Les utérus de la nation

499070cf9541bebc5c1d9c14c0986835

La CAQ a le mérite de relancer un débat essentiel pour l'avenir de la nation

À moins d’un an des élections et en avance dans les sondages, on s’attendrait à plus d’audace de la part de la Coalition avenir Québec et de son chef, François Legault.


D’où la déception suivant son nouveau ballon politique lancé lors de leur conseil général de la fin de semaine dernière. Le ballon en question voulant que la «natalité» serait dorénavant garante de la croissance économique et de la préservation de l’identité québécoise.


Malheureusement, c’est l’exemple type d’une réponse simpliste à des questions complexes – celles du vieillissement très réel de la population, d'une pénurie appréhendée de main-d’œuvre et du recul évident de la langue française.


Cette réponse est simpliste parce qu’elle ne tient pas en compte une donnée fondamentale des sociétés modernes. Soit que la décision d’avoir ou non des enfants et si oui, combien, relève la plupart du temps d’un choix personnel.


Cette réponse est également rétrograde parce qu’elle créée l’impression de vouloir enrôler les femmes dans le combat d’une autre époque. Celui de «repeupler» le Québec pour fournir de nouveaux «bras» à l’économie et assurer la pérennité de son identité nationale.



Quant à l’idée de la CAQ de mettre «plus d’argent dans le portefeuille des familles» qui veulent avoir un deuxième ou troisième enfant, elle a le vilain défaut de reposer sur une vision essentiellement individualiste de la famille.


Les fameux «bébé bonus» sous Robert Bourassa avaient certes permis une hausse modeste des naissances, mais 30 ans plus tard, la réalité au Québec a changé.


Après l’austérité libérale, ce dont les parents ont vraiment besoin sont des services publics nettement plus accessibles et de bien meilleure qualité : CPE, réinvestissement majeur dans les écoles publiques, soins de santé, services adéquats pour enfants handicapés, etc.


Or, plus on baisserait les impôts pour mettre «plus d’argent dans le portefeuille des familles», plus on priverait le trésor public des fonds nécessaires pour réparer les nombreux pots cassés de l’ère Couillard.


À la décharge de la CAQ, il faut néanmoins reconnaître le fait suivant: nos gouvernements savent depuis des décennies que le Québec fonçait tout droit vers une crise démographique dès l'aube du XXIe siècle.


Le problème, le vrai, est qu’ils ne s’y sont pas préparés suffisamment.


Même la francisation et l’intégration des immigrants, pourtant deux des éléments essentiels de la solution, ont été dangereusement négligées et le sont encore aujourd’hui.


Bref, la CAQ a au moins le mérite de sortir du déni de notre déclin démographique, mais ce qu'il propose n'est pas à la hauteur de cet immense défi.