lambert, 2015). Elle s’engagea même dans la veine du roman historique avec Eva sorti en 2005. Au surplus, l’activiste aux accents lyriques noue un rapport ambigu entre «chants de libération» et cette parole libérée appelant parfois au meurtre, au génocide: «un Boer, une balle» ou «Tuez le Boer, tuez le fermier» (Pagé, 2001, p. 373-382). Libérale et tiers-mondiste, son action «révolutionnaire» inlassable, à cheval entre deux continents, n’est pas sans rappeler, à deux siècles de distance, le zèle abolitionniste de la Société missionnaire de Londres (Lugan, 2010, p. 162-163).


Bibliographie


Lugan, Bernard. 2010. Histoire de l’Afrique du Sud. Des origines à nos jours, Éd. d’Aymeric Chauprade. Nouvelle édition. Paris: Ellipses, 551 p. ISBN: 978-2-7298-5463-8.


Pagé, Lucie. 2001. Mon Afrique. Montréal: Libre Expression, 490 p. ISBN: 2-89111-954-1.


Pagé, Lucie. 2019. «Lucie Pagé». Récupéré de www.luciepage.com  (Page consultée le 16 mai 2019).


Sabourin, Diane, et Maude-Emmanuelle Lambert. 2015. «Lucie Pagé». In L’Encyclopédie canadienne. [s. l.]: Historica Canada. Récupéré de https://www.encyclopediecanadienne.ca/fr/article/lucie-page/#haut (Page consultée le 16 mai 2019).


St-Jacques, Sylvie. 2019. «Les défis de l’Afrique du Sud». Le Devoir, 10 mai. Récupéré de https://www.ledevoir.com//monde/afrique/554017/president-mandela-25-ans-plus-tard (Page consultée le 16 mai 2019).


 



      [1] «[Aux premières élections générales ‘‘non raciales’’ d’avril 1994,] la réalité raciale du pays s’était imposée avec force puisque les Noirs qui représentaient 76% de la population, votèrent pour les partis noirs (ANC, Inkhata, PAC et divers) qui totalisèrent 76% des voix. Les Blancs, les Métis et les Indiens (24% de la population) votèrent quant à eux pour le NP [Parti national], le DP [Parti démocratique] et le FF [Front de la liberté] qui recueillirent 24% des suffrages. (Lugan, 2010, p. 458)»





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