CIMENTERIE

Les Desmarais et les Beaudoin s’affronteront

Carl Renaud

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Quand les intérêts s'affrontent, les amitiés s'estompent

Les familles Desmarais et Beaudoin-Bombardier s’apprêtent à croiser le fer dans l’industrie du ciment. Le géant Lafarge, lié à Power Corporation, ne digère pas que le gouvernement du Québec se prépare à appuyer financièrement le projet de cimenterie de 1 milliard $ que les Beaudoin-Bombardier veulent construire en Gaspésie.
Avec des partenaires européens, Power Corporation, contrôlée par les Desmarais, possède 21 % de Lafarge, une multinationale française du ciment et du béton. Lafarge exploite entre autres des cimenteries et des bétonnières au Québec.
Quant aux Beaudoin-Bombardier, les actionnaires de contrôle de Bombardier, ils sont les principaux actionnaires de Ciment McInnis, par le biais de Beaudier, leur entreprise d’investissements privée. McInnis va investir 1 milliard $ pour construire une cimenterie et un terminal marin à Port-Daniel-Gascons en Gaspésie. La cimenterie, située sur un gisement de calcaire, devrait produire deux millions de tonnes de ciment par année et générer 400 emplois.
McInnis ne veut pas divulguer le nom de ses éventuels partenaires financiers. Mais Investissement Québec (IQ), le bras financier du gouvernement, a confirmé que des négociations sont en cours.
«Nous discutons de toutes les avenues possibles, prêt, garantie de prêt, prise de participation», a expliqué Chantal Corbeil porte-parole d’IQ, précisant que des ministères sont également impliqués.
La nouvelle inquiète Lafarge Canada, qui craint que la cimenterie de McInnis sature le marché québécois, déjà en situation de surplus avec des ventes estimées à seulement 1,7 million de tonnes pour 2013, uniquement au Québec. En 2012, les quatre cimenteries de la province avaient écoulé deux millions de tonnes.
Pertes d’emplois anticipées
«Si nous ne pouvons maintenir nos activités à la suite de ce surplus, nous devrons malheureusement couper des postes à notre usine de Saint-Constant pour demeurer concurrentiels», a affirmé Alex Wojciechowski, directeur de la cimenterie Lafarge de Saint-Constant.
M. Wojciechowsk a ajouté que le marasme de l’industrie de la construction a déjà poussé Lafarge à supprimer des postes.
En plus, Lafarge soutient que l’aide financière de Québec créerait une concurrence inégale entre les producteurs de ciment. «Dans le passé, notre industrie a exercé ses activités sans grand soutien financier du gouvernement», a indiqué M. Wojciechowsk.
McInnis affirme que sa cimenterie ne cible pas le marché québécois. «Notre production de ciment est destinée à l’exportation, a souligné Denis Boucher, porte-parole de l’entreprise. C’est principalement la Côte Est des États-Unis qui nous intéresse.»
Le plan d’affaires de McInnis est de vendre du ciment à des bétonnières étrangères. «La Côte Est est un marché porteur, a dit M. Boucher. L’économie reprend et il y aura beaucoup de construction.»
Selon une source liée à l’industrie du ciment, McInnis pourrait vendre son ciment à une seule bétonnière au Québec, Béton Provincial. Les autres bétonnières appartiennent à des groupes intégrés, Lafarge et Holcim, Ciment Québec et Colacem, qui exploitent aussi des cimenteries.
Notre source affirme que Lafarge craint davantage la concurrence de McInnis aux États-Unis qu’au Québec. «Ils ont des installations dans ce marché là», a affirmé la personne qui ne veut pas être identifiée.
L’Association canadienne du ciment a indiqué que l’ensemble de ses membres québécois sont préoccupés par le projet de McInnis. «Ils ont des inquiétudes en raison de la saturation actuelle du marché», a souligné Michel Binette, vice-président de l’organisation au Québec.


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