Orientations budgétaires

Les Libéraux 2.0

Exactement ce qu'il vous faut

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Chronique de Pierre Gouin

Plusieurs analystes concluent que le budget Girard n’est qu’un saupoudrage de fonds, ciblé pour plaire au plus grand nombre, et qui ne s’appuie sur aucune vision à long terme de la société québécoise. Encore une fois, la disparité des mesures vise justement à masquer les véritables orientations budgétaires. Le gouvernement caquiste poursuit l’œuvre idéologique des libéraux, qui met l’État au services des entreprises et des citoyens les mieux nantis. On a maintenant affaire à une version améliorée de la gouvernance néolibérale qui tente de corriger les faiblesses ayant mené à la déconfiture des libéraux.


J’ai grandi à Drummondville dans les années 1950 et comme ailleurs au Québec quelques magasins de vêtements étaient tenus par des Juifs, ils s’identifiaient comme tels, qui avaient la réputation d’être très habiles en affaires. Ils pouvaient vous vendre n’importe quoi, c’est exactement ce qu’ils vous faut, qu’ils disaient. C’est ce qui a inspiré le sketch classique du vendeur qui ajuste le complet en tenant une poignée de tissu dans le dos. On les trouvait sympathiques ces Juifs, on admirait même leur bagou et leur sens des affaires.


Notre sympathique Premier ministre a aussi le don de vendre sa salade aux Québécois, même sans bagou, en faisant croire que c’est exactement ce qui leur faut. Il peut profiter du discours médiatique mondialiste dominant et de sa promotion au Québec par le parti Libéral, pendant deux décennies.


François Legault prétend être obsédé par la qualité des services de santé et d’éducation, alors que sa priorité, tout à fait incompatible, est d’accorder des baisses d’impôt qui vont profiter surtout aux plus riches. Malgré tous les échecs en rationalisation et en réorganisation, le gouvernement continue à refuser d’investir les fonds nécessaires pour qu’on retrouve la qualité des services qu’on a déjà eue. On dit maintenant qu’il faut impliquer davantage le privé dans le réseau public alors que l’on sait déjà que tout ce qui est fait par le privé en santé coûte plus cher au gouvernement. En fait, tous les resserrements budgétaires en santé depuis 2003 ont eu comme objectif d’étouffer le système public afin que les citoyens assez bien nantis se tournent vers le privé, au profit des entreprises du secteur.


De plus, les sommes qui sont maintenant allouées au Fond des générations et au remboursement de la dette auraient dues être utilisées pour mieux financer les services publics. C’est par un artifice comptable que l’on considère ces placements comme des dépenses courantes qui viennent augmenter le déficit public. À son niveau actuel, il n’y a aucune raison économique ou financière de réduire la dette du Québec.


Des baisses d’impôt et des hôpitaux privées, est-ce vraiment ce qu’il nous faut?


Observant le déclin du parti libéral au cours de son dernier mandat, nos élites néolibérales mondialistes ont compris que pour achever la normalisation du modèle québécois il fallait mettre un pouvoir un parti qui ménagerait autant que possible la susceptibilité identitaire des Québécois. Qui de mieux qu’un ancien souverainiste converti pour faire le travail. En campagne électorale François Legault s’est posé en ardent défenseur de l’identité québécoise et a promis, c’est une condition nécessaire, une réduction ou un gel des seuils d’immigration.


En pratique son discours nationaliste, indissociable d’un contrôle serré de l’immigration, est en contradiction avec la vision du développement économique que lui imposent ses bailleurs de fonds et son puissant ministre Fitzgibbon.


Selon cette vision, l’État doit aider les entreprises locales et étrangères, pour stimuler au maximum la croissance économique et grossir les profits. La CAQ a été très généreuse avec les entreprises et le dernier budget promet encore plus de soutien, particulièrement pour les gros investisseurs. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, une telle politique ne peut que mener à un appel incessant à plus d’immigration. Les entrepreneurs demandent, et vont obtenir, toujours davantage de travailleurs immigrants mais ils ne voient pas que les familles de travailleurs représentent un coût insoutenable pour la société, en termes de services publics. La politique économique appropriée aujourd’hui pour assurer la prospérité des Québécois consiste à soutenir financièrement uniquement les investissements qui visent à moderniser les entreprises existantes ou à déplacer des emplois vers des entreprises à plus forte valeur ajoutée. En cessant de subventionner les investissements créateurs d’emplois on limiterait les besoins en travailleurs étrangers et les sommes économisées seraient disponibles pour améliorer les services publics.


Plus fondamentalement, l’immigration massive acceptée par la CAQ et QS implique l’assimilation rapide de la nation québécoise à un melting pot nord-américain. Est-ce vraiment ce qu’il nous faut?


Finalement, le Premier ministre Legault essaie de vendre aux Québécois, le Canada.  Après avoir prétendu vouloir se battre jusqu’au bout avec Ottawa pour régler des dossiers fondamentaux comme les pouvoirs en immigration, le chemin Roxham et les transferts en santé, il se soumet, laissant entendre aux Québécois qu’on est quand même mieux dans le Canada.


Un pays multiculturel qui se voit comme un empire de cent millions d’habitants, est-ce vraiment ce qu’il nous faut?



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