Les Algériens en finale de la CAN : vers une citoyenneté d’exception ?

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Pas de tirs de flashballs sur les Algériens, contrairement aux gilets jaunes


282 interpellations, dont 249 gardes à vue, après la deuxième vague de violences déclenchée par des supporters algériens en furie dans les grandes agglomérations urbaines de l’Hexagone, suite à la qualification de leur sélection nationale en finale de la Coupe d’Afrique des nations (source ministérielle, pointage du 15 juillet à 6 heures du matin).


La première salve d’exactions, pour célébrer les Fennecs ayant réussi à se hisser en demi-finale de la compétition phare du football africain, avait, déjà, produit ses effets : entre autres, des voitures brûlées, des magasins saccagés et des motos de luxe volatilisées (lourd bilan du 11 juillet ; 74 personnes arrêtées sur l’avenue des Champs-Élysées, ainsi qu’une femme et ses enfants fauchés par une voiture, à Montpellier). Mais chut ! il ne faut pas « stigmatiser »…


Durant toute la journée du 14 juillet, la Macronie préférait mettre le focus sur les centaines de gilets jaunes campant, dès l’aube, sur « la plus belle avenue du monde » pour faire la nique à Jupiter, au moment de son passage, en véhicule militaire, aux cotés du chef d’état-major de l’armée française. On connaît la chanson : depuis le l7 novembre 2018, les véritables fauteurs de troubles seraient ces Français, munis d’un couteau entre les dents pour envahir l’Élysée et répandre la peste brune dans l’ensemble du pays… Une fois n’est pas coutume : le « Pas d’amalgame ! » appliqué à l’endroit des Arabo-musulmans pour ne pas les identifier aux salafistes (« radicalisés ») n’a plus cours. On n’est plus à une incohérence près, du côté des moralistes de pacotille, toujours prompts à répéter de pathétiques éléments de langage.


Curieusement, le LBD ne semble pas être utilisé lorsque la nouvelle aristocratie du bitume commet ses larcins. Il tient du bon sens de relever que nos plus hautes autorités craignent de déclencher, en cas de bavures policières, une intifada sur le sol français. L’ancien préfet de police de Paris, Michel Delpuech (d’avril 2017 à mars 2019), avait, pourtant, appliqué un protocole de défense dans le maintien de l’ordre, et non d’agression (autrement dit, sans faire usage du LBD), lors de la première entrée en trombe des Black Blocs dans l’espace urbain sous la présidence Macron (comme cela est clairement montré dans l’émission « Enquête exclusive » de mai 2018). Depuis lors, le fusible a sauté pour couvrir les incompétences criantes de Christophe Castaner à la tête du ministère de l’Intérieur.


Tout ceci ne fera qu’alimenter le sentiment d’exclusion, sur ses propres terres, de la part d’une population qui subit la désindustrialisation, la baisse des prestations sociales et l’augmentation des prix à la consommation. Et que dire des derniers pieds-noirs et harkis obligés de baisser les yeux et de serrer les dents devant les très nombreux petits-enfants de ceux qui les ont chassés d’Algérie, en 62, et ce, malgré la certitude d’avoir obtenu la victoire militaire ? Le sentiment d’être dhimmi chez soi, voire littéralement intouchable (dalit, en sanskrit). Ainsi, mieux que l’anneau de Gygès dont parlait Platon dans La République, il y aurait le fait du prince ou, plus cynique encore, la double nationalité franco-algérienne.