Le triomphe de la censure

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« Nous sommes passés du respect des minorités au règne des minorités tyranniques. »

Hier matin, on apprenait l’annulation du spectacle Kanata de Robert Lepage, et cela, quelques semaines à peine après la censure de son spectacle SLAV.


On peut bien jouer avec les mots, mais la réalité est simple : un effrayant climat de censure s’installe au Québec. Il nous vient d’une certaine gauche. Le politiquement correct étend son empire. Déjà très présent en politique et à l’université, il règne désormais dans le monde des arts, qu’on aurait préféré imaginer comme le dernier refuge de la liberté de création et d’expression.


Minorités


De nouveaux rapports de force s’établissent : des groupes de militants radicaux, qui s’autoproclament représentants d’une communauté, ont désormais le pouvoir de faire annuler un spectacle et de définir les balises de la liberté d’expression lorsqu’on parle de ce qui les concerne.


Ils peuvent faire preuve d’un fanatisme racialiste décomplexé, comme on l’a vu avec SLAV, ou d’un autoritarisme mielleux, comme c’était le cas avec Kanata, mais chaque fois, ils se présentent à la manière d’autorités morales réclamant un droit de veto sur la création d’autrui.


Quand Sugar Sammy fera son prochain spectacle, devra-t-il passer devant la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal pour faire approuver ses blagues ?


Nous entrons dans une nouvelle époque. Chaque communauté réelle ou imaginaire fait de son désir de ne pas être heurtée symboliquement un droit fondamental.


En politique, de plus en plus d’enjeux sont laissés de côté par nos élus, qui ne se croient pas capables d’affronter la tempête médiatique. À l’université, il est désormais normal de réclamer la censure de conférences dont le point de vue va à l’encontre des préférences idéologiques de groupuscules d’extrême gauche.


À la télévision, comme je l’écrivais en chronique avant-hier, on peut demander l’annulation d’une série télé parce qu’on la soupçonne, avant même de l’avoir regardée, de porter une vision du monde qui nous déplaît.


Jusqu’où irons-nous dans ce délire ? La censure venait hier par le haut. Maintenant, elle s’impose par le bas. Pire encore : la peur de se faire traiter de raciste, de xénophobe, de sexiste ou d’homophobe crée un climat d’autocensure.


Chacun se tait, car chacun se sent surveillé par des idéologues zélés prêts à créer un scandale et à détruire votre réputation dès que quelque chose leur déplaît.


On aurait envie de lancer un message à nos politiciens : où êtes-vous ? À quoi servez-vous si vous n’êtes pas capables, dans une controverse qui touche aux principes qui fondent notre société, de vous porter à leur défense ? Où êtes-vous quand nous avons besoin de vous ?


Politiciens


Les politiciens sont à ce point dominés par la mauvaise conscience occidentale qu’ils ne se sentent plus capables de défendre notre civilisation et sont prêts à se soumettre dès qu’un groupe se réclamant d’une identité « minoritaire » tonne.


Il faudra bien leur rappeler leur mission : défendre leur peuple. On a longtemps dit que la démocratie n’était rien sans le respect des minorités. Mais nous sommes passés du respect des minorités au règne des minorités tyranniques.


Il faudra leur tenir tête. Le peuple en a marre.