Le Skytrain de Montréal

L’art de rater la transition énergétique

Tribune libre

C’est sans surprise que le Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) vient d’émettre un avis non favorable au projet de Réseau électrique de Montréal (REM) soutenu par les Libéraux de Philippe Couillard . Un simple coup d’œil à la feuille de route du Skytrain suffit à comprendre que ce nouveau train ne répond pas plus aux besoins de la population en matière de transport collectif qu’à une démarche de transition énergétique.

D’abord le choix de trains automatisés sans conducteur commande la construction de voies de transport en hauteur, en tranchée ou souterraines. Ce qui fait exploser les coûts de construction en plus de nécessiter des tonnes de béton. Comme la production du béton est l’une des industries les plus émettrices de gaz à effet de serre (GES), des experts estiment qu’il faudra au moins 25 années pour compenser les émissions générées par la construction du réseau . Ce qui fait que le train n’aura pas l’effet de diminution des GES attendu pour un projet de transition énergétique.

Les coûts exorbitants liés au choix technologique, estimés à 8 milliards de dollars, font que les gares devront être moins nombreuses et plus distantes les unes des autres, ce qui diminue d’autant l’accessibilité pour les utilisateurs. Les citoyens devront prendre leur voiture ou un autre mode de transport pour se rendre au train, ce qui prolonge la dépendance à l’automobile. Jusqu’à 16 000 places de stationnement sont prévues autour des 15 arrêts planifiés dans le projet. Le prix estimé pour un aller simple tourne autour de $20.

En comparaison, le projet le Grand Virage proposé par la Coalition Climat Montréal propose six lignes de tramway et trois stations de métro, soit 130 nouvelles stations de proximité desservant 4 fois plus de passagers pour un coût jusqu’à 8 fois moins cher, avec le prix d’un aller simple entre 3$ et 6$. Tout ça en réduisant de plus de 350 000 tonnes les émissions de GES. Mais ce n’est pas tout.

Le tracé choisi pour le REM traverse les derniers espaces naturels de l’ouest de Montréal et les dernières terres agricoles à proximité de la métropole sur la rive sud, favorisant ainsi l’étalement urbain. Il traverserait également les zones contaminées de Pointe-Saint-Charles, ce qui drainerait les contaminants dans le fleuve. En plus de faire concurrence à des lignes de transport déjà existantes (destinations Vaudreuil, Hudson et Candiac qui devront être démantelées), le tracé tourne le dos aux secteurs les plus densément peuplés de Montréal, là où les besoins en transport en commun sont les plus criants.

Il est écrit dans le ciel que le REM sera déficitaire, et c’est l’ensemble des Québécois et Québécoises qui devront combler les pertes par des hausses de tarifs et des cotisations à leur caisse de retraite. Le projet du REM a été conçu secrètement et sans consultations avec les municipalités concernées. Il devrait monopoliser les fonds destinés à améliorer le transport collectif au Québec pour les 15 prochaines années. Pourtant, le gouvernement refuse de faire un comparatif avec d’autres options. Encore une fois, par une manœuvre dont les Libéraux sont si friands, l’argent des contribuables servira à assouvir les intérêts de quelques amis du régime, dans le plus grand mépris des besoins de la population et du bien commun.

Il faut refuser le Skytrain. Il faut doter Montréal d’un réseau de transport électrique qui réponde aux besoins des usagers et à l’urgence de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Le gouvernement québécois doit refaire ses devoirs.

Comité vigilance hydrocarbures de L’Assomption


Laissez un commentaire



3 commentaires

  • Jean Lespérance Répondre

    25 janvier 2017

    Après avoir vu et emprunter le Skytrain de Vancouver, je peux dire que le Skytrain fonctionne sur des structures en acier, le béton y étant très peu employé. Quand j'ai regardé son coût, il m'est apparu presque aussi cher qu'un métro souterrain. Peut-on faire mieux ou aussi bien à moindre coût?
    Peut-être, mais quand on connaît comment ça se passe au Québec, comme on dit, on n'est pas sorti du bois.

  • Jean Lespérance Répondre

    24 janvier 2017

    Indépendamment du REM et de Coalition Climat Montréal, j'ose présenter un autre tracé qui répondrait mieux aux besoins des citoyens montréalais. Tous les usagers de la ligne orange du métro de Montréal savent et constatent à tous les jours que cette ligne orange a besoin d'être désengorgée. Or selon moi, le Skytrain peut très bien nous être utile s'il est construit là où les besoins sont le plus criants.
    Il devrait desservir l'est plutôt que l'ouest et une ligne devrait partir du nord au sud en passant au dessus de la rue Christophe-Colomb tout en longeant le bord des parcs, ce qui en faciliterait la construction sans perturber la circulation actuelle. Cette ligne pourrait bifurquer vers l'ouest pour se rendre au pont Champlain en longeant le vieux port et en s'y arrêtant.
    C'est l'est qui doit être aidé et non l'ouest. Est-ce qu'un tramway pourrait emprunter le tracé que je suggère à un coup moindre? Possible, mais j'avoue en toute franchise ne pas connaître le coût d'un système de tramway et on doit évaluer le coût des expropriations.
    Une chose est sûre, le tracé du REM est irresponsable et a été concocté en toute vitesse et bâclé.

  • François A. Lachapelle Répondre

    24 janvier 2017

    Votre texte est concis et précis: félicitations. De plus, il m'apparaît crédible par les arguments que vous présentez. Ceci est mon avis d'un citoyen non-expert.
    Cette partie de votre texte est explicite, je cite: « Ce qui fait exploser les coûts de construction en plus de nécessiter des tonnes de béton. Comme la production du béton est l’une des industries les plus émettrices de gaz à effet de serre (GES),...»
    Cet autre extrait est très intéressant, je cite: « Le projet du REM a été conçu secrètement et sans consultations avec les municipalités concernées. Il devrait monopoliser les fonds destinés à améliorer le transport collectif au Québec pour les 15 prochaines années
    Tous les trous contenus dans le projet de notre Caisse bas-de-laine conduisent directement à soulever de sérieux doutes sur la rentabilité du projet. Si la Caisse est certaine de son analyse coût-bénéfice, le citoyen en doute sérieusement. Le citoyen est certain qu'il paiera la note soit en frais de transport déraisonnables, soit en perte de rendement à long terme d'un système de transport qui s'annonce mauvais pour l'environnement.
    Monsieur Couillard est un neurochirurgien qui a perdu la main ... de toute évidence sauf pour la gestion de son patrimoine liquidé qu'il a dissimulé dans des comptes discrets dans un Paradis fiscal. Peut-on lui confier notre patrimoine commun ?