Les Suédois adoptent les implants sous-cutanés

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La Suède s'enfonce dans le totalitarisme technologique

Un appareil capable de remplacer vos clés, vos cartes professionnelles, vos cartes de paiement et vos billets de transports en commun, et qui plus est ne requiert pas de batterie et qui est pratiquement invisible... mission impossible? En Suède, c'est pourtant la norme, grâce à des implants sous-cutanés dont la popularité dépasse les pronostics.


L’un des leaders de cette petite révolution, Jowan Osterlund, est convaincu que ces implants de la taille d’un grain de riz sont la voie de l’avenir, et beaucoup de ses compatriotes semblent d’accord avec lui.


Plus de 4000 Suédois ont déjà accepté de se faire insérer un implant entre le pouce et l’index. « La puce résout mes désagréments », a expliqué à NPR Szilvia Varszegi, qui possède une puce du genre. « Je ne vois pas de problème à ce que ça se répande. Je pense vraiment que c’est quelque chose qui peut améliorer la vie des gens.


Ces puces peuvent en effet remplacer plusieurs objets de la vie courante. Elles permettent à leurs propriétaires d’entrer dans leur maison ou dans leur bureau, de valider leur identité à la salle d’exercice, de transmettre leurs informations de contact à d’autres personnes, d’effectuer des paiements et de prendre le train sans avoir à emporter billets, cartes ou clés avec soi.


Elles permettent aussi de valider son identité lors de la connexion à un ordinateur ou à un compte en ligne.


Plus sécuritaires?


La question de la sécurité est d’ailleurs l’un des arguments les plus utilisés par les adeptes des implants pour convaincre le public de s’en faire installer. Pour Jowan Osterlund, qui injecte ces implants avec son entreprise Biohax International, les micropuces sont plus sécuritaires que les identifiants de bien des comptes en ligne, étant donné qu’elles résident sous la peau.


« Tout est piratable, a-t-il expliqué à NPR. Mais on n’a pas plus de raisons de vous pirater parce que c’est une micropuce. C’est même plus difficile à pirater, parce que c’est à l’intérieur de votre corps. »


Des réserves subsistent


Mais une partie de la population suédoise ne partage pas l’enthousiasme de M. Osterlund pour les implants sous-cutanés. Ben Libberton, un scientifique britannique établi en Suède, milite d’ailleurs pour un meilleur encadrement légal de cette technologie. Il s’inquiète notamment du fait que certains pourraient être tentés de placer des données médicales dans leurs micropuces.


« Cela pourrait créer un plus grand niveau de risque en matière de vie privée, a-t-il indiqué à NPR. Nous devrions donc y réfléchir et prendre des mesures avant que ça devienne plus répandu. »


La Suède, un cas à part


Quoi qu’il en soit, l’appétit des Suédois pour ces implants ne s’essouffle pas, si bien que la plus importante entreprise ferroviaire du pays a commencé à accepter les billets électroniques stockés dans les puces sous-cutanées. Biohax International, l’entreprise de Jowan Osterlund, n’arrive d’ailleurs pas à répondre à la demande tant elle forte.


M. Osterlund croit que cette popularité s’explique par le fait que la Suède a une culture très ouverte en ce qui a trait aux nouvelles technologies. Le berceau de Skype et de Spotify est en effet en voie de devenir une société sans monnaie physique. Seulement 15 % des transactions effectuées dans ce pays utilisent des espèces, alors qu’elles totalisaient 40 % il y a 8 ans, selon la banque centrale suédoise.


Le niveau de confiance des Suédois envers la protection des données par leurs institutions serait aussi l’un des facteurs qui expliquerait cette ruée vers les implants, selon Jowan Osterlund.


Le reste du monde est en retard


Il ne croit toutefois pas que cette tendance s’exportera de sitôt à l’extérieur des frontières. Tout au plus certains pays d’Europe pourraient tenter l’expérience, maintenant que le règlement général sur la protection des données (RGPD) est entré en vigueur dans l’Union européenne.


Ce règlement vise à renforcer considérablement la confidentialité des données sur le web, tout en offrant plus de pouvoirs aux internautes pour conserver le contrôle de leurs propres données.


« J’ai du mal à imaginer que le reste du monde pourrait bientôt suivre l’exemple du RGPD, explique Jowan Osterlund. Mais au moins, il couvre toute l’Europe, un continent entier. C’est un bon début. »