Les valeurs de l’action communautaire : comment les enraciner ?

Tribune libre


par Jacques Fournier, organisateur communautaire retraité
On trouvera ci-dessous l’introduction d’une présentation faite lors d’un atelier au 13e colloque biennal du Regroupement québécois des intervenantes et intervenants en action communautaire en CSSS (RQIIAC), le 31 mai 2012, à l’Université Concordia de Montréal.
Qu’est-ce qui nous motive à devenir intervenant communautaire? Quelles sont les valeurs sous-tendues? Quel est le contexte qui, aujourd’hui, met ces valeurs en péril ? Comment faire en sorte que l’on puisse développer une résilience face aux obstacles qui menacent ces valeurs? Comment tenir à jour une panoplie de motivations? Comment s’impliquer de façon différente et toujours renouvelée ? Comment militer dans le plaisir et dans la constance ? (...)
Disons-le d’entrée de jeu : les valeurs de l’action communautaire vont à l’encontre des valeurs dominantes de la société néo-libérale contemporaine. Quelles sont les principales valeurs du communautaire ? La bataille contre les inégalités sociales et économiques, la solidarité, le partage, la prise en charge par les gens de leur présent et de leur avenir, l'égalité réelle hommes-femmes, le respect effectif de l'environnement, la continuité de la planète, le rejet de la sur-consommation, la méfiance face à toutes les modes superficielles, la paix tangible, la démocratie véritable, la compassion, le respect de la dignité des personnes, l'équité, la lenteur, le temps de regarder, d’écouter, de toucher, de sentir et de savourer, l’équilibre entre les diverses sphères de nos vies (travail, famille, amour, amitié, entraide, loisirs non débiles, exercice physique, etc.), l’éthique, le respect de la vieillesse, la simplicité volontaire, la priorité de l'être sur l'avoir et le paraître, la recherche du sens.
Et quelles sont les valeurs centrales du néo-libéralisme ? La compétition, la valorisation des inégalités croissantes, le mépris des perdants, la survalorisation des élites, la fascination pour le « jet set », la ruse, l’astuce, la morale élastique, la vitesse, la discrimination subtile envers les femmes, la priorité du développement tous azimuts sur l’environnement, « après moi le déluge », l’individualisme, le nombrilisme, le narcissisme, le surtravail au détriment de la famille et de la vie équilibrée, la rentabilité à court terme, la spéculation, l’évitement fiscal, la surconsommation, le jetable, l’intoxication par la publicité, le mensonge, la fièvre acheteuse, l’économie considérée comme une religion, l’invasion par les « gadgets », l’endettement, la démocratie contrôlée, l’autoritarisme, la guerre comme facteur obligatoire et principal moteur de la croissance économique, la mondialisation néo-libérale comme fatalité, la croyance en l’impuissance du « monde ordinaire », la valorisation excessive et exclusive de la jeunesse et la dévalorisation concomitante de la vieillesse, la priorité du paraître, la dictature de la mode et le vide existentiel. (...)
Comment conserver nos valeurs lorsque chaque matin, la lecture des quotidiens fait monter la colère et l’indignation? Comment garder le cap sur nos valeurs lorsque les forces néolibérales définissent unilatéralement la gouvernance du monde, lorsque les Palestiniens et les Syriens se font massacrer, lorsque le gouvernement Harper gouverne en fonction d’une vision du monde qui nous est étrangère, lorsque le gouvernement libéral québécois sabre dans nos maigres outils collectifs et fait matraquer les étudiants, lorsque l'écart s'accroît entre les nantis et les démunis? Comment maintenir notre motivation alors qu’on est insatisfaits du monde présent et qu'on persiste, avec d'autres, à vouloir "changer le monde"?
La suite sur http://www.chronijacques.qc.ca/2012/05/les-valeurs-de-laction-communautaire/

Featured bbaf0d403ab3386dc108e5efc80eae58

Jacques Fournier98 articles

  • 62 435

Organisateur communautaire dans le réseau de la santé et des services sociaux





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé