Après plus de 100 jours de conflit, on ne voit toujours pas de sortie de crise. Pendant que les policiers, soumis aux dispositions de la loi matraque 78,
« tapent » sur la jeunesse, un nouveau mouvement s’organise…des citoyens, vieux, jeunes, sans distinction ethnique, ont sorti leurs batteries de cuisine et
« tapent » sur les casseroles, une révolte qui n’est pas sans nous rappeler ces mères chiliennes du temps de Pinochet, qui n'en pouvaient plus de voir les leurs torturés à mort.
À partir de maintenant, ce fameux «printemps érable», dont la formule évoquait une certaine sympathie, vient d’être légitimé par l'adoption de la loi 78, sous le bâillon, une loi à prétention légale pour contrôler les étudiants, mais qui vient, à toutes fins pratiques, brimer toute la société civile dans son ensemble.
Devant ce méfait, les Québécois sont sortis massivement dans les rues pour faire entendre leur mécontentement et leur colère devant tout ce fiasco libéral. On est rendu là… Mais on cherche toujours cette sortie de crise. Les initiateurs, les jeunes, veulent la révolution, et dans une société vieillissante, c'est peu probable. Et on ne fait pas une révolution avec un PIB de 300 milliards de dollars. Le gouvernement ne reculera pas, il ne le peut plus, pire, il ne le veut pas. Et le peuple, devant l'amputation de ses droits, ne reculera pas.
Le 23 mai, il y a eu plus de 500 arrestations seulement à Montréal et pourtant, il ne s'agissait pas de lanceurs de roches ou de boules de billard. À mon sens, les forces policières sont dépassées et démunies. Le gouvernement Charest, après avoir tenté de pelleter son problème politique dans les différentes sphères de l'État, et après l'échec même des injonctions, a transféré le résultat de sa politique à la police. Les jeunes matraqués, poivrés, gazés, depuis plus de 100 jours, évoquent des images insoutenables dans le conscient collectif de la population québécoise.
Les casseroles c'est pour ça, c’est pour marteler et faire entendre à ce gouvernement sans scrupule qui maintient obstinément sa ligne préélectorale démagogique que cette folie doit cesser. Loin d’être un appel à la désobéissance civile, le tintamarre des casseroles est un appel « vibrant » à la dignité, à la liberté de parole, à la démocratie, parce que, en vertu de nos Chartres, des citoyens libres et égaux bénéficient encore du droit de sortir dans la rue pour manifester pacifiquement.
Depuis des semaines, toutes les tribunes se sont évertuées à trouver la fameuse « sortie de crise ». Toutes les avenues proposées jusqu’à maintenant sont demeurées lettres mortes. Les couleurs se sont multipliées, à savoir le rouge, le vert, le blanc, le noir, affichant le deuil, et même le bleu, prônant la gratuité scolaire.
Devant les constats d’échec de cet arc-en-ciel, je suis de plus en plus convaincu que nous devons changer le décor politique du Québec. Conséquemment, la seule sortie de crise possible, c'est la dissolution immédiate de ce gouvernement et l'appel à des élections générales, dans les plus brefs délais.
Henri Marineau
Québec
Les casseroles au secours de la liberté de parole
Tribune libre
Henri Marineau2073 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
27 mai 2012Je ne l'aurais jamais cru, mais j'ai entendu le bruit des casserolades à Montréal-Nord.
En allant faire mes courses, j'entends le bruit de loin et je me détourne. Une vingtaines de citoyens passaient sur le trottoir de Maurice-Duplessis. Je me suis joint à eux en utilisant ma clochette de vélo.