Il y a quelques jours, je suis tombé par hasard sur un discours que le grand écrivain russe Alexandre Soljenitsyne a prononcé à l’Université Harvard le 8 juin 1978, il y a 41 ans.
On a l’impression que ce discours a été écrit hier !
C’est comme si Soljenitsyne (qui, rappelons-le, a passé huit ans dans un camp de concentration en Sibérie pour avoir critiqué Staline) avait des antennes qui lui permettaient de voir à quoi ressemblerait l’Occident en 2019 !
L’individu avant le groupe
Premier signe de décadence de l’Occident, selon Soljenitsyne : la trop grande importance accordée aux droits individuels.
L’individu est devenu plus important que la collectivité ! Plus personne n’est prêt à sacrifier son petit confort et ses sacro-saints droits pour défendre le bien commun...
« La société occidentale s’est choisi une organisation que j’appellerais légaliste. Les limites des droits de l’homme sont fixées par un système de lois. »
« Les hommes à l’Ouest ont acquis une habileté considérable pour utiliser, interpréter et manipuler la loi. Tout conflit est résolu par le recours à la lettre de la loi, qui est considérée comme le fin mot de tout. »
« Si quelqu’un se place du point de vue légal, plus rien ne peut lui être opposé ; nul ne lui rappellera que cela pourrait n’en être pas moins illégitime. Impensable de parler de contrainte ou de renonciation à ces droits, ni de demander de sacrifice ou de geste désintéressé : cela paraîtrait absurde. »
« On n’entend jamais parler de retenue volontaire : chacun lutte pour étendre ses droits jusqu’aux extrêmes limites des cadres légaux. »
« La défense des droits individuels a pris de telles proportions que la société est sans défense contre les initiatives de quelques-uns. Il est temps, à l’Ouest, de défendre non pas tant les droits de l’homme que ses devoirs. »
Au-delà de la loi
En d’autres mots, Soljenitsyne nous dit : oui, la loi est importante. Oui, les droits de la personne sont importants.
Mais il y a d’autres valeurs qui sont plus importantes.
Le bien commun. Le sens du devoir et du sacrifice.
De plus en plus, les gens utilisent la loi pour tirer la couverture de leur bord. Pour faire passer leurs intérêts avant ceux du groupe.
Je le rappelle : ce discours a été écrit il y a 41 ans ! Si Soljenitsyne était vivant aujourd’hui, et qu’il voyait une transgenre se rendre devant les tribunaux pour revendiquer le droit de se faire faire une coupe bikini par des esthéticiennes coréennes, il capoterait solide !
Les visionnaires castrés
Autre critique que le grand dissident russe adresse à notre système : le cynisme généralisé.
« Un homme d’État qui veut accomplir quelque chose de constructif pour son pays doit agir avec beaucoup de précautions, avec timidité pourrait-on dire. Des milliers de critiques hâtives et irresponsables le heurtent de plein fouet à chaque instant. »
« Un homme exceptionnel, de grande valeur, qui aurait en tête des projets inhabituels, n’a aucune chance de s’imposer : d’emblée, on lui tendra mille pièges. »
« De ce fait, la médiocrité triomphe sous le masque des limitations démocratiques. »
Vous ne reconnaissez pas notre société dans ces mots ?