Le Québec se fera au bord du tombeau

Le sentiment de chute est ce qui est le plus efficace pour provoquer un éveil

Tribune libre

N.B.: L'utilisation du terme «libéralisme» se veut générale et regroupe tous les partis politiques au Québec en ce moment. Le libéralisme c'est l'ordre établi en Occident depuis 1945, et établi en Orient depuis la chute du mur de Berlin. La classe qui dirige cet ordre mondial est la bourgeoisie mondiale qui tire aussi les ficelles dans notre pays; c'est donc dans cette direction que mes flèches sont tirées, pas uniquement sur les libéraux qui se disent libéraux.

«La démographie, c’est le destin» -Auguste Comte


J'apprenais aujourd'hui en naviguant sur le site du Journal de Montréal que près d'un tiers des nouveau-nés au Québec ont au moins, un parent né à l'étranger, selon les données de l’Institut de la statistique du Québec. Celui qui écrit l'article ne semble pas avoir de problème avec cette nouvelle, il n'apporte pas d'opinion, il dit tout simplement que le Québec change de visage. C'est un constat comme les autres et pour lui, c'est banal. Cependant, on comprend que l'auteur voit que les propos qu'il émet peuvent exciter certains, c'est pourquoi les commentaires sont désactivés. Le problème principal saute aux yeux, ce n'est pas que les immigrants font des enfants, mais bien que les Québécois n'en font plus. Brève introduction dans le Québec post-moderne où l'achèvement ultime du génie humain se résume à ce que des gens pauvres s'achètent des billets trop chers pour voir patiner des joueurs de hockey surpayés.

Le problème spirituel

Le manque de religiosité et l’abandon des hommes et des femmes à faire des enfants sont définitivement liés, et ce peut être résumé en une simple phrase: celui qui n’a aucune raison de mourir n’a aussi aucune raison de vivre. Et qu’est-ce que vivre si ce n’est procréer et transmettre? Sommes-nous arrivés à une révolution néoplatonicienne où les québécois, dans leur haine du temporel, sautent tous ensemble vers l'extinction pour rejoindre le monde spirituel? J'en doute. D'ailleurs, les Québécois et la religion, c'est deux choses qui sont maintenant irréconciliables. Les scandales de l'Église catholique veillent bien à ce que personne n'approche d'un curé sans un poivre de Cayenne et l'ultralibéralisme du pape François qui caresse littéralement les pieds des migrants ne donne pas envie aux nationalistes de n’importe quel pays de s'appuyer sur une telle Église pour reconquérir les esprits et leurs terres. Depuis les années soixante, le catholicisme devient une caricature; le Vatican est soit dans la déficience ou l’excès, sans jamais trouver la vertu.

Cependant, l'anticléricalisme québécois n'est pas un dos tourné au spirituel puisque les sondages révèlent que la moitié des Québécois croient aux phénomènes paranormaux. La doctrine catholique s'est peut-être évaporée, mais la culture change de contenant sans changer de contenu. Avec ces résultats, on peut prétendre que les Québécois tombent dans l'hérésie, peut-être, qui sait? Le problème, c'est que lorsque les croyances sont individuelles elles ne servent à rien. Ce ne sont pas des croyances populaires; croire aux fantômes ou encore à la télépathie n’aide en rien ce qui est commun. Ce n'est pas un culte national, ce n'est pas ce qui tisse les liens sociaux entre les habitants d'une même ville, ce sont des philosophies tricotées avec des bouts de spiritualité asiatique, indienne et européenne. C'est comme tout maintenant, on choisit ses croyances comme on choisit le type de pomme ou de banane qu'on veut à l'épicerie, on consomme tout simplement. Je veux un morceau de bouddhisme, un bout de judaïsme et un petit-peu de christianisme s'il vous plait, et après on passe à la caisse. Et comme tout ce qu'on achète, un mois, deux ans ou une décennie après nos produits se brise et nous devenons retournés au magasin pour nous en racheter des nouveaux.

On peut retracer la chute de la foi à l'avènement de Vatican II, et ce à peu près en même temps que la Révolution tranquille au Québec. Notre immense héritage catholique romain fut jeté aux poubelles pour faire place au matérialisme de la modernité et au progressisme. Le bastion religieux qui gardait le peuple contre le capitalisme exacerbé et la consommation excessive tomba. C’est une des causes, mais pas la seule. Les principes n’ont pas de place dans une société ou tout doit-être acheté et consommé, c’est ainsi que fonctionne la logique marchande et libérale.

Les héros sont absents

Les Québécois n’ont pas de héros parce qu’ils sont très pacifistes, je dirais même trop. C’est un trait que notre peuple a acquis dans le but de ne pas attirer les regards des millions d’Anglais qui nous encerclent. C’est une sorte de Taqiya, une dissimulation volontaire de ses capacités dans le but de se prévenir de frappes ennemies. La différence c’est que les musulmans chiites qui font usage de cette dissimulation volontaire, eux, n'oublient pas leurs capacités alors que nous les avons oubliés.

Nous devons nous débarrasser de ce pacifisme. C’est une idée qui est contraire à l'existence même d'un État. L'État est toujours violent dès le commencement, il se raffine au fil des années jusqu'à ce qu'ils se corrompent et qu'il meurt d'une longue chute. Les autres peuples utilisent l’outil qu’est la violence et ils en font bon usage dans le but de réaliser leurs objectifs et ils réussissent. D’autres en font mauvais usage, mais il faut analyser la cause et non pas la conséquence. Nous avons une juste cause. La violence contre un pouvoir violent qui veut nous détruire n'est que légitime défense. Maintenant, demander à un Québécois indépendantiste son opinion sur une armée québécoise, il y aura un malaise incroyable, quelques un d’entre eux répondront avec des discours pacifistes qui ne sont pas réalistes. D’autres nous diront que nous devons demander la protection des Américains ou des Canadiens anglais pour maintenir leurs bases arrière aux Québec ou encore ils vous sortiront l'exemple du Luxembourg, de l'Islande ou de la Jamaïque qui sont des micro-États non armés. C’est un comportement servile inacceptable et politiquement irréaliste si nous voulons être réellement indépendants.

En géopolitique, trois piliers doivent être contrôlés par l’État dans le but que cet État soit de facto indépendant. La monnaie, les frontières et les forces armées. Si l'on écoute certains indépendantistes, ils nous diront qu’on peut avoir la monnaie canadienne, les frontières ouvertes et les forces armées américaines sur notre sol. Le pacifisme nous scie les jambes, fait grandir en nous un sentiment d’être des petits (d’où l’utilisation abusive de ce mot dans la langue populaire). Comme si nous étions des enfants dans l’obligation d’être protégé par papa et maman qui eux connaissent l’art de la guerre. Peut-être sommes-nous un peuple entier avec un sévère syndrome de Stockholm?

La lutte pour notre libération nationale est une guerre. L’ennemi comprend très bien qu’il est dans un conflit existentiel pour l’entité politique pancanadienne et c’est pourquoi ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour nous garder sous contrôle. Ils utiliseront la violence comme ils l’ont fait au paravent, les méthodes antidémocratiques seront aussi utilisées, c’est incontournable. L’État est un organisme, et les organismes ont des systèmes de défense. Nous devons nous en créer un. Le pacifisme fut une bonne solution pendant très longtemps. Nous avons pu survivre grâce à une très forte natalité, une immigration raisonnable, une isolation et nos traditions, mais sans les traditions, une immigration déraisonnable, un monde brutalement mondialisant et une natalité ridicule pour les femmes québécoises j’ai bien peur que le pacifisme et la dissimulation soit une grave erreur.

Combat

Malgré tout ce que j’ai dit, je ne suis pas inquiet. Les nations se font au bord du précipice et le fait que la condition actuelle soit désastreuse me laisse penser, moi qui crois aux cycles des civilisations décrits par Spengler, que l’avenir nous réserve des surprises et un renouveau. Cependant, il ne faut pas tomber dans un optimisme et un militantisme latent. Ne faites d'erreur, ceux qui vous promettent un libéralisme à moitié, un libéralisme doux et compréhensible vous mentent. Le libéralisme est violent, conquérant et pourris toutes les sociétés qu’il a été donné de touché. Il n’y a pas de demi-mesure avec une idéologie de la sorte. C’est un impérialisme rose qui goute les croquettes de poulet et le hamburger, qui sonne comme des chanteuses à la voix nasarde et sans-talents venus des États-Unis et qui n’amène rien sauf la destruction de votre culture, la corruption en général et la consommation de produits qui font office d’antidépresseurs. Une lutte se gagne à l’aide de guerriers, des gens qui incarnent la cause en eux-mêmes, qui sont des héros pour leurs amis, des modèles pour leurs concitoyens et l’idéal pour la jeunesse.

« Car il y a plus à faire que de réduire son compte de gaz ou d'électricité. Il faut lui redonner l'esprit conquérant de nos découvreurs et de nos pionniers qui effacera sa mentalité de vaincu, l'éducation qui le rendra audacieux et capable, secondé dans ses efforts par un gouvernement national, de prendre en mains les rênes de son économie et de sa destinée, par le haut développement de ses qualités natives et une rénovation de la civilisation française en Amérique » -Paul Bouchard

« La liberté n'est pas une marque de yogourt » -Pierre Falardeau


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 juillet 2016

    Nous pouvons douter de tout, sauf de celui qui doute.Les canadiens-français doutent d'eux-mêmes mais doute de rien.Cela deviendra presque impossible d'accéder a la souveraineté sans un revirement de la situation.Merci pour le texte qui ouvre un nouvel optique.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    26 juin 2016

    "... lui redonner l’esprit conquérant de nos découvreurs et de nos pionniers qui effacera sa mentalité de vaincu, l’éducation qui le rendra audacieux et capable, secondé dans ses efforts par un gouvernement national, de prendre en mains les rênes de son économie et de sa destinée..."
    L'ÉDUCATION, que le printemps érable réclamait GRATUITE de la maternelle à l'université... qu'en a décidé le conquérant?... Étudiants et professeurs matraqués, attaqués en justice, chef matraqueur remplacé par plus matraqueur: éducation réorientée au privé, comme la santé et l'environnement. Moins D'État! Au plus fort la poche. Programme d'éducation visant à faire un bon employé, productif. Information structurée à ce même effet. Sans la connaissance de son histoire ni des événements mondiaux, l'individu travaille pour ses loisirs personnels et ne cherche pas à voter. Le totalitarisme! Quel sera l'élément que révélera à ce peuple ce sentiment de chute, la vision du tombeau? La perte de sa langue ne lui donne aucun vertige, pas plus que le sentiment de territoire, acquis à force de bras par "les découvreurs"... que les masses nouvelles foulent allègrement sans reconnaissance de notre préséance... on est ouverts au monde... jusques à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience?...

  • François Ricard Répondre

    26 juin 2016

    La véritable quête d’indépendance du Québec a à peine quarante ans. Ni les individus ni les peuples ne peuvent modifier leurs schèmes de pensée et d’être en un si court lapse de temps. Un principe d’inertie fait qu’une société ne saurait échapper si vite à la trajectoire historique déjà empruntée. C’est un vieux vêtement dont il est, sentimentalement, difficile de se séparer. «Longueur de temps et patience font plus que force ni que rage». Voilà pourquoi, nous indépendantistes, continuons à oeuvrer à notre tâche. Le temps est pour nous.Mais il faut apprendre à lutter de façon ordonnée, planifiée.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 juin 2016

    Excellent!
    C'est toujours réconfortant de constater que, malgré le conformisme et la mollesse de l'establishment péquiste, certains indépendantistes demeurent lucides.

  • James A. Wilkins Répondre

    25 juin 2016

    Merci David Hugo pour ce magnifique texte qui ajoute aux causes de notre aliénation comme peuple conquis et conditionné à s'écraser.
    Mes racines militaires britaniques comprennent très bien entre autre que le pacifisme a ses limites et peu devenir un handicap majeur à la libération nationale. À quand ce grand mouvement de fierté et de liberté qui reprendra cette courte citation de Jacques Parizeau ''N'ayez pas peur!''