Les États-Unis sont l’un des pays qui consacrent le plus de moyens à l’éducation. Ainsi, en 2015, ils y investissent 2,7% de leur PIB contre 1,6% en moyenne pour les pays de l’OCDE. Pourtant, les Américains sont très loin d’être les individus les plus instruits et les plus brillants de la planète.
Au contraire, chaque année, l’Amérique perd du terrain dans les classements internationaux évaluant les compétences en lecture, écriture et calcul. Les universités américaines parviennent à tirer leur épingle du jeu parce qu’elles pratiquent des frais de scolarité exorbitant qui leur confère des ressources financières énormes leur permettant d’offrir des conditions de travail intéressantes aux étudiants étrangers. En un mot, l’excellence de la recherche américaine vient essentiellement de l’apport d’une main-d’œuvre étrangère et non pas nationale.
Depuis la fin de la guerre froide, les universités américaines n’ont cessé d’augmenter leurs frais de scolarité. Cette situation a renforcé les inégalités sociales en mettant de côté une part grandissante de la population qui ne pouvait se permettre de payer comptant ou à crédit des études universitaires. Le pire est que les universités américaines n’ont pas profité de leur manne financière pour en faire bénéficier la société.
Au contraire, elles n’ont cherché qu’à maintenir leur attractivité en demandant des sommes toujours plus faramineuses aux candidats pour procéder à leur sélection. Les entreprises américaines ont pris l’habitude de recruter les étudiants des prestigieuses universités non pas au regard de leur formation mais à l’aune de la sévérité du processus de sélection à l’entrée de ces écoles.
Alors que l’enseignement de masse dans les universités est né au XIXème siècle aux États-Unis, le monde universitaire américain du XXIème siècle est devenu celui de l’élitisme absolu. En effet, en l’absence d’une évaluation du contenu de la formation dispensé par une école, seul son prix est considéré comme un critère de qualité.
Ainsi, si l’ensemble de la dette publique de la France atteint la somme de 2 000 milliards d’euros, celle des seuls étudiants américains est de 1 200 milliards. Le problème est que, malgré des frais de scolarités exorbitants, les universités américaines ne produisent pas de meilleurs élèves que d’autres universités qui pratiquent des frais d’inscription beaucoup moins élevés à travers le monde, comme en France par exemple.
Ainsi, c’est bien le Français Thomas Piketty, qui avec son ouvrage phare, Le capital au XXIème siècle, a récemment bouleversé l’analyse économique et non pas un Américain.
Challenges, n°428, avril 2015, 90 pages.
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