Le PQ veut bloquer le projet immobilier des terres des Soeurs de la Charité

L'importance de la protection des terres agricoles

Le Parti québécois souhaite bloquer le projet immobilier de 6500 unités résidentielles sur les terres agricoles des Sœurs de la Charité.



Mercredi, le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’agriculture et d’alimentation, André Villeneuve, s’insurgeait à l’idée du fait que 200 hectares «de très bonnes terres» allaient disparaître du paysage du secteur Bourg-Royal avec ce nouveau chantier du Groupe Dallaire.



«Nous ne permettrons pas que ces terres sortent de la zone agricole», a-t-il indiqué en conférence de presse. «Et, pour ce faire, nous avons bien l’intention d’utiliser l’article de loi 96 de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles [....] Nos terres agricoles, c’est le Fonds des générations, ce n’est pas des chiffres virtuels dans une colonne d’un grand livre comptable, le fonds, le réel Fonds des générations, c’est la préservation et la conservation de nos terres agricoles», poursuit-il.



M. Villeneuve a invité le Parti libéral et la Coalition avenir Québec à prendre la même position dans ce dossier.



Outre le fait de perdre des lopins de terre, le député de Berthier craint également les impacts, entre autres pour le trafic, que ce projet aurait sur les citoyens du secteur.



39 millions $



En 2014, le promoteur, Michel Dallaire, avait acheté les terres des Sœurs de la Charité, d’environ 22 millions de pieds carrés [200 hectares], pour 39 millions $, soit 11 fois le prix moyen payé actuellement pour un hectare dans la région.



«Lorsqu’on parle de pression à la hausse sur la valeur des terres agricoles, nous avons là un bel exemple», avance M. Villeneuve, ajoutant que le prix moyen d’un hectare à Québec est d’environ 16 000 $.



Du côté de l’Union des producteurs agricoles (UPA), on déplore le manque de mesure pour conserver les terres agricoles.



«Ce sont des terres encore utilisées pour l’agriculture. Leur valeur agricole est encore là. Ce ne sont pas des terres en friche» affirme Luce Bélanger, présidente de l’UPA de Québec-Jacques-Cartier.



«Savoir combien de personnes vont venir s’installer dans la Ville de Québec, c’est lire dans une boule de cristal. [...] Si cela n’arrive pas, nous allons avoir dézoné des terres de bonne qualité pour mettre des maisons. À la minute qu’on met du béton sur une terre agricole, elle est finie», poursuit-elle.



Au cours des derniers mois, l’UPA a demandé aux gens impliqués de réviser le nombre d’unités résidentielles du projet. Elle attend toujours une réponse.



Pour des œuvres philanthropiques



Lorsque le projet immobilier avait été dévoilé en 2014, M. Dallaire s’était engagé à remettre tous les profits de la vente des unités, soit environ 150 millions $, à des œuvres philanthropiques.



Un geste qui avait alors été qualifié d’«innovation sociale» par le maire de Québec, Régis Labeaume. Ce dernier a indiqué en mars dernier vouloir relancer le débat sur le zonage agricole afin de faire évoluer sa ville. «Il nous faut avoir de plus grands terrains. À Québec, ça n’existe plus. Ce qui existe, c’est des terrains de golf et des terrains zonés verts, notamment près de l’aéroport.»  



La demande de modification du zonage pour les terres des Sœurs de la Charité n’a toujours pas été déposée par la société en commandite Terres d’espérance. M. Dallaire espère développer le site d’ici 2030.



Le projet initial prévoyait la construction de maisons de ville et en rangée, d’une école, d’un centre communautaire ainsi que des condos, des appartements et des espaces commerciaux. Le développement immobilier devrait procurer un toit à environ 20 000 personnes.



En juin 2017, près de 200 personnes avaient marché autour des terres des Sœurs de la Charité pour s’opposer au dézonage.



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