Le président des imams belges appelait-il à «brûler des Juifs» en 2009 ?

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La Ligue belge contre l’antisémitisme accuse l'actuel président des imams de Belgique Mohamed Toujgani d'avoir appelé, en 2009, à «brûler des Juifs», amalgamant de manière assumée Juifs et «sionistes», ce terme étant celui employé par l'imam.


«Le futur président des imams de Belgique appelait à brûler les Juifs» : c'est le titre du communiqué que Ligue belge contre l’antisémitisme (LBCA) a publié le 9 janvier, alors même que s'ouvre le procès de Mehdi Nemmouche, accusé d’avoir assassiné quatre personnes au musée juif de Bruxelles en mai 2014.


 

Dans ce texte, la LBCA dit avoir reçu une vidéo, publiée sur YouTube à l'époque et effacée depuis, dans laquelle l’actuel président de la Ligue des imams de Belgique, Mohamed Toujgani, demandait au «Seigneur» de «démolir les sionistes oppresseurs» au cours d'un prêche.


«Seigneur, Maître des Mondes, déverse la frayeur dans le cœur des sionistes oppresseurs. Seigneur, emplis leurs cœurs de frayeur. Seigneur, fais trembler la terre sous leurs pieds. Seigneur, fais que le sang des martyrs soit une arme sous les pieds des sionistes oppresseurs, et que ce sang soit un feu ardent qui les brûle et un vent qui les fustige. […] Ô Seigneur, démolis-les.» Tels sont les propos que la LBCA reproche à celui qui était à l'époque l'imam du quartier de Molenbeek.


Cette vidéo «prend aujourd’hui tout son sens», selon Joël Rubinfeld, le président de la LBCA. «L’attentat, c’est le résultat. L’origine, c’est ce genre de discours. Ce genre de prêche arme le bras des assassins», peut-on lire dans le communiqué, qui fait explicitement référence à l'attaque du musée juif en 2014.


«Sionistes» synonyme de «Juifs» ?


La LBCA prend toutefois le soin d'ajouter deux précisions. Tout d'abord, elle rappelle que les propos incriminés «sont à replacer dans le contexte de la situation à Gaza». A l'époque où la vidéo a été tournée, une guerre conduite par Israël avait entraîné la mort de près de 900 civils palestiniens et trois civils israéliens. Secondement, elle précise que l'imam Toujgani emploie dans son prêche le mot «sioniste». Un terme qui, selon l'organisation, «est une manière de désigner les Juifs sans tomber sous le coup de la loi». 


Pour Michaël Privot, islamologue belge, interrogé par BX1, l'imam Toujgani «n'appelle pas formellement à brûler les Juifs». «Au cours d'une invocation dans le cadre de la crise qu'il y avait eu à Gaza à cette époque-là, face à l'impuissance des Musulmans, l'imam Toujgani invoque Dieu en lui demandant de punir les sionistes oppresseurs», estime-t-il. «Il ne parle pas de Juifs», ajoute-t-il encore.


En outre, le communiqué de la LBCA précise que «depuis lors, des interventions publiques de l’imam Toujgani tendent à montrer que ce dernier a changé.» «Il y a deux ans, l’imam incitait les jeunes à "prendre garde à l’appel du djihad"», relève encore la LBCA. 


Malgré cela, Joël Rubinfeld insiste : «Jusqu’à Nemmouche, on pouvait plaider l’ignorance. Aujourd’hui, on ne peut plus plaider l’ignorance.»


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